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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 1
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Foville, Jean de: Carpeaux et Ricard: á propos d'une exposition récente
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0024

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

U

rcuse et profonde, et qui témoignerait de l'intelligence extraordi-
naire avec laquelle il a aimé Rembrandt? Regardez ensuite le por-
trait du Prince Paul Demidoff (1859), où le manteau et les bottes
sont traités avec une allègre maîtrise; regardez les trois portraits
de MM. Jules, Charles et Victor Le Cesne (1863), très justes d’accent,
très nets d’attitude, et vous avouerez que, — malgré quelques sou-
venirs persistants de van Dyck, — le peintre a su s’inspirer avant
tout de la réalité, et la rendre tout entière, sans rien interposer
entre elle et nous. Puis (en 1863 aussi), il doit peindre le portrait
de Mme Fey de au- Fouquier, et devant cet admirable visage, pâle et
pensif, il retrouve toute sa morbidesse de couleur, toute sa poésie
mélancolique, où le modelé de van Dyck et le clair-obscur de Pru-
d’hon se fondent en un accord profondément personnel : ce chef-
d’œuvre si mesuré, et si intense d’expression, nous touche à la même
place que les portraits de Mme Szarvady et de Mme de Calonne. De
même nature, — un peu plus « prud’honesque » seulement —- est
l’admirable portrait de Mme Roman, comme aussi celui d’un magis-
trat, M. F*** (1858). Enfin, un autre chef-d’œuvre, plus petit, mais
d’une perfection plus rare encore, doit dater de la même époque :
c’est le portrait ovale de MUe Laffitte (plus tard Mme Cordier). Devant
ce visage de jeune fille aux yeux noirs, sur les lèvres de laquelle flotte
un indéfinissable et grave sourire, nous n’évoquons plus aucun autre
maître : la poésie de Gustave Ricard est là, seule et tout entière.
Jamais peinture plus sobre n’a contenu plus de vie sensitive.

Cependant l’art de Ricard, dans sa constante recherche de la
perfection, ne s’est pas arrêté là. Durant les dernières années de sa
vie, il a voulu devenir un coloriste plus original, plus subtil, et
aller plus avant encore dans le mystère non plus seulement de la
sensibilité, mais de l’intelligence. L’Exposition était riche surtout en
œuvres de cette dernière période. Nous voyons clairement qu’à ce
moment ses maîtres de prédilection sont Corrège et Titien. C’est en
1866, d’ailleurs, qu’aux Offices il copia en quatre jours la Vénus du
Titien, et nous avons revu au Jeu de Paume cette petite copie, pro-
digieuse de fidélité intelligente. Peu après, il entreprit une copie
de TAntiope du Corrège, à laquelle il travailla six mois, et qu’il eût
été intéressant de voir exposée. Mais, s’il s’est assimilé la technique
de ces maîtres, il ne les imite plus : il ne s’est emparé de leurs
secrets que pour rendre le réel et la vie, dans leur rayonnement le
plus fugitif, avec une sûreté et un bonheur toujours grandissants.
Ses recherches de coloriste s’affirment dans son étude de profil
 
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