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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 1
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Michel, André: Les accroissements du département des sculptures (Moyen Age, Renaissance et temps modernes) au Musée du Louvre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0032

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des épisodes de la légende du Précurseur un rôle si impor-
tant (rochers, cours d’eau, ponts, moulins, meuniers, bouviers et
bergers avec leurs troupeaux, animaux fantastiques ou naturels,
montagnes et ravins, tout ce qui peut animer, varier le décor et
•occuper l’œil y est prodigué avec une verve infatigable). Le Saint
Georges du Louvre est certainement antérieur et de qualité encore
supérieure. Le cheval surtout — dans l’état lamentable où nous
est parvenu ce précieux débris — est d’un mouvement superbe dans
sa housse de guerre ou de tournoi et l’on devine combien le cavalier
devait être fièrement campé sur sa selle française, telle qu’on la ren-
contre sur les sceaux vers le milieu du xve siècle, avec la forme
•caractéristique du troussequin et de l’arçon. Le bon Michel Colombe,
un demi-siècle plus tard, mettra moins d’allure et de style dans le
cheval du Saint Georges de la chapelle de Gaillon.

Une petite statuette aux formes trapues et aux draperies lourdes,
•que l’on peut voir tout près du tombeau de Philippe Pot, révèle du
premier coup d’œil ses origines bourguignonnes. Elle méritait d’être
recueillie définitivement au Louvre, si l’abbé Brune — qui est très
digne de foi — a exactement reconstitué son histoire1. Voyons
•d’abord la statuette elle-même. C’est une abbesse cistercienne en
grand costume de chœur: voile, guimpe, grande chape par-dessus la
•robe monastique, la crosse parée dans la main droite, le livre ou-
vert dans la gauche. Des draperies largement brassées et où se font
sentir, jusque dans les proportions minuscules du morceau, les habi-
tudes d’une main entraînée aux grands ouvrages et au style étoffé
des tombeaux « bourguignons », la tête jeune et vivante se dégage.
Il suffit de la regarder pour reconnaître de quels ateliers elle sort,
■et le nom de Claus de Werve qui l’accompagnait n’avait rien que de
très acceptable, au moins comme indication de parenté spirituelle.
On sait en outre qu’elle provient de l’abbaye du Mont-Sainte-Marie
(Jura) et, d’après M. l’abbé Brune, elle serait la dernière survivante
du monument de Louis de Chalon, prince d’Orange, que le sculp-
teur aragonais Jean de la Huerta, continuateur de Claus de Werve,
exécuta, en vertu d’un traité passé en 1448, pour la chapelle funé-
raire que l’illustre famille comtoise possédait dans l’abbaye.
M. J. Gauthier, ancien archiviste du Doubs, avait recueilli ce débris
du mausolée détruit en 1793, « sur lequel étaient estendues quatre
figures principales de grandeur naturelle » et qui était flanqué de

1. V. Bulletin des Musées, 1907, p. 10.
 
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