30
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
chercher, dans l’échancrure du corsage, le sein maternel, est entrée
récemment au musée. Nous la reproduisons et nous pensons que le
lecteur n’hésitera pas plus que nous à y reconnaître un travail
champenois, tout pénétré de l'influence de Dominique Florentin,
s'il n’est pas du maître lui-même, dont il paraît fort digne. Je ne
saurais revenir ici sur l’art et le rôle de cet Italien, Domenico de!
Barbiéri, devenu Champenois, passé de Fontainebleau à Troyes et
baptisé par les Français : « Dominique Florentin »; il me suffira de
renvoyer à l’excellent livre bien connu de MM. R. Kœchlin et
Marquet de Vasselot : La Sculpture à Troyes et clans la Champagne
méridionale au xvT siècle1 et au Primatice de M. Louis Dimier.
Le musée, qui possédait déjà deux fragments du tombeau de
Claude de Lorraine à Joinville, découverts et achetés par Courajod,
s’est enrichi des deux importants bas-reliefs que l’architecte Peyre
avait légués, avec ses collections, au Musée des Arts décoratifs. Cinq
ou six jours à peine avant sa mort, Jules Maciet, rencontré à une
exposition, m'avait arrêté pour me dire qu’il trouvait absurde de
laisser éparpillés, si près les uns des autres, les fragments d’un même
monument et que son premier acte comme président des Amis du
Louvre et de l’Union centrale des Arts décoratifs serait de faire dé-
poser au musée, avec l’assentiment des comités compétents, les bas-
reliefs exposés au pavillon de Marsan. Ses successeurs ont pieusement
accompli son vœu. Les morceaux apportés au Louvre faisaient
partie delà décoration du soubassement du sarcophage et représen-
tent un Triomphe à l’antique du duc de Guise, une bataille et le siège
d’une ville, figurés, comme il va être désormais de mode, d’après
les bas-reliefs des arcs de triomphe romains. Qu’on me dispense de
refaire ici l’histoire de ce tombeau fameux à laquelle je n’aurais rien
à ajouter après ce qu’en ont dit Edmond Bonnaffé et M. Alphonse
Roserot ici même1 2, MM. Ivoechlin et Marquet de Vasselot et Dimier
dans les livres loués plus haut.
Voici une sculpture de dimensions très réduites, mais de grande
importance. On en avait supposé la provenance lorraine, sans apporter
aucun commencement de preuve, quand le médaillon était présenté
comme un portrait du duc de Guise par Jean Goujon. A l’examen,
il a paru qu’il s’agissait bien plutôt d’une effigie de Charles IX,
sortie de cet atelier de Germain Pilon, « statuaire et imaginier du
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 326.
2. Ibid., 1884, t. II, p. 314 et suiv. ; 1899, t. I, p. 203 et suiv.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
chercher, dans l’échancrure du corsage, le sein maternel, est entrée
récemment au musée. Nous la reproduisons et nous pensons que le
lecteur n’hésitera pas plus que nous à y reconnaître un travail
champenois, tout pénétré de l'influence de Dominique Florentin,
s'il n’est pas du maître lui-même, dont il paraît fort digne. Je ne
saurais revenir ici sur l’art et le rôle de cet Italien, Domenico de!
Barbiéri, devenu Champenois, passé de Fontainebleau à Troyes et
baptisé par les Français : « Dominique Florentin »; il me suffira de
renvoyer à l’excellent livre bien connu de MM. R. Kœchlin et
Marquet de Vasselot : La Sculpture à Troyes et clans la Champagne
méridionale au xvT siècle1 et au Primatice de M. Louis Dimier.
Le musée, qui possédait déjà deux fragments du tombeau de
Claude de Lorraine à Joinville, découverts et achetés par Courajod,
s’est enrichi des deux importants bas-reliefs que l’architecte Peyre
avait légués, avec ses collections, au Musée des Arts décoratifs. Cinq
ou six jours à peine avant sa mort, Jules Maciet, rencontré à une
exposition, m'avait arrêté pour me dire qu’il trouvait absurde de
laisser éparpillés, si près les uns des autres, les fragments d’un même
monument et que son premier acte comme président des Amis du
Louvre et de l’Union centrale des Arts décoratifs serait de faire dé-
poser au musée, avec l’assentiment des comités compétents, les bas-
reliefs exposés au pavillon de Marsan. Ses successeurs ont pieusement
accompli son vœu. Les morceaux apportés au Louvre faisaient
partie delà décoration du soubassement du sarcophage et représen-
tent un Triomphe à l’antique du duc de Guise, une bataille et le siège
d’une ville, figurés, comme il va être désormais de mode, d’après
les bas-reliefs des arcs de triomphe romains. Qu’on me dispense de
refaire ici l’histoire de ce tombeau fameux à laquelle je n’aurais rien
à ajouter après ce qu’en ont dit Edmond Bonnaffé et M. Alphonse
Roserot ici même1 2, MM. Ivoechlin et Marquet de Vasselot et Dimier
dans les livres loués plus haut.
Voici une sculpture de dimensions très réduites, mais de grande
importance. On en avait supposé la provenance lorraine, sans apporter
aucun commencement de preuve, quand le médaillon était présenté
comme un portrait du duc de Guise par Jean Goujon. A l’examen,
il a paru qu’il s’agissait bien plutôt d’une effigie de Charles IX,
sortie de cet atelier de Germain Pilon, « statuaire et imaginier du
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 326.
2. Ibid., 1884, t. II, p. 314 et suiv. ; 1899, t. I, p. 203 et suiv.