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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Rosenthal, Léon: Les salons de 1912, 3, Les dessins, aquarelles, pastels
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0076

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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est médiocre, il n’y a rien au Salon. » À mesure que je développais
mon enquête, j'ai senti davantage l’injustice et la légèreté de sem-
blables jugements. Sans doute, je n’ai su reconnaître le germe
d’aucun mouvement nouveau, ni découvrir, dans l’obscurité, aucune
gloire prochaine. Je n’en accuse que ma faible perspicacité. Le temps
mettra en lumière les hommes et les idées qui ont échappé à mon
attention débile. Par contre, aucun des problèmes que les années
précédentes avaient posés ne m’est apparu abandonné et, de toutes
parts, j’ai été sollicité par un travail multiple pour renouveler les
techniques, exprimer un sens neuf de la plastique, traduire des
idées inédites.

Si j’ai parfois été prolixe, je me reproche, bien plutôt, d’avoir
passé sous silence des efforts sérieux, d’avoir consacré une attention
insuffisante à d’importantes recherches.

11 m’est arrivé, à plusieurs reprises, de protester contre le nombre
des productions routinières. J’ai eu tort, certainement, de m’en
irriter. Qu’en un pays riche de traditions et de gloires il y ait une
majorité d’esprits enclins à s’appuyer sur le passé, le fait n’est-il pas
fort naturel? Ce qui doit plutôt surprendre, c’est qu’au milieu de
cette stagnation tant de volontés hardies se produisent, tant de voix
libératrices se fassent entendre.

La France est le pays de l’Europe où la vie artistique a les ori-
gines les plus reculées; elle est, peut-être, le seul où cette vie n’ait
subi à aucun moment d’éclipse totale. Qu’elle porte si allègrement
le poids de ses richesses, que son génie soit toujours jeune et tou-
jours prêt au renouvellement, cela, surtout, mérite d’être noté, cela
est un véritable miracle.

Et, pourtant, nous avons le droit d’espérer plus encore. Que notre
art s’associe d’une façon plus étroite à notre société démocratique,
que l’éducation élargie étende à tous la culture esthétique, ou, si l’on
veut, que l’art aille à la démocratie et que la démocratie vienne
à l’art, qu’une pensée commune anime des forces aujourd’hui disper-
sées et nous verrous des rameaux décuplés jaillir de l’arbre sécu-
laire dont la sève est inépuisable. Pays heureux, pays béni, au ciel
limpide, aux idées généreuses et claires, qui, sans abdiquer la puis-
sance industrielle et l’activité scientifique, possède, avant tout autre,
le culte bienfaisant et le sens de la Beauté.

LÉON R O S E N T II A L
 
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