DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Labande, León-Honoré: Les peintres niçois des XVe et XVIe siècles, 3
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
panneau de M. Salomon, bien que présentant un coloris différent.
11 est extrêmement intéressant à considérer : vu de haut, il montre
une vallée peuplée de maisons et de châteaux, limitée par des
rochers aigus que coiffent des forteresses ou par des collines bleu-
tées; une rivière où voguent des barques et nagent des cygnes, la
traverse; des personnages de très petite taille cheminent sur une
route au bord de laquelle une croix est plantée. Tout à fait au pre-
mier plan, aux pieds des grandes figures, sont des herbes fleuries
exécutées de grandeur naturelle.
Peut-on attribuer également à François Bréa la partie centrale
du retable1 : la Vierge couronnée, assise sur un trône avec sur ses
genoux l'Enfant bénissant? La facture en paraît tellement moderne,
si différente de celle des panneaux latéraux, les restaurateurs se sont
tellement exercés à la rajeunir, qu’il vaut mieux n'en rien dire.
Dans tous les cas, il est certain que, primitivement, avec les Saints
Sébastien et Jean-Baptiste, la Vierge de l’église Saint-Barthélemy ne
constituait qu’un seul et même retable2.
Les petits paysages qui viennent d’être observés, surtout celui
qui est peint en arrière du saint Sébastien, vont aider peut-être à
résoudre le problème qu’intentionnellement j’avais laissé en suspens
lorsque j’ai présenté le retable de la Vierge Immaculée appartenant
aux Pénitents noirs de Sospel3. Sur le panneau central, je le rap-
pelle, se voit un paysage également vu de haut, par conséquent avec
ligne d’horizon très basse; des fleurettes sont au premier plan, une
même route passant devant une croix est parcourue par des voya-
geurs; une même rivière coule sous un même pont; des châteaux
lointains sont aussi dessinés en camaïeu bleu avec parties lumi-
neuses exprimées en blanc par un trait de pinceau; enfin, détail
caractéristique, la chaumière qui esta droite du saint Sébastien est
reportée adroite de la Vierge. Si le coloris a été très affaibli par les
dégradations dans les deux panneaux de l’église Saint-Barthélemy,
il s’est beaucoup mieux conservé dans le retable de Sospel, pur de
toute restauration. D’autre part, les éléments les plus particuliers
de ce paysage ont été recopiés encore derrière la Pietà au-dessus
de la Vierge Immaculée; tout cela est donc de la même main. Les
1. Ce panneau a été apporté après l'ouverture de l’Exposition; il ne figure
donc pas au catalogue.
2. Les observations faites par M. Alexis Mossa d’après le revers des panneaux
sont absolument probantes.
3. Voir notre deuxième article (livr. de mai, p. 413 à 415).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
panneau de M. Salomon, bien que présentant un coloris différent.
11 est extrêmement intéressant à considérer : vu de haut, il montre
une vallée peuplée de maisons et de châteaux, limitée par des
rochers aigus que coiffent des forteresses ou par des collines bleu-
tées; une rivière où voguent des barques et nagent des cygnes, la
traverse; des personnages de très petite taille cheminent sur une
route au bord de laquelle une croix est plantée. Tout à fait au pre-
mier plan, aux pieds des grandes figures, sont des herbes fleuries
exécutées de grandeur naturelle.
Peut-on attribuer également à François Bréa la partie centrale
du retable1 : la Vierge couronnée, assise sur un trône avec sur ses
genoux l'Enfant bénissant? La facture en paraît tellement moderne,
si différente de celle des panneaux latéraux, les restaurateurs se sont
tellement exercés à la rajeunir, qu’il vaut mieux n'en rien dire.
Dans tous les cas, il est certain que, primitivement, avec les Saints
Sébastien et Jean-Baptiste, la Vierge de l’église Saint-Barthélemy ne
constituait qu’un seul et même retable2.
Les petits paysages qui viennent d’être observés, surtout celui
qui est peint en arrière du saint Sébastien, vont aider peut-être à
résoudre le problème qu’intentionnellement j’avais laissé en suspens
lorsque j’ai présenté le retable de la Vierge Immaculée appartenant
aux Pénitents noirs de Sospel3. Sur le panneau central, je le rap-
pelle, se voit un paysage également vu de haut, par conséquent avec
ligne d’horizon très basse; des fleurettes sont au premier plan, une
même route passant devant une croix est parcourue par des voya-
geurs; une même rivière coule sous un même pont; des châteaux
lointains sont aussi dessinés en camaïeu bleu avec parties lumi-
neuses exprimées en blanc par un trait de pinceau; enfin, détail
caractéristique, la chaumière qui esta droite du saint Sébastien est
reportée adroite de la Vierge. Si le coloris a été très affaibli par les
dégradations dans les deux panneaux de l’église Saint-Barthélemy,
il s’est beaucoup mieux conservé dans le retable de Sospel, pur de
toute restauration. D’autre part, les éléments les plus particuliers
de ce paysage ont été recopiés encore derrière la Pietà au-dessus
de la Vierge Immaculée; tout cela est donc de la même main. Les
1. Ce panneau a été apporté après l'ouverture de l’Exposition; il ne figure
donc pas au catalogue.
2. Les observations faites par M. Alexis Mossa d’après le revers des panneaux
sont absolument probantes.
3. Voir notre deuxième article (livr. de mai, p. 413 à 415).