Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Du Bus, Charles: L' art à l'exposition du Cabinet des cartes
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0138

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS

122

désert, lundis que des cavaliers partent délibérément en expédition.
Cet ensemble composite, conforme à ce que l’auteur croit exister,
fait regretter que Mathieu Prunes n'ait pas eu, comme il est probable,
l’occasion d’exercer son talent sur les régions nouvelles que l’audace
des grands navigateurs avait, depuis un siècle, ajoutées à la mappe-
monde.

D’autres l’ont tenté. Un travail portugais1 des environs de 1514
représente ce qu’on connaît alors du Brésil : c’est dire que l’inté-
rieur, presque ignoré, a été livré tout entier à la fantaisie de l’enlu-
mineur. Ce dernier l’a peuplé d’indiens, auréolés de plumes, bandant
leurs arcs, allumant des feux de ce « bois du Brésil », déjà si recher-
ché, dont les forêts recèlent la gamme entière des aras bleus, rouges,
violets, voletant d’arbre en arbre sous le regard intéressé des singes
et à l’abri des atteintes d’un dragon menaçant. Leurs nouvelles
possessions n’intéressent pas seules les Portugais : ils savent des-
siner le périple de la Méditerranée2 plus familière, hérisser de tours
ces villes carrées, rondes, triangulaires, que domine le croissant
ou la croix. La Jérusalem et son Calvaire y voisinent aux tables d’or
du Sinaï. Sur les Ilots défilent de majestueuses caravelles arborant
à leurs voiles la croix potencée de gueules et d’azur. Au fond de
l’Orient, les sept étages crénelés d’un ziggurath et le feu sacré qui
brûle encore sur l’autel des Guèbres, redisent les grands noms de
Babylone et de Zoroastre.

Un travail plus particulier n’était possible, en ce temps, que
pour un pays connu : mais alors la nomenclature et le tracé envahis-
seurs ne respectent que le cadre et la mer. L’admirable carte de
Normandie, de ldi5, par le prêtre Jean Jolivet3, est le chef-d’œuvre du
genre. L’artiste a réuni, sur le parchemin de la mer « Normannique»
toute la flotte de François Ier, aux voiles éployées. Le cadre a la
richesse d’une reliure de Grolier : sur son fond bleu s’enchevêtrent
des entrelacs blancs, coupés, par endroits, de panneaux d’or aux
fleurs épanouies, de cartouches où se ramasse la salamandre royale.
L'effet est somptueux : c’est la première fois qu’on dresse une carte
spéciale de la province, et ce coup d’essai est un vrai coup de maître.

1. Cat., n° 229. C’est, la dernière feuille d’un atlas acquis de Mme Miller (1897).
•Cf. la description de G. Marcel dans les Comptes rendus des séances de la Société de
Géographie de Paris, des 5 et 19 novembre 1897, p. 388.

2. Cat., n° 275. Même provenance. Cf. la description de G. Marcel dans le
■recueil ci-dessus, p. 383. (Bib. Nat. Cartes, Ge A 78.)

3. Cal.,n° 44. Reproduite en photographie par G. Marcel [Bulletin de la Société
.normande de Géographie, avril 1900). (Bib. Nat. Cartes, Ge A 79.)
 
Annotationen