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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Germain, Alphonse: Jean Dampt: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0192

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

si personnel et si soucieux de perfection est assurément digne
d’étude. Il a remis en honneur les petits groupes, les figurines, la
ciselure; il a donné un nouvel essor à la sculpture des matières
précieuses. Artiste comme on l’était jadis, il possède à fond ses
techniques et impose aux outils son entière volonté. Expert à
façonner le marbre et le bois et l’ivoire autant qu’à modeler la
glaise, non moins habile à discipliner les métaux, il sait aussi fondre
et forger. Par son savoir et sa conscience, il appartient au passé;
par sa vision, sa sensitivité, son doigté, il est moderne au meilleur
sens du mot. Il se rattache aux plus françaises de nos traditions et,
s’il va de préférence aux formes élégantes, s’il se complaît dans les
finesses et la stylisation, il ne tombe jamais dans la froideur ni dans
la mièvrerie. Ses figures vivent toutes, et très bien; même les plus
gracieuses ont une structure robuste, une exécution ferme, dûment
accentuée. Et sans doute peut-on voir en ceci un reste d’atavisme,
car il a dans les veines un généreux sang bourguignon.

C’est un enfant de l’Auxois. Le 2 janvier 1854, Jean-Auguste
Dampt naquit à Vénarey, village agréablement situé entre les coteaux
de Grignon et de Lantilly, aux châteaux historiques, et le mont que
couronnent les restes d’Alesia. Comme tous les artistes de bonne
lignée, il manifesta ses dons dès l’enfance, et, plus heureux que
beaucoup, fut compris et encouragé par un de ses compatriotes1.
Puis, au collège de Semur-en-Auxois, où il commença ses études,
le principal le vit avec bienveillance tailler des figurines, ébaucher
des motifs, et, séduit par ces premiers essais, voulut les conserver.
De l’établissement de Semur, Jean passe au collège que Duruy avait
fondé à Cluny et dont on louait, non sans raison, la méthode pra-
tique; s’il y cesse de satisfaire ses goûts de sculpture, du moins y
apprend-il les éléments du dessin tout en s’habituant à manier les
outils. La mécanique le retient fortement, si bien que l’on put
croire un moment qu'il s’aiguillerait vers une école d’Arts et Métiers ;
mais, à la fin de ses études, il enlève le premier prix au grand
concours de dessin et, sa vocation se précisant, il va se présenter à
l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon. Le graveur Célestin Nanteuil la diri-
geait alors; il a vite reconnu la valeur de notre aspirant et s’empresse
de l’agréer; celui-ci fait de rapides progrès, quoique son professeur,
Dameron, soit plutôt inférieur à sa tâche, et, à la fin de l’année
scolaire 1873-1874, il obtient sans difficulté la bourse du départe-

1. M. Meurgey, industriel, qui exhorta les parents du futur artiste à respecter
sa vocation.
 
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