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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Germain, Alphonse: Jean Dampt: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0210

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192

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

un corps sous prétexte de le dépouiller d’inutiles particularités,
jamais il n’a sacrifié à cette stylisation excessive, inintelligente, qui,
afin d’élaguer certains détails de second plan, certains signes indi-
viduels, change une créature humaine en une forme impersonnelle,
trop souvent irréelle, en une sorte de fantôme. Son idéalisation — la
seule légitime — est toujours restée naturelle, rationnelle, respec-
tueuse des conditions de la vie. Des statues comme Diane, la
Coquette, la Fin du rêve, Saint Matthieu; des figurines comme la
Paix du foyer, les enchanteresses jeunes filles de la .Jeunesse, la
prestigieuse Mélusine, sont parfaitement animées; sous leurs
contours purifiés, on distingue sans peine leur personnalité. Et cela
proclamerait déjà la maîtrise de leur réalisateur. Celui qui a rendu
sensibles l’émoi d’une âme de seize ans comme dans Le Cœur
s'éveille, la félinité d’une complexion comme dans Volupté, la
morbidesse d’une chair juvénile comme dans Virginité, l’instinct
maternel comme dans Baiser d'aïeule, la peine d’un cœur comme
dans la Fin du rêve ; celui qui a manifesté la candeur de l’enfance
comme dans le bébé dont l’index s’oublie en la bouche, le bébé à la
pomme, le bébé splendidement épanoui, Y Amour rieur et Saint Jean
en prière] celui qui a traduit des sentiments au moyen d’attitudes
sincères, comme celle d’lsmaël et surtout comme celle de Douleur,
émouvante sans complication dramatique; celui-là se trouve en
état de vivifier, d’humaniser n’importe quelle œuvre. On com-
prend qu’il ait évité l’écueil du littéraire et soit demeuré soumis
aux exigences de la plastique en exprimant une idée très complexe
comme dans Au seuil du Mystère. On s’explique ce je ne sais quoi
de chaste que conserve Mélusine sous l’étreinte du preux.

Au reste, les dons de stylisateur se concilient fort bien avec la
faculté qui facilite la représentation loyale de toutes les réalités. Des
bustes comme ceux de Mmc la comtesse de Béarn, d’Aman-Jean, de
Dagnan et de son fils, de Mlle Moreno et maints autres, y compris
Percerai, en sont autant de preuves péremptoires. En ces têtes si
substantielles, en ces physionomies si lisibles, tout ne révèle-t-il
pas les caractères moraux et l’en-dedans d’un être? Et contestera-
t-on la véridicité, la saveur de choses vues d’d la forge, d’Avant la
fantasia, où, sans enjolivement ainsi que sans vulgarité, sont fixés
des gestes essentiels? Quoi que l’on pense de M. Dampt, force est de
reconnaître que, dans ses interprétations les plus elliptiques, les
plus amplement traitées, rien ne manque de ce qui constitue
l’apparence d’un organisme vivant. Aussi ses créations, chères à
 
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