DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Germain, Alphonse: Jean Dampt: artistes contemporains
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
194
Ce scrupuleux sait choisir, ce scrutateur sait composer, deux
qualités presque introuvables autour de nous. Il se préoccupe en
tout des proportions comme on ne le fait plus guère, avec un soiu
qui ne se dément jamais. Et quant à son respect de l’anatomie,
examinez les mains de Mélu.sine, le corps de Virginité, le visage de
Mlu X... Partout vous constaterez que l’insigne ouvrier se double
d’un artiste intègre. Ses coursiers, son chat noir, son chevreau,
voire son Jeannot Lapin et sa chouette, sont travaillés avec la même
conscience que des portraits : d’où la vraisemblance des bêtes plus ou
moins fantastiques dont il se sert dans les décors. Et le contraire
surprendrait: quand on humanise la figure avec une notion si vive
des lois de l’art, pourrait-on s’abstenir de naturaliser l’animal?
Ce fervent de l’harmonie a conservé intacts cet amour du normal
et ce robuste bon sens qu’il tient de ses ancêtres. C’est un enthou-
siaste des mieux équilibrés, un délicat dont le tact égale la volonté.
Son art, sage, précis, réfléchi, d’une pureté et d’une dignité parfaites,
reflète bien son caractère. Rien ne dissonne en ses œuvres, rien n’y
trahit de la nervosité : la plupart respirent la santé, la vigueur,
l’eucrasie; beaucoup rappellent cette noblesse des antiques dont le
secret semblait perdu, et les meilleures sont imprégnées d’une
indicible poésie.
ALPHONSE GERMAIN
LE SCULPTEUR J. DA AI PT
DANS SON ATELIER
194
Ce scrupuleux sait choisir, ce scrutateur sait composer, deux
qualités presque introuvables autour de nous. Il se préoccupe en
tout des proportions comme on ne le fait plus guère, avec un soiu
qui ne se dément jamais. Et quant à son respect de l’anatomie,
examinez les mains de Mélu.sine, le corps de Virginité, le visage de
Mlu X... Partout vous constaterez que l’insigne ouvrier se double
d’un artiste intègre. Ses coursiers, son chat noir, son chevreau,
voire son Jeannot Lapin et sa chouette, sont travaillés avec la même
conscience que des portraits : d’où la vraisemblance des bêtes plus ou
moins fantastiques dont il se sert dans les décors. Et le contraire
surprendrait: quand on humanise la figure avec une notion si vive
des lois de l’art, pourrait-on s’abstenir de naturaliser l’animal?
Ce fervent de l’harmonie a conservé intacts cet amour du normal
et ce robuste bon sens qu’il tient de ses ancêtres. C’est un enthou-
siaste des mieux équilibrés, un délicat dont le tact égale la volonté.
Son art, sage, précis, réfléchi, d’une pureté et d’une dignité parfaites,
reflète bien son caractère. Rien ne dissonne en ses œuvres, rien n’y
trahit de la nervosité : la plupart respirent la santé, la vigueur,
l’eucrasie; beaucoup rappellent cette noblesse des antiques dont le
secret semblait perdu, et les meilleures sont imprégnées d’une
indicible poésie.
ALPHONSE GERMAIN
LE SCULPTEUR J. DA AI PT
DANS SON ATELIER