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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Mély, Fernand de: Les "Très riches heures" du Duc Jean de Berry et les "Trois Graces" de Sienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0215

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LES « TRÈS RICHES HEURES » DU DUC JEAN DE RERRY 197

Sizeranne me racontait hier son embarras devant ta Prêtresse
d’Ostie ; lecartement et la petitesse des seins, l’étroitesse des hanches,
les formes imprécises, dénotent une esthétique spéciale, très éloignée
de celle des artistes du Nord.

Or, nulle part cette différence dans l’expression de l’anatomie
féminine ne s’accuse avee une aussi claire évidence que si l’on rap-
proche deux des plus belles pages des Très riches Heures qui voi-
sinent : le Paradis terrestre, où la
gauloiserie de l’artiste ponentais se
laisse si curieusement entraîner à
juxtaposer les phases successives
du péché d’Eve, tentatrice, séduite,
sur le point d’être mère, et le Zo-
diaque si énigmatique du manuscrit
de Chantilly.

Chacune d’elles synthétise en
quelque sorte une école : l’une réa-
liste, celle des Flandres, dont l’idéal
est l’Eve aux cheveux plats de Jean
van Eyck, du musée de Bruxelles,

— l'autre, celle de l’Italie éprise
des chefs-d’œuvre de l’antiquité
qu’elle voit surgir de son sol. A
Sienne, la Justice d’Ambrogio Lo-
renzetti, qui, nous le savons, copiait
au sortir de terre, vers 1334,

Y Aphrodite qui fut détruite avant
1348 1 ; à Florence, la Vierge exquise
de Fra Angelico à San Marco;

enfin la Calomnie de Botticelli, en sont l’indéniable expression.

Même quand F. Delisle lui signale le rapprochement à faire de
cette figure du Zodiaque avec certaines illustrations qui se trouvent
dans les ouvrages d’astrologie judiciaire (v. la miniature ci-contre)
M. P. Durrieu déclare son embarras; et, comme il n’a jamais ren-
contré semblable représentation dans un autre livre d’Heures, il
écrit dans son beau volume : « Comment les Très riches Heures con-
stituent-elles ainsi parmi les manuscrits un exemple unique? Com-
ment l’image de Y Homme anatomique s’y est-elle glissée? Intéres-

1. J. Schlosseï', Jalirbuch der kunsthistorischen Sammlungen des allerhôchsten
Kaiserhauses, 1904, p. 142.

VIII. — 4e PÉRIODE. 26

MINIATURE DU XVIe SIÈCLE
(Ms.fr. 9952, f° 116, Bibliothèque Nationale, Paris.)
 
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