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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Roux, Alphonse: Sergent-Marceau
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0239

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

gers. On avait déjà fait à la Société Populaire les propositions tantôt
de la raser, tantôt d’en enlever tous les signes religieux, lorsque le
9 novembre l’autorisation fut donnée par le Conseil général d’« en-
lever tous les saints et autres signes de superstition qui entourent
les portiques de l’église et autres lieux extérieurs », moyennant
cent francs pour la caisse de bienfaisance de la Société Populaire1.
C’était la mutilation irrémédiablement désastreuse qui allait com-
mencer. En fait, six statues seulement furent brisées, car Sergent,
en mission pour recueillir les œuvres dignes de figurer au Muséum,
vint à Chartres et put arrêter le désastre. Le 24 décembre, il adres-
sait un rapport au Conseil général. Ce rapport est remarquable non
seulement parce qu’il sut entraîner le Conseil à revenir sur sa déci-
sion2, mais surtout parce qu’il témoigne d’idées singulièrement
larges et compréhensives dans le domaine de l’art.

Nous sommes en effet en 1793, au temps où l’admiration pour
l’antiquité inspire nos artistes aussi bien que nos législateurs. Le
style Louis XVI était déjà gréco-latin; celui de la Révolution veut
être romain. David règne sur la peinture, et Sergent-Marceau lui-
même, quand il organise des cérémonies, tâche de s’inspirer de
l’antiquité. Par contre, depuis plus de deux siècles, le style gothique
est regardé comme presque barbare; on ne le comprend ni ne
l’aime. Et pourtant voici ce que dit Sergent : « Citoyens, la piété
crédule de nos ancêtres nous a transmis un trésor précieux qui fera
volontiers oublier leurs erreurs et tant de siècles d’ignorance. Je
veux parler de cet édifice superbe qui avait été érigé par eux pour le
culte de Marie. La cathédrale de Chartres offre des beautés qui ont
sans cesse fixé l’attention de tous les voyageurs... Tout y porte le
caractère de la perfection, style, hardiesse de construction, voûtes,
clochers, sculptures en tous genres, vitraux; on y trouve tout cela
réuni dans le goût d’alors le plus grand et le plus pur3. » On peut
ouvrir les œuvres des critiques d’art les plus autorisés, on n’y

1. Cf. la polémique de Sergent avec Didron, dans le Journal de Chartres,,
nos des 13, 16, 20 décembre 1838.

2. Le principal moyen employé par lui fut celui qui réussit en maint endroit :
la proposition d’affecter l’église au culte de la Raison.

3. Délibérations du Conseil général d’Eure-et-Loir, 3e registre, p. 207 et suiv.;
publié par le Journal de Chartres, 25 et 28 novembre 1847. Sergent, qui avait le
sens pratique, ajoutait quelques autres considérations propres à séduire ses
concitoyens. Ce monument, disait-il, « sera toujours une richesse, car il offrira
toujours aux amateurs d’arts, aux étrangers un objet d’étonnement et d’admira-
tion... Nous verrons accourir, de toutes les parties de l’univers, des hommes qu
nous apporteront encore leur or. »
 
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