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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Dorbec, Prosper: Les paysagistes anglais en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0282

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tence fauchée la même année, à l’àge à peine de vingt-sept ans. C’était
un compagnon d’étude, un ami de Turner, avec qui il contribuait
déjà à cet affranchissement de l’aquarelle dont nous venons de parler;
et Turner conservera à sa mémoire le culte le plus fidèle et le plus
admiratif. Ce jeune visiteur, qui nous vient comme un précurseur
deBonington, a laissé le souvenir de son séjour ici dans une série de
dessins teintés et de lavis dont son frère John fit tirer la matière d’un
fort bel album d’aquatintes1. Ces dessins ne sauraient faire juger de
l’instinct libre et novateur de l’aquarelliste, ils donnent à goûter
néanmoins un sentiment singulièrement exact et délicat de la
nature. Une des planches semble nous narrer la surprise de l’arri-
vant quand, ayant franchi la porte Saint-Denis, qui était celle par
où pénétrait le coche de Calais, il déchiffra sur la frise du monu-
ment les mots : « Liberté, Egalité, Indivisibilité », et aperçut sur la
plate-forme une pique surmontée du bonnet rouge. Mais son pen-
chant naturaliste le menait de préférence vers le spectacle de la
Seine; il en recueillit tous les aspects,depuis les moulins de Charen-
ton jusqu’à la machine de Marly; c’était par une époque pluvieuse
et peut-être l’âme rongée de spleen; le fleuve se déploie sous un
ciel inexorablement mouillé, dans cette atmosphère blafarde et
comme engourdissante qu’offrent les journées d’une saison maus-
sade.

L’attrait de la capitale s’accrut encore lorsqu’on apprit qu’au
récent musée du Louvre affluaient les chefs-d’œuvre provenant du
butin artistique des guerres. On y vit, dans les galeries, l’acadé-
mique autorité de Benjamin West mener son pas d’importance en
compagnie de Fox; on y vit celle aussi du petit, svelte et remuant
Fuseli, affranchi pour un moment de l’habituelle terreur de ses
imaginations. —Nous voici à l’époque de la première Restauration. La
chronique de 1814 nous révèle la présence, dans les salles, de Glover,
admirateur passionné du Lorrain, tel qu’on l’était surtout de l'autre
côté du détroit. Ce n’est pas sans être intrigué que tous les jours
on le voit dressant son chevalet à côté des œuvres de Claude2; sous
l’inspiration du maître, il édifie une œuvre importante qui se
pourra juger au Salon : Paysage composé représentant des bergers

1. Sélection of twenty of the most picturesque vieivs in Paris and its environs by
the late Thomas Girtin... ancl aquatinted ine exact imitation of the original drawings,
in the collection of the R‘ Honble the Earl of Essex (London, pub. March., 22, 1803,
by John Girtin).

2. Cf. Critique du Salon de 1814 par Delpech.
 
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