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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Clouzot, Henri: Les toiles peintes de l'Inde au pavillon de Marsan
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0313

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LES TOILES PEINTES DE L’INDE

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par les Indiens dn Bengale et une imitation imprimée à la planche
par Oberkampf, qu’entre cette impression à la planche et une pro-
duction au rouleau mécanique. A mesure que les perfectionne-
ments industriels éliminent l’élément humain, le mérite artistique
décroît.

Arrêtons-nous. Nous nous sommes laissé entraîner par le désir
bien légitime de jeter quelque lumière sur l’histoire d’un art capti-
vant et peu connu, et voilà que nous avons à peine parlé du décor
de ces admirables tissus. 11 vaut pourtant qu’on s’y arrête, tout au
moins dans les pièces les plus originales, exemples d’influence
européenne. Rien ne surpasse l’effet décoratif de ces grandes tiges
arborescentes, dont les rameaux et les feuilles, librement dessi-
nés, garnissent tout un panneau de leurs rinceaux. Sur cette arma-
ture, viennent s’épanouir des fleurs d’un éclat et d’une grosseur
invraisemblables. Manglier, pavot, tulipe, grenade, anémone, œillet,
chrysanthème, rose, pivoine, datura, magnolia, toute la flore de
l’Inde éclate en gammes lumineuses. Les couleurs, il est vrai, sont
en petit nombre : dn noir et du rouge pour le trait, du bleu indigo,
du rouge de Sapan et du jaune de Cadou, qui donne le vert en se
superposant à l’indigo. Mais quelle intensité de tons! quelle beauté
de nuances ! Même aujourd’hui, où les dérivés de la houille ont mis
à la disposition des chimistes des tons d’une vivacité extrême, rien
ne permet d’égaler la splendeur des couleurs végétales employées
par les Indiens L

Il serait également impossible d’atteindre à la perfection de leur
dessin. Non seulement les Indiens voient le modèle en grand, quand
ils jettent leurs branchages ou leurs rinceaux à travers leurs
immenses panneaux, mais encore ils le voient en petit. A l’aide
de réserves à la cire, de reprises faites au pinceau, fin comme
un cheveu, ils repèrent un à un les pistils, les nervures, les
rayures, les points colorés les plus imperceptibles de leurs énormes
fleurs. Dans un centimètre carré ils font tenir une douzaine de
motifs. C’est une œuvre de patience qui ne pouvait voir le jour
qu’en Orient.

Bien entendu, ce n’est pas ce petit bout de la lorgnette qui doit
nous faire aimer les peintures des nugqâshs indiens. Au contraire, 1

1. On trouvera — mais à notre grand regret, nous avons dû laisser de côté
ces détails techniques —- toutes les couleurs employées par les Indiens, ainsi
que leurs procédés de fabrication, dans les Lettres édifiantes, l'Encyclopédie, l'Art
dépeindre de Beaulieu, etc.
 
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