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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Escholier, Raymond: Angèle Delasalle: peintres-graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0344

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322

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Canaux de Dordrecht, d’où émergent les deux tours dentelées de la
Groote Kerk, Dôme bleu d’Amsterdam encadré de pignons irrégu-
liers, tons délicats des rues, des quais, des lourdes eaux, prospé-
rité, silence, joie et fraîcheur, tout cela allait tenter le pinceau
recueilli de l’artiste.

Cependant, là encore, elle ne peint point directement d’après
nature. A peine quelques pochades brossées de la fenêtre de son
hôtel. La Parisienne, poussée dans une cour de la rue Saint-Denis,
répugne toujours à manier la couleur dans la brutalité du plein
air, pourtant bien atténuée en cette saison défaillante.

Mais, plus que les canaux et les polders, ce qui, en Hollande,
impressionna profondément la jeune artiste, ce fut Rembrandt. Le
Louvre lui avait déjà présenté l’admirable portraitiste d'Henclrickje
Stoffels, le grand pétrisseur d’ombres et de lumières du Philosophe
en méditation et des Pèlerins d'Emmaüs. Mais ce fut à Amsterdam,
avec les Syndics, que Mlle Angèle Delasalle découvrit Rembrandt
dans l’ampleur de son génie, que sa pénétration psychologique lui
fut révélée par ces visages fiévreux ou placides, par ces regards
brillants de vie intérieure, par sa caractérisation des physionomies
et des altitudes.

De retour à Paris, Mlle Delasalle prépare La Forge, — une toile,
aujourd’hui au musée de Rouen, — occasion à utiliser sa patiente
étude des vapeurs londoniennes et surtout à concentrer en un point
la flambée de lumière, tout en analysant, dans la demi-obscurité du
contre-jour, la ligure d’un ouvrier au repos.

La matière est plus riche qu’avant le séjour en Angleterre et en
Hollande. D’autres influences que celles de Turner et de Rembrandt
contribuent à affiner la palette un peu dure qui nous donna le
Terrassier. Son admiration pour Turner devait amener cette grave
zélatrice du clair-obscur à savourer les débauches lumineuses de
l’impressionnisme; — et qui sait, malgré tout, si, sans M. Degas et
M. Besnard, nous assisterions à la curieuse évolution présente de
l’artiste ?

A l’un et à l’autre elle dut ces préoccupations d’enveloppe et de
reflets auxquelles, par la suite, libérée de toute tutelle, elle
renonça. Mlle Delasalle leur dut aussi le goût de la simplification —
ce qui ne veut point dire : de la négligence — du dessin. Elle
comptait alors, avec tant d’autres de ses confrères, sur les hasards
du pinceau, sur l’arsenal des « jus », des « glacis », des pâtes sèches,
dont elle a fait, depuis, un feu de joie. Maintenant, l’artiste ne
 
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