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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Escholier, Raymond: Angèle Delasalle: peintres-graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0346

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324

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

si nettement caractérisé, de Ma'' le duc de Montpensier en tenue de
chasseur de tigre1. Toutes ces œuvres récentes nous montrent l’ar-
tiste renonçant non seulement en grande partie à l’appui du clair-
obscur hollandais, mais encore retrouvant parfois, sinon la couleur,
du moins la « mise en page » de Yecelli.

Compromis par le naturalisme, qui aurait du le régénérer et qui
n’y découvrit que la matière d’observations superficielles, détourné
de ses fins par l’impressionnisme, dont l’interprétation de la forme
ne pouvait s’adapter à la rigoureuse physionomie linéaire, affadi par
les disciples de Cabanel, qui ne devaient point tarder aie dépouiller
de tout caractère d’art en faisant appel à la photographie, le portrait
n’est plus guère aujourd’hui, chez les meilleurs de nos peintres,
qu’une occasion à variations décoratives, qu’un motif propice aux
virtuosités du pinceau. Le plus souvent, le visage humain ne retient
pas davantage l’attention que les accessoires. Tout a une égale im-
portance; et il n’est point rare d’entendre l’artiste prononcer devant
son œuvre ces paroles négligentes qui en disent long sur la déca-
dence du genre : « Ce n’est pas un portrait, c’est un tableau. »

A l’exception d’Eugène Carrière et de M. Albert Besnard, qui ont
magnifiquement exprimé, l’un l’inquiétude douloureuse des hommes
de lettres et de sciences, l’autre le vide brillant de la comédienne,
il est permis de se demander si un seul de nos portraitistes contem-
porains a le souci de cette caractérisation psychologique et, qui plus
est, de cette singularisation de classe, d’origine, de profession, qui
donnent tant de prix aux bustes de M. Rodin. Peut-être est-ce à
cette recherche obstinée que Mlle Delasalle doit cette lourde répu-
tation de portraitiste qui, si elle n’y prenait garde, risquerait
d’étouffer les tendances diverses de sa nature.

De fait, c’est dans la longue et belle galerie de ses portraits que
doivent se rencontrer ses œuvres les plus remarquables. Nous avons
déjà parlé des physionomies de Mme de B... et de ses enfants, de
M. le duc de Montpensier. Mais comment ne pas s’attarder auprès
de ces figures de femmes : Mme C..., si britannique d’allure dans
sa robe claire et mousseuse, tenant sur ses genoux un king-charles
aux aguets, et, dans la paix d’un grand paysage composé à la Rey-
nolds, regardant avec sérénité; — Mme E. L..., si différente de
silhouette, de visage et, pour tout dire, d’âme; — Mme V..., au grand
regard nostalgique, aux lèvres lasses, à l’expression tourmentée,

i. Salon des Artistes français, 1912,
 
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