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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Émile Bernard: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0369

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ÉMILE BERNARD

345

Il ne ménagea pas non plus les marques de respect à M. Renoir,
qu’il aime à séparer de ses émules et amis. Mais il écrivit contre
l’impressionnisme des pamphlets fort vifs1, dans lesquels, malgré
l’injustice d’une condamnation trop radicale, il y a des vues justes
et utiles. Parmi les meilleurs artistes du xixe siècle, il n’admira
réellement que Delacroix et Puvis de Ghavannes.

L’œuvre déjà considérable du peintre, que peu de personnes ont
jusqu’ici connue dans son entier, est presque ignorée du public.
La critique ne la mentionne plus guère. Il faut excepter ici, comme
toujours, M. Roger Marx, qui, en 1901, à une époque décisive pour
la carrière de M. Emile Bernard, commentait une exposition2 où,
à côté de toiles plus anciennes, se voyaient les premiers tableaux
rapportés d’Egypte. La préface du catalogue expliquait l’évolution
de l’artiste, marquant le lien que la recherche constante du carac-
tère, expressif et décoratif, établit entre les expériences systéma-
tiques du débutant et ses ambitions actuelles. Il faut citer aussi les
pages éloquentes d’un écrivain étranger, M. Milos Marten3.

La plupart de ceux, critiques ou artistes, qui n’affectent pas de
tenir pour négligeable l’œuvre de M. Emile Bernard, la détestent.
A vingt ans d’intervalle, un auteur qui, avec la différence des
époques et des tempéraments, éprouve des soucis semblables à ceux
d’Aurier, M. Michel Puy, la condamne comme un stérile pastiche
des maîtres vénitiens4. Cependant, même les ennemis les plus réso-
lus des idées et des travaux de M. Emile Bernard, sentent en lui
une force qui les inquiète. Au milieu de reproches sévères, et parfois
perfides, on trouve cet aveu : « Il s’en est peut-être fallu de bien
peu que Bernard ne fût un très grand peintre5. »

Les académistes et les révolutionnaires sont également hostiles,
et cet accord n’est pas un mauvais présage. Souvenons-nous que
tel fut le sort de Fantin-Latour, et que ce sort s’explique fort bien
par le mot de van Gogh appelant l’auteur de la Famille Dubourg

1. Voir particulièrement le Mercure de France, 16 juillet 1911.

2. Elle se fit dans la galerie Yollard. Dès 1890, M. Roger Marx était intervenu
à différentes reprises dans le Voltaire pour défendre et louer les tendances et le
talent de M. Bernard.

3. Vers et Prose, t. XVIII, 1909, 3e trimestre. Cette notice, réimprimée, servit
de préface au catalogue de l’exposition qui eut lieu en février 1910 au Petit Musée
Beaudouin. A ces deux noms il convient de joindre celui de M. Arsène Alexandre,
dont la sympathie fut fidèle à l’artiste.

4. Le Dernier état de la peinture, dans le Mercure de France, 16 juillet 1910,
p. 264.

5. Ibid.
 
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