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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Réau, Louis: La galerie de tableaux de l'Ermitage et la collection Semenov, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0406

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LA GALERIE DE TABLEAUX DE L’ERMITAGE

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nommée à cause des riches marchands allemands qui l’habitaient à
l’origine, par un portique monumental que soutiennent dix atlantes
de 6 mètres de haut en granit gris de Serdobol. La façade, décorée de
statues d’artistes célèbres, est conçue dans le style pseudo-grec, cher
au roi Louis Ier de Bavière. Par un luxueux vestibule, on accède à un
escalier monumental en marbre blanc qui monte tout droit entre deux
hautes parois de marbre jaune. La décoration intérieure est fastueuse.
L’ameublement, de style Empire, est en bois doré. Des vases et des
vasques de marbre de dimensions colossales, des candélabres en
jaspe, en malachite, en lapis-lazuli, jalonnent l’axe des galeries,
comme la spina d’un hippodrome romain. Ce luxe, qui est de mise
dans un palais plutôt que dans un musée, s’explique par les origines
de l’Ermitage. En ouvrant libéralement ses collections artistiques au
public, l’empereur Nicolas Ier n’entendait pas en faire don à la nation.
Le musée de l’Ermitage restait une dépendance du palais impérial
auquel il est relié directement, et naguère encore les galeries que
tapissent les chefs-d’œuvre de Rubens et de Murillo s’illuminaient la
nuit pour les soupers et les bals de la cour1.

Le fâcheux est que les tableaux sont un peu sacrifiés au décor de
fête. L’éclairage, si indispensable dans un pays aux longs hivers
crépusculaires, est très défectueux : les plafonds vitrés sont beau-
coup trop hauts, et le musée, encastré à droite et à gauche dans des
constructions qui l’aveuglent, au lieu d’ètre entièrement isolé comme
il conviendrait, ne reçoit le jour que d’un côté.

L’étude complète de tous les départements du musée de l’Ermi-
tage nous entraînerait trop loin. Nous laisserons entièrement de côté
les trésors artistiques de la salle de Kertch et de la galerie des Bi-
joux, si riches en chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie grecque et de l’orfè-
vrerie française du xvme siècle. Nous nous bornerons à jeter un coup
d’œil d’ensemble sur la galerie de tableaux, en insistant particnfière-
ment sur les acquisitions récentes, dont la plus importante, à beau-
coup près, est la collection Semenov.

1

Avant de faire un rapide inventaire des collections de l’Ermitage,
il n’est pas sans intérêt de rappeler comment elles se sont formées.

1. Jusqu’à la mort de Nicolas Ier, les visiteurs n’y étaient admis qu’en habit
de cérémonie. Aujourd’hui encore, ils sont tenus de se découvrir en entrant, pour
bien marquer qu’ils ne sont pas dans un lieu public, mais dans une galerie pri-
vée où ils sont les hôtes de l’Empereur.

— 4e PÉRIODE.

VIII.

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