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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Buttin, Charles: Une armure de Henri II
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0423

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398

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

échancrée pour permettre de passer la lance sous le bras et de la
fixer sur cet arrêt.

La richesse du décor suffirait d’ailleurs à établir cette destination
d’armure rie parement. Un motif d’entrelacs, sorte de grecque, court
sur tonte l’armure, formant des médaillons et des cartouches dans
lesquels se répète 1 initiale du roi, l’H surmonté de la couronne
royale ; dans ceux de ces médaillons qui sont le plus en vue, et
notamment au centre du plastron, l’initiale est remplacée par le
monogramme bien connu, l’H enlacé de deux lettres ambiguës, G ou
D, dans lesquelles on peut lire Catherine ou soupçonner Diane.
L'impresa personnelle de Henri II qui tend à résoudre l’énigme en
faveur de la duchesse de Yalentinois se retrouve sur les cubitières
de l’armure, où brillent trois croissants entrelacés.

De chaque côté du monogramme du plastron, surmonté lui aussi
d’une couronne lleurdelysée, deux chevaliers armés de toutes pièces
s’avancent l’un contre l’autre et figurent la Guerre; sur la dossière,
deux déesses, montées sur des chars de triomphe et entourées d’un
cortège dont les personnages tiennent des branches d’olivier, symbo-
lisent la Paix. Ces motifs sont remarquablement traités et trahissent,
comme d’ailleurs toute la gravure, la main d’un artiste de haute
valeur.

La dorure, aujourd’hui un peu ternie, a été, d’après M. Diener-
Schœnberg, rafraîchie au xvme siècle ; on dora alors l’armure dans son
entier. Cette restauration regrettable ne restitua sûrement pas à ce
beau harnois son aspect primitif ; elle est contraire au goût personnel
de Henri II, qui préféra toujours les couleurs sombres.

Ce goût, qui faisait dire de lui qu’il portait les couleurs de la
favorite, sable et argent 4, est facile à constater dans tous les portraits
du roi, et souvent relaté dans les mémoires du temps. Brantôme le
remarque encore dans le costume de Henri II au fatal tournoi qui lui
coûta la vie1 2, bien qu’il célébrât ce jour-là les noces de sa fille et de
sa sœur et qu’il eût toutes raisons pour arborer des couleurs moins
tristes. Ce prince ne l’affectait pas seulement dans le costume civil,
mais encore dans ses armures; celle du Musée d’artillerie dont
nous parlerons plus loin le témoigne hautement; celle, malheureu-

1. Diane de Poitiers, par goût ou par souvenir, ne quittajamais complètement
le deuil de Louis de Brézé.

2. « Il portoit pour livrée blanc et noir, qui estoit la sienne ordinaire, à cause
de la belle vesve qu'il servoit. » (Brantôme, Les vies des grands capitaines françois,
1 iv. I, partie II, cliap. xxr.)
 
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