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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Rosenthal, Léon: Les Salons de 1912, [4], Le salon d'automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0431

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406

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

logiques. L’exposition rétrospective consacrée à la mémoire de l’in-
fortuné Albert Braut suffirait, à elle seule, à montrer combien il y a
de travail persévérant, d’unité et de suite dans des ouvrages qu’un
public mal informé condamne avec tant de légèreté.

Rien, d’ailleurs, en ces salles, n’est incohérent ni inattendu. Sous
des formes et parfois avec des nuances nouvelles, les tendances
s’expriment que l’étude des Salons précédents nous avait permis de
discerner. Ces tendances ne sont pas fort nombreuses; elles se rat-
tachent, de la façon la plus certaine, à l’évolution de l’art français.
Il ne paraît même pas impossible de dégager quelques pensées
communes à la presque totalité des exposants.

Ceux-ci sont presque tous dominés, hantés, hypnotisés par les
questions techniques. Quel que soit le sujet traité, allégorique, my-
thologique ou emprunté à la vie directe, il ne leur est qu’un prétexte
à des études de métier. Si j’en excepte le fragment décoratif peint
pour une école libre par M. George Desvallières, je ne vois pas un
morceau français dont l’auteur ait été préoccupé par un sentiment,
une passion ou une pensée. J’aurai à revenir sur cet état d’esprit;
je me borne, pour le présent, à le signaler. Presque tous, par ail-
leurs, qu’ils se servent, avant tout, de la ligne, de la couleur ou de
la masse, ils essaient de donner à leur œuvre un caractère de con-
centration intense et inscrivent, dans le choix d’un ton ou la direc-
tion d’un trait, de surabondantes intentions. Enfin, — et ce dernier
caractère, pour être moins universel, n’en est pas moins très répandu,
— ils négligent, en général, le détail ingénieux, se désintéressent de
l’accessoire, et renoncent à l’analyse pour insister sur une note domi-
nante ou pour tenter des synthèses.

Ces dispositions sont très accentuées chez les peintres. L’effort
qui domine en ce Salon est celui dont M. Puy nous donnait, au
printemps, avec le Modèle, un remarquable témoignage. Il consiste,
on le sait, à tenter d’envelopper et de résumer les formes et d’en
accuser l’unité, à donner la sensation pleine des volumes et, enfin,
à situer ces volumes dans la lumière et l’espace. De telles préoc-
cupations tendent à rapprocher la peinture de la statuaire. Nos
artistes révolutionnaires, en réaction contre l'impressionnisme,
ambitionnent quelques-unes des qualités dont, en haine de leurs
prédécesseurs spirituels et inconsistants, se targuaient les élèves
de David. Aux uns comme aux autres on pourra reprocher de la
roideur et une orgueilleuse pauvreté. Les toiles de M. Ottmann,
par leur intransigeance intrépide, perdent évidemment en agrément
 
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