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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0452

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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renferment parfois que de très vagues allusions à l’auteur du tissu. Certaines tra-
ditions, trop légèrement accueillies, reposent presque toutes sur de téméraires
affirmations. Peut-on s’en rapporter aux assertions de marchands ignorants? Sans
doute, il paraît constant que les mêmes dessins se sont perpétués dans certaines
localités pendant de longues générations. L’artisan oriental n’a pas de modèle
sous les yeux; il connaît d’avance tous les détails du décor qu’il est chargé de
retracer. Les contours de ces arabesques qu’il va dessiner avec la laine, il les
suit sur un modèle gravé dans sa tête. Mais, si la continuité de la même fabri-
cation dans le même centre doit être considérée comme un fait établi, on est
beaucoup moins fixé sur la répartition des types principaux entre les diverses
régions. De plus, aujourd’hui, l’influence de l’art chinois et de l’art indien sur
celui de la Perse résulte d’observations très sérieuses. Certains tapis, et ce ne
sont pas les moins curieux ni les moins beaux, trahissent une préoccupation
évidente de la flore et de la faune du Céleste Empire. Toutes ces pénétrations
réciproques ne laissent pas que de compliquer et d’obscurcir les questions d’ori-
gine. C’est à peine s’il y a une trentaine d’années qu’on a commencé à les étudier
avec un esprit vraiment critique. Tant qu’on n’a pas possédé ces admirables
reproductions en couleurs dont les Autrichiens ont eu l’initiative et dont le livre
de M. D’Allemagne nous fournit des échantillons remarquables, il a été impos-
sible de rapprocher, de comparer, de classer les types dispersés dans les collec-
tions publiques et particulières. C’est donc un service capital à rendre aux cher-
cheurs, comme aux artistes, de reproduire les modèles anciens les plus parfaits
d’un art aujourd’hui en pleine décadence. Avec ses très nombreuses illustrations
hors texte et sa grande quantité de planches en couleurs le livre de M. D’Alle-
magne aura largement contribué à répandre la connaissance des diverses mani-
festations de cet art persan si délicat et si original.

Des aventures que l’auteur raconte dans les deux derniers volumes de son
ouvrage, il suffira de dire quelques mots; d’ailleurs, M. Paul d’Estrée a résumé
dans une trentaine de pages les particularités les plus intéressantes de cette
campagne de trois mois. M. D’Allemagne avait pour compagnon un de ses
amis, le docteur Vinchon. Les étapes étaient souvent longues et fatigantes, les
caravansérails primitifs et peu hospitaliers; par surcroît, les voyageurs assis-
tèrent aux débuts de la révolution qui renversa le trône des anciens souverains,
ce qui ne laissa pas que de leur causer parfois d’assez graves embarras. Il fallait
beaucoup de résolution et de diplomatie pour triompher des difficultés d’une
exploration poursuivie dans de pareilles conditions. Aussi le résultat fait-il
honneur à M. D’Allemagne, et le livre qu’il a publié restera-t-il comme un des
plus consciencieux et des plus instructifs qui aient été consacrés jusqu’ici à
cette région encore si mal connue du monde asiatique

Il convient d’insister sur l’illustration tout à fait remarquable de ces volumes.
La plupart des gravures intercalées dans le texte sont exécutées d’après les
clichés rapportés par l’auteur lui-même ou communiqués par d’autres voyageurs.
Ils sont d’une exécution irréprochable, d’une netteté parfaite; nous parcourons
avec le narrateur les paysages traversés par la caravane, nous visitons avec lui
les palais de Téhéran et d’Ispahan; nous assistons à la revue et au défilé des
troupes; d’autres images rendent la vue générale des villes, les types caractéris-
tiques des habitants, l’animation des bazars, l’aspect désolé des vastes déserts,
 
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