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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 6
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Doin, Jeanne: Marguerite Gérard (1761-1837)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0481

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455

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

chien et son chat, et soignée par sa fidèle domestique, Marie Teissier,
qui lui ferme les yeux le 18 mai 1837 U

Telle est l’histoire de Marguerite Gérard comme elle me fut
rapportée parla voix intime des images et des faits. On n’y relève
point d'accident terrible. C’est une histoire unie et simple qui débute
par un madrigal et finit sur une élégie. Son œuvre est la confidence
■discrète de sa vie. Sous le semblant du bonheur, des regrets percent
ici et là, car les dieux favorisent et éprouvent tout à la fois. Mais
considéré dans son ensemble et à travers les transformations qu’ap-
porte la fuite incessante du temps et des événements, son œuvre
paraît soumis à la loi progressive, condition essentielle de l'existence.
Au début, il y a d’inévitables tâtonnements; on s’attarde, délicieuse-
ment ému, parce que l’on apprend. L’âme mobile du xvme siècle en-
sorcelle; on aime le Huron et la belle Saint-Yves, on soupire avec
Julie, on s’égaie des calembredaines débitées par les Grébillon.
Mais la curiosité tourmente, et voici qu’interrogés les Hollandais
disent combien est douce l’heure tardive où, portes closes, on
touche du clavecin. On songe alors à cet idéal pacifique et bour-
geois. Le rêve flotte; et la pensée qui vagabonde, en explorant,
trouve l’affranchissement. Ainsi Mlle Gérard abandonne les grandes
routes, et s’engage dans une sente où l’on se promène en devisant.
Nulle vanité n’altère ses propos. Elle chuchote des secrets, raconte
des anecdotes et des bagatelles avec modestie. Cela plaît et cela
rassure. Et on lui sait gré de celle harmonie maintenue dans tout
l’œuvre sans défaillance, ainsi que du tour courtois et bien français
de l’historiette qui, avec le recul des ans, devient un exemple et
une évocation.

jeaxxe noix i.

i. « Ville de Paris. Extrait des registres des actes de décès pour 1837. Du ven-
dredi dix-neuf mai mil huit cent trente-sept, une heure de relevée, acte de décès
de Marguerite Gérard, rentière, âgée de soixante-seize ans, née a Grasse (Var),
décédée à trois heures de relevée (le 18) en son domicile rue Neuve-des-Peiits-
Ghamps, n° 20, célibataire. Les témoins sont : Louis-Barthélemy Lepailleur,
employé, âgé de quarante-neuf ans, demeurant rue de Rivoli, n° 14, neveu delà
défunte par alliance ; Étienne-Évariste-Tliéophile Fragonard, artiste peintre âgé
de trente-et-un ans, demeurant rue Saint-Dominique-Saint-Germain, n° 99,
petit-neveu de la défunte. Lesquels ont signé avec Edme Châtelet, adjoint au
maire du second arrondissement... » (Archives de la Seine. Acte d’état civil
reconstitué.)
 
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