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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 6
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Réau, Louis: La galerie de tableaux de l'Ermitage et la collection Semenov, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0515

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LA GALERIE DE TABLEAUX DE L’ERMITAGE

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purs et les paysagistes spécialisés : animaliers, marinistes, peintres
d’architectures et de nature morte.

C’est un fait constant dans l’histoire du paysage, et qui se vérifie
aussi bien dans l’art français ou russe que dans l’art des Pays-Bas,
qu’avant de goûter le charme des paysages familiers, les peintres
cèdent à l’attrait des paysages étrangers dont l’exotisme les exalte
davantage. Les paysagistes nationaux sont précédés en Hollande
par toute une avant-garde de paysagistes italianisés. Chez les frères
Botli qui peignent des paysages ensoleillés aux lointains transpa-
rents, l'influence de Rembrandt se combine avec celle de Claude
Lorrain. M êmes tendances chez Berchem, dont l’Ermitage possède
16 tableaux, chez Weenix, Karel Dujardin et Adam Pynacker1.

Ap rès ces Hollandais d’Italie viennent Jan van Goyen, Aert van
der Neer, Salomon et Jacob van Ruisdael, qui découvrent la beauté
et l’originalité méconnues de leur propre pays. Les neuf tableaux de
van Goyen, à l’Ermitage, appartiennent tous à sa période de matu-
rité : dans les Bords de la Meuse à Dordrecht (1643), ou la Plage de
Schveningen, il se révèle comme le peintre sans rival des beaux ciels
mouvants. Aert van der Neer imprime a ses paysages d’hiver, éclairés
par la lune blafarde, un caractère désespéré, presque tragique. Jacob
van Ruisdael, le grand classique du paysage hollandais, est très bien
caractérisé par le Marais, une de ses œuvres les plus sévèrement
composées et du caractère le plus grandiose : une malédiction semble
peser sur ces chênes centenaires qui trempent leurs racines déchaus-
sées dans l’eau putride d’un étang fleuri de nénuphars1 2.

Dans un pays de prairies, au bord de la mer, il est naturel que,
parmi les paysagistes spécialisés, les plus nombreux soient les ani-
maliers et les marinistes.

Si Jacob van Ruisdael rappelle notre grand Poussin, Albert Cuyp
est le Claude Lorrain hollandais. Dans les Bords de la Meuse, les
Vaches à /’abreuvoir, il se montre maître dans l’art de peindre de
vastes paysages inondés de lumière et des couchers de soleil sur des
fleuves tranquilles.

Le défaut de Paul Potter, le plus populaire des animaliers hol-
landais, est une application laborieuse et pédantesque, défaut de
jeunesse dont il se serait sans doute affranchi si la mort trop prompte

1. A la même époque, Everdingen se laissait séduire par le romantisme des
fjords et des cascades de Norvège.

2. Grâce au legs Stroganov, llobbema, qui manquait à la collection de l’Ermi-
tage, sera dorénavant représenté par un petit paysage sylvestre.
 
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