LES SALONS DE J 920
(troisième et dernier article1)
LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS
(Suite)
II
Si Ton songe que par la force et l'exigence de ses lois l’architecture est
l’art souverain, tout partant d’elle, tout aboutissant à elle, F on reste
stupéfait du peu d importance que nous lui accordons dans nos expo-
sitions et dans nos esprits. Gela vient-il de ce qu elle est un art ésotérique,
qui se pratique entre initiés, et s’exprime en lignes à la fois cabalistiques et
géométriques P Je ne sais, mais si, bravement, vous passez devant ces châssis
sans nombre et sans fin, on l’on pourrait étendre tout le plafond de la Sixtine,
vous n’en éprouverez aucun émoi. Les architectes, d’ailleurs, ont surtout le
goût d'exposer des aquarelles, et volontiers des paysages.
La section, cette année, a cependant une fortune exceptionnelle: un archi-
tecte, le plus varié, le plus pittoresque de tous, montre d’une manière lisible
et engageante l’ensemble de son œuvre. C’est M. Alexandre Marcel, que les
chemins de la vie ont conduit à faire de l’architecture française aux Indes, et
du chinois et du japonais en Belgique, et jusque dans la rue de Babylone. Il
y a là une orientalisation désorientante, qui ne permet guère à un artiste
l’adaptation de la forme au milieu et l’excite plus à nous amuser qu’à nous
élever. Pourquoi, du reste, un roi d’Europe, qui a le goût sincère du chinois,
n’appelle-t-il pas dans ses Etats un architecte jaune ? Je comprends mieux le
i. Y. Gazette des Beaux-Arts, mai et juin 1920, p. 319 et 4o5.
(troisième et dernier article1)
LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS
(Suite)
II
Si Ton songe que par la force et l'exigence de ses lois l’architecture est
l’art souverain, tout partant d’elle, tout aboutissant à elle, F on reste
stupéfait du peu d importance que nous lui accordons dans nos expo-
sitions et dans nos esprits. Gela vient-il de ce qu elle est un art ésotérique,
qui se pratique entre initiés, et s’exprime en lignes à la fois cabalistiques et
géométriques P Je ne sais, mais si, bravement, vous passez devant ces châssis
sans nombre et sans fin, on l’on pourrait étendre tout le plafond de la Sixtine,
vous n’en éprouverez aucun émoi. Les architectes, d’ailleurs, ont surtout le
goût d'exposer des aquarelles, et volontiers des paysages.
La section, cette année, a cependant une fortune exceptionnelle: un archi-
tecte, le plus varié, le plus pittoresque de tous, montre d’une manière lisible
et engageante l’ensemble de son œuvre. C’est M. Alexandre Marcel, que les
chemins de la vie ont conduit à faire de l’architecture française aux Indes, et
du chinois et du japonais en Belgique, et jusque dans la rue de Babylone. Il
y a là une orientalisation désorientante, qui ne permet guère à un artiste
l’adaptation de la forme au milieu et l’excite plus à nous amuser qu’à nous
élever. Pourquoi, du reste, un roi d’Europe, qui a le goût sincère du chinois,
n’appelle-t-il pas dans ses Etats un architecte jaune ? Je comprends mieux le
i. Y. Gazette des Beaux-Arts, mai et juin 1920, p. 319 et 4o5.