L’AVENIR DE PARIS
Iongtemps attendue des initiés, indifférente en apparence au grand public,
une loi, votée l’an dernier, prescrit désormais à toute ville de quelque
importance de préparer son propre avenir en adoptant un plan
d extension et d aménagement. D’autres préoccupations dominaient le monde
aux jours où ce texte s’élabora. Bientôt, pourtant, les circonstances aidant,
la crise du logement s’aggravant, force fut, pour chacun, d’aborder le grave
problème.
Nulle part plus qu à Paris le besoin ne se faisait sentir de ce plan régu-
lateur si apprécié en divers pays. Et que de solutions à chercher, quand se
posaient tant d inquiétants dilemmes! S’étendre ou se borner, ajourer ou
condenser, centraliser ou disperser: dans quelle mesure et jusques à quelles
bornes? On n opérait point sur table rase, ni en pays neuf, ni pour quelques
milliers de citadins, peut-être à venir. Quatre millions d’habitants, le dixième
de la population française, concentrés sur quarante-sept mille hectares,
c’était là ce que déjà le xxe siècle à son début appelait le « plus grand Paris ».
Trois millions d’êtres humains entassés à trois cent soixante-cinq par hectare
au dedans de murs inutiles sinon gênants, c’était encore le Paris officiel.
Deux mille ans et plus, c’était l’âge de la ville, née dans un îlot de boue à
la faveur du passage facile à défendre, et maintenant étendue, par delà le
premier cercle de hauteurs qui borna longtemps son horizon, jusqu’aux bois
de Boulogne et de Yincennes devenus promenades intérieures. Sur un pareil
Iongtemps attendue des initiés, indifférente en apparence au grand public,
une loi, votée l’an dernier, prescrit désormais à toute ville de quelque
importance de préparer son propre avenir en adoptant un plan
d extension et d aménagement. D’autres préoccupations dominaient le monde
aux jours où ce texte s’élabora. Bientôt, pourtant, les circonstances aidant,
la crise du logement s’aggravant, force fut, pour chacun, d’aborder le grave
problème.
Nulle part plus qu à Paris le besoin ne se faisait sentir de ce plan régu-
lateur si apprécié en divers pays. Et que de solutions à chercher, quand se
posaient tant d inquiétants dilemmes! S’étendre ou se borner, ajourer ou
condenser, centraliser ou disperser: dans quelle mesure et jusques à quelles
bornes? On n opérait point sur table rase, ni en pays neuf, ni pour quelques
milliers de citadins, peut-être à venir. Quatre millions d’habitants, le dixième
de la population française, concentrés sur quarante-sept mille hectares,
c’était là ce que déjà le xxe siècle à son début appelait le « plus grand Paris ».
Trois millions d’êtres humains entassés à trois cent soixante-cinq par hectare
au dedans de murs inutiles sinon gênants, c’était encore le Paris officiel.
Deux mille ans et plus, c’était l’âge de la ville, née dans un îlot de boue à
la faveur du passage facile à défendre, et maintenant étendue, par delà le
premier cercle de hauteurs qui borna longtemps son horizon, jusqu’aux bois
de Boulogne et de Yincennes devenus promenades intérieures. Sur un pareil