PUVIS DE CHAVANNES
AU MUSÉE DE LYON :
LA DÉCORATION DE L’ESCALIER NEUF DU PALAIS DES ARTS
(deuxième et dernier article)1
nspiration chrétienne. — En face de la Vision antique
s’offre une seconde « vision ». Dans une toile aussi
grande, bordée de même en haut et en bas, l’au-
teur passe du plein air de la Grèce à l’intérieur
d'un couvent italien, des draperies flottantes et des
nudités aux sévères robes de bure, de la brillante
lumière au calme crépuscule, des lauriers aux
cyprès.
Nous exprimerons tout de suite le regret2 que
Puvis de Cbavannes, voulant évoquer l’Occident chrétien, ait choisi pour lieu
de cette évocation l’Italie plutôt que la France. II eût pu s’inspirer d une de
nos cathédrales, ces merveilles du Moyen âge, et de la splendeur mystique de
leurs vitraux; il eût pu ressusciter quelque moutier de la région, et profiler
dans le lointain, entre des pommiers fleuris, un clocher de fine ardoise... Je
n’ai pas la prétention de refaire son tableau ; je me contente d’indiquer à
quelles sources françaises il aurait pu puiser. Ce Français de France semble
avoir cédé à l’entraînement vers l’Italie, considérée banalement comme la mère,
la seule mère de tout l’art moderne3. Mais ce regret, que je crois légitime,
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, octobre 1920, p. 234.
2. Il a été exprimé déjà par Philippe Rurty, dans un article du journal L'Express de
Lyon, n° du 9 mars 1886.
3. « La faute n’en est point à l’artiste,... mais à cette tyrannie des études littéraires et
critiques qui relègue sans cesse, dans nos manuels, la France à un second plan. Il semble,
AU MUSÉE DE LYON :
LA DÉCORATION DE L’ESCALIER NEUF DU PALAIS DES ARTS
(deuxième et dernier article)1
nspiration chrétienne. — En face de la Vision antique
s’offre une seconde « vision ». Dans une toile aussi
grande, bordée de même en haut et en bas, l’au-
teur passe du plein air de la Grèce à l’intérieur
d'un couvent italien, des draperies flottantes et des
nudités aux sévères robes de bure, de la brillante
lumière au calme crépuscule, des lauriers aux
cyprès.
Nous exprimerons tout de suite le regret2 que
Puvis de Cbavannes, voulant évoquer l’Occident chrétien, ait choisi pour lieu
de cette évocation l’Italie plutôt que la France. II eût pu s’inspirer d une de
nos cathédrales, ces merveilles du Moyen âge, et de la splendeur mystique de
leurs vitraux; il eût pu ressusciter quelque moutier de la région, et profiler
dans le lointain, entre des pommiers fleuris, un clocher de fine ardoise... Je
n’ai pas la prétention de refaire son tableau ; je me contente d’indiquer à
quelles sources françaises il aurait pu puiser. Ce Français de France semble
avoir cédé à l’entraînement vers l’Italie, considérée banalement comme la mère,
la seule mère de tout l’art moderne3. Mais ce regret, que je crois légitime,
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, octobre 1920, p. 234.
2. Il a été exprimé déjà par Philippe Rurty, dans un article du journal L'Express de
Lyon, n° du 9 mars 1886.
3. « La faute n’en est point à l’artiste,... mais à cette tyrannie des études littéraires et
critiques qui relègue sans cesse, dans nos manuels, la France à un second plan. Il semble,