LA GLOIRE DU PARADIS, ESQUISSE, ATELIER DU TINTORET
(Musée de Prado, Madrid.)
UN FRAGMENT DU TINTORET
POUR LA
« GLOIRE DU PARADIS »
Ouand Jacopo Robusti, plein d’œuvres et d’années, fut chargé dépeindre
pour le Sénat vénitien la Gloire du Paradis, son intention était bien
d’apporter au labeur de toute une vie un digne couronnement.
Arrivé au seuil de l’éternité, il voulait aussi se donner à lui-même comme
un avant-goût de la béatitude céleste. Au moment où il s’agissait de choisir
un peintre pour ce grand ouvrage qu’il convoitait, il insinuait finement,
dans ses conversations avec les sénateurs, qu’ « il priait le Seigneur de lui
accorder le Paradis dans cette vie, espérant de sa grâce de l’obtenir aussi
dans l’autre ».
On n’a donc pas tort de voir dans le Paradis de la salle du Grand Conseil
l’aboutissement et la conclusion de toute la carrière du Tintoret. J’ai dit
ailleurs1 la stupéfiante plénitude de cet univers et combien l’œuvre avait
été mûrie par ce génie si méditatif, combien étudiée, préparée par des
esquisses et des dessins. La question mérite d’être reprise, d autant plus qu’un
nouveau document des plus précieux nous permet de mieux nous rendre
compte des phases de la composition et de la façon dont elle fut exécutée. Il
m’a été donné, en effet, de reconnaître dans une collection privée de Rome,
la collection Sherman, un fragment destiné à la Gloire du Paradis, resplen-
i. Le Tintoret ] Paris, H. Laurens (colt, des « Grands artistes »), p. go et suiv.
(Musée de Prado, Madrid.)
UN FRAGMENT DU TINTORET
POUR LA
« GLOIRE DU PARADIS »
Ouand Jacopo Robusti, plein d’œuvres et d’années, fut chargé dépeindre
pour le Sénat vénitien la Gloire du Paradis, son intention était bien
d’apporter au labeur de toute une vie un digne couronnement.
Arrivé au seuil de l’éternité, il voulait aussi se donner à lui-même comme
un avant-goût de la béatitude céleste. Au moment où il s’agissait de choisir
un peintre pour ce grand ouvrage qu’il convoitait, il insinuait finement,
dans ses conversations avec les sénateurs, qu’ « il priait le Seigneur de lui
accorder le Paradis dans cette vie, espérant de sa grâce de l’obtenir aussi
dans l’autre ».
On n’a donc pas tort de voir dans le Paradis de la salle du Grand Conseil
l’aboutissement et la conclusion de toute la carrière du Tintoret. J’ai dit
ailleurs1 la stupéfiante plénitude de cet univers et combien l’œuvre avait
été mûrie par ce génie si méditatif, combien étudiée, préparée par des
esquisses et des dessins. La question mérite d’être reprise, d autant plus qu’un
nouveau document des plus précieux nous permet de mieux nous rendre
compte des phases de la composition et de la façon dont elle fut exécutée. Il
m’a été donné, en effet, de reconnaître dans une collection privée de Rome,
la collection Sherman, un fragment destiné à la Gloire du Paradis, resplen-
i. Le Tintoret ] Paris, H. Laurens (colt, des « Grands artistes »), p. go et suiv.