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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’abbé d’Heylissem n’était pas seul à faire attendre Oilivier ; d’autres per-
sonnages pour lesquels il avait travaillé faisaient de même ; il était, du reste,
assez ordinaire d'en user ainsi aux époques anciennes. Une autre lettre de
l’artiste exprime encore ses doléances; elle est du même temps, car il s’y
qualifie lui-même de sculpteur de Son Altesse Royale, et, comme il n’a eu
cette qualité que pendant trois ans, du commencement de 1778 jusqu’à la
fin de 1780, c’est durant cette courte période qu’il l’a écrite. Il y explique
qu’étant étranger à ce pays et n’ayant aucune ressource pour subsister que
son travail, il ne saurait attendre plus longtemps le paiement de ce qui lui est
dû; il rappelle à son correspondant, qui est probablement un abbé, qu’il a
fait une Vierge et deux bas-reliefs, qu’il travaille pour lui depuis deux ans, et
qu’il espère le voir, cette année même où il lui écrit, en allant poser l’autel
qu’il lui a commandé. Il demande si c’est à Dewez qu’il doit remettre son
mémoire : il s’agissait donc encore d’ouvrages destinés à un édifice construit
ou restauré par l’architecte de la Cour.
Cependant, après 1771, Oilivier continue de travailler pour l’abbaye
d’Heylissem. Il s’occupe, à Bruxelles, en compagnie de Dewez et du frère de
celui-ci, qui était orfèvre et avait été chargé de l’exécution de tous les orne-
ments en bronze, de la construction des diverses parties du maître-autel. Un
relevé de compte de Dewez dit qu’ils s’y sont employés du mois de novembre
1772 au mois de septembre i 773, et, vers le même temps, l’architecte note,
dans la liste de ses débours, la somme qu’il a payée pour les quatre ligures
en pierre du portail: Oilivier en a fait trois pour q45 florins, et Janssens en
a fait une pour 315 florins1.
La grande entreprise d’Heylissem est donc en voie d’achèvement, mais,
tout eny assurant sa participation, Oilivier est resté en rapports avec la Cour,
si bien que juste au moment où il signait avec l'abbé Gosin le contrat relatif
aux sculptures qu’il devait exécuter pour l’abbaye, il recevait une somme de
724 florins 10 sols à déduire sur le prix d’une statue qu’il travaillait (( pour
les jardins du palais de S. A. R. à Bruxelles ». Le reçu est daté du 20 avril
177U. Il y a lieu de croire que la statue en question n’est autre que la Vénus
aux colombes1 * 3, qui est de 1774 et qui, avant d’être transportée au Musée
royal des Beaux-Arts, décorait autrefois le Parc de Bruxelles, où d’autres
sculptures provenant des jardins de la Cour furent aussi conservées après la
mort de Charles de Lorraine4. La concordance entre la date du paiement
1. Archives gén. de Belgique, même liasse.
3. Ibid. : Ouvrages de la Cour, liasse 164-
3. Un moulage de cette statue existe au Musée du Trocadéro, à Paris.
4- Ces sculptures, qui existent encore, sont des termes, des bustes d’empereurs romains,
et diverses figures qui étaient auparavant dans le parc du château de Tervueren et dans
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’abbé d’Heylissem n’était pas seul à faire attendre Oilivier ; d’autres per-
sonnages pour lesquels il avait travaillé faisaient de même ; il était, du reste,
assez ordinaire d'en user ainsi aux époques anciennes. Une autre lettre de
l’artiste exprime encore ses doléances; elle est du même temps, car il s’y
qualifie lui-même de sculpteur de Son Altesse Royale, et, comme il n’a eu
cette qualité que pendant trois ans, du commencement de 1778 jusqu’à la
fin de 1780, c’est durant cette courte période qu’il l’a écrite. Il y explique
qu’étant étranger à ce pays et n’ayant aucune ressource pour subsister que
son travail, il ne saurait attendre plus longtemps le paiement de ce qui lui est
dû; il rappelle à son correspondant, qui est probablement un abbé, qu’il a
fait une Vierge et deux bas-reliefs, qu’il travaille pour lui depuis deux ans, et
qu’il espère le voir, cette année même où il lui écrit, en allant poser l’autel
qu’il lui a commandé. Il demande si c’est à Dewez qu’il doit remettre son
mémoire : il s’agissait donc encore d’ouvrages destinés à un édifice construit
ou restauré par l’architecte de la Cour.
Cependant, après 1771, Oilivier continue de travailler pour l’abbaye
d’Heylissem. Il s’occupe, à Bruxelles, en compagnie de Dewez et du frère de
celui-ci, qui était orfèvre et avait été chargé de l’exécution de tous les orne-
ments en bronze, de la construction des diverses parties du maître-autel. Un
relevé de compte de Dewez dit qu’ils s’y sont employés du mois de novembre
1772 au mois de septembre i 773, et, vers le même temps, l’architecte note,
dans la liste de ses débours, la somme qu’il a payée pour les quatre ligures
en pierre du portail: Oilivier en a fait trois pour q45 florins, et Janssens en
a fait une pour 315 florins1.
La grande entreprise d’Heylissem est donc en voie d’achèvement, mais,
tout eny assurant sa participation, Oilivier est resté en rapports avec la Cour,
si bien que juste au moment où il signait avec l'abbé Gosin le contrat relatif
aux sculptures qu’il devait exécuter pour l’abbaye, il recevait une somme de
724 florins 10 sols à déduire sur le prix d’une statue qu’il travaillait (( pour
les jardins du palais de S. A. R. à Bruxelles ». Le reçu est daté du 20 avril
177U. Il y a lieu de croire que la statue en question n’est autre que la Vénus
aux colombes1 * 3, qui est de 1774 et qui, avant d’être transportée au Musée
royal des Beaux-Arts, décorait autrefois le Parc de Bruxelles, où d’autres
sculptures provenant des jardins de la Cour furent aussi conservées après la
mort de Charles de Lorraine4. La concordance entre la date du paiement
1. Archives gén. de Belgique, même liasse.
3. Ibid. : Ouvrages de la Cour, liasse 164-
3. Un moulage de cette statue existe au Musée du Trocadéro, à Paris.
4- Ces sculptures, qui existent encore, sont des termes, des bustes d’empereurs romains,
et diverses figures qui étaient auparavant dans le parc du château de Tervueren et dans