Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 2.1920

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mellerio, André: Odilon Redon: (1840 - 1916)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24919#0152

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
138

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

même temps qu elles contiennent sur l’art de hautes et nobles pensées1.

Peut-être, néanmoins, ne paraîtra-t-il pas inutile de tenter ici une vue
d’ensemble dont chaque partie demandera dans l’avenir à être développée et
traitée plus à fond.

I

Odilon Redon est né à Bordeaux, le 20 avril i84o.

Son père, originaire d une bonne famille des environs de Libourne, émigra
jeune à la Nouvelle-Orléans, où il travailla durement et parvint à une aisance
méritée. Après avoir épousé une créole d’ascendance française, il résolut de
revenir au pays natal. Sa femme se trouvait dans l'attente d'un second enfant :
(( Les voyages sur mer étaient alors longs et hasardeux... J'eusse aimé »,
nous dit Redon2, «... par le hasard ou le destin, naître au milieu de ces flots...
un lieu sans patrie sur un abîme. » En vertu de cet atavisme peut-être l’Amé-
rique revendiquera-t-elle plus tard une part dans la formation d’un artiste
qui créa une illustration pour Edgar Poë.

Nous pouvons résumer les années d’enfance en disant qu’elles « s’écou-
lèrent monotonement dans le Médoc, sur le confin de landes solitaires et
tristes. Au foyer du domaine familial, la vie était matériellement aisée,
intellectuelle aussi, et artiste par certains côtés. On faisait beaucoup de musi-
que et fort bonne, soit ancienne, soit moderne. En somme, une jeunesse
contemplative dont la sensibilité nerveuse souvent s’absorbait méditativement
en elle-même3 ».

Après des classes suivies de façon assez ordinaire à Bordeaux, Redon eut
vers quinze ans son premier professeur de dessin : Gorin. R recueillait de lui
ce précepte fondamental qu’il ne devait point oublier : « Ne me permettre
jamais de donner un seul trait de crayon sans que ma sensibilité et ma
raison ne fussent présentes4 ».

Puis, l’adolescence et les études terminées, sa vie se partagea entre des
séjours d’hiver à Paris et le retour pendant la belle saison au Médoc. Vers

1. Voir dans le catalogue André Mellerio : Notes et témoignages, partie intitulée: De
soi-même, contenant deux: écrits de Redon : le premier daté de mai 1909, et le second de
janvier 1918; — Catalogue Destrée,passim ; — Odilon Redon, Confidences d’artiste: lettre
àEdmond Picard (L'Art moderne, Bruxelles, n° 34, 23 août 1894) ; — Jeanne Doin, Odilon
Redon (Mercure de France, Ier juillet 1 g 14)- L’auteur de cette intéressante étude s’est
documentée auprès de l’artiste, qui voulut bien lui donner en personne les renseignements
le concernant.

2. De soi-même, p. 5o.

3. André Mellerio, Odilon Redon, son œuvre gravé et lithographié (dans la Nouvelle
Revue, T 5 février 1914)-

4- De soi-même, p. 54.
 
Annotationen