Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 2.1920

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Lechat, Henri: Puvis de Chavannes au Musée de Lyon, 2: la décoration de l'escalier neuf du Palais des Arts
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24919#0337

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
316

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

haut, nous voyons dans le bas (seconde annonce matérielle du confluent)
l’eau du Fleuve qui suit exactement les pas du porteur d’épervier, con-
tourne le bord de la presqu’île, et se dirige droit vers l’eau de la Rivière1.

Cette décoration de la quatrième paroi de l’escalier n’est pas une compo-
sition aussi riche et complexe que les trois autres ; elle n’est pas au même
degré et dans le même sens cosa mentale. Mais une science égale s’y révèle
dans la parfaite unité donnée à l’ensemble, tous les détails y étant créés et
ordonnés pour un but unique. Et tout y donne aussi l’impression d’une
œuvre conçue sans peine, exécutée sans fatigue, dans une période de délas-
sement heureux. Sur les collines bleues qui ferment l’horizon repose un
charmant ciel du soir, où flottent immobiles de légers nuages jaunes et
empourprés ; les deux nappes d’eau par-dessous reflètent, en les brouillant
un peu, ces fines et douces teintes; et, par un juste accord avec celles-ci,
sur le premier plan, quelques feuilles du robuste chêne sont en passe de virer
du vert au jaune. C’est l’automne commençant, dans un jour finissant. Heure
tendre, et tendre saison, pour lesquelles Puvis de Chavannes, dans ses œuvres
de Lyon, a manifesté une particulière préférence.

Remarquons maintenant une chose qui échappe d’ordinaire aux visiteurs
du Palais des Arts. A droite et à gauche de cette paroi où sont le Rhône et la
Saône, s’ouvrent deux portes, l'une en face de 1 autre, séparées, par un
pilastre, lune de la Vision antique, l'autre de Y Inspiration chrétienne. Au-
dessus des deux portes, le mur continue et devait donc être décoré. Il l a
été. en effet ; ces deux dessus de portes présentent l’un en face de l’autre deux
petites décorations fort discrètes, qui sont deux appendices au grand tableau
que nous venons de décrire. Côté Rhône: c’est le même ciel du soir; une
branche de chêne, sortant du coin de droite, occupe presque la moitié de
l’espace; dans le vide restant, un rapace brun, un épervier (au sens propre,
cette fois) poursuit une blanche tourterelle. Côté Saône: même ciel encore;
partant du coin de gauche, une branche de saule monte, allonge ses feuilles
étroites; deux ramiers y sont posés, dont l’un bat des ailes et roucoule son
invitation à l’amour. C’est là, peint par un La Fontaine, comme un petit
rappel sommaire de l’esprit, sinon de la lettre, des deux grandes scènes voi-
sines.

HENRI LECHAT

i. Une petite baguette, qui a été clouée naguère au bas de la toile, a le grave tort de
supprimer la majeure partie de ce détail.
 
Annotationen