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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 6.1922

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Nr. 1
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Reinach, Théodore: Deux „Athéna" en bronze
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https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0051

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

nous avons été amené à conclure que telle était bien la matière de l’original
de notre statue ; 2° il s’agit d’une œuvre de la première moitié du ivc siècle1,
époque à laquelle nous ont conduit les caractères intrinsèques de notre figure ;
3° l’Athéna décrite par Pausanias tient la lance comme la nôtre, et, comme
la nôtre, est dépourvue de bouclier ; 4° l’Athéna de Pausanias est associée
avec un Zeus de majesté, c’est-à-dire précisément comme le raisonnement
nous a fait supposer qu’était groupée notre figure.

J’ajoute enfin que la statue célèbre du sanctuaire du Pirée était due à
Céphisodote, qui ne fut pas seulement le père de Praxitèle, mais bien cer-
tainement son maître et, à beaucoup d’égards, son précurseur. Or, non
seulement j’ai signalé déjà dans notre Athéna plusieurs détails de facture qui
font pressentir l’art praxitélien, et qui apparaissent déjà dans la tête, sûre-
ment plus ancienne, de l’Eiréné de Céphisodote, mais encore le traitement
de la draperie par grands plis transversaux, le geste, peu usuel, du poing sur
la hanche, le bras gauche entièrement enveloppé parle manteau, toutes ces
particularités se retrouvent exactement dans la fameuse statue du Latran,
improprement dénommée « Sophocle », et où je crois avoir montré derniè-
rement qu'il faut reconnaître le Solon de Céphisodote, érigé, vers l’an 3go,
sur la place du marché de Salamine2.

L’ensemble de ces considérations tendrait donc à démontrer que nous
devons reconnaître dans la statue, dont l’exemplaire de Florence donne la
meilleure réplique d’ensemble en marbre et mon exemplaire en bronze la
meilleure copie de la tête, une œuvre fameuse de Céphisodote, œuvre dont
l’identification avait été vainement cherchée jusqu’à présent dans diverses
directions3. Je ne veux pas donner des probabilités pour des certitudes ; je
sens plus que personne tout ce qu’il y a de fragile et de conjectural dans
des constructions de ce genre. Mais je me plais à espérer que des décou-
vertes ultérieures viendront fortifier mes arguments. Ce serait une bonne
fortune pour l'art et l’archéologie de ressaisir ainsi une des plus belles, une
des plus hardies créations du grand maître athénien qui apparaît, de plus en
plus, comme formant le lien vivant entre Phidias et Praxitèle.

THÉODORE REINACH

1. Les statues décrites par Pausanias sont sûrement postérieures à la restauration, en
3g4, des fortifications du Pirée, mais nous ne pouvons déterminer de combien. La date
supposée par Brunn ne repose sur rien de sérieux.

2. Journal of Hellenic Sludies, 1922 (sous presse).

3. Furtwàngler avait pensé à l’Athéna Farnèse; Milchhôfer à la Pallas de Velletri,
AVolters à un buste d'Herculanum (Jahrbuch, VIII, 173).
 
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