Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 6.1922)

L’INFLUENCE FRANÇAISE DANS L’ART NORVÉGIEN

A LA FIN DU XIII» SIÈCLE

Haakon IV le Vieux (122/1-12G2) fut prince de
la culture de notre Moyen âge. Comme ses con-

temporains, saint Louis en France, Henry III en
Angleterre, Frédéric II en Allemagne, Haakon a
été l’instigateur des progrès de l’art dans son pays.
Son programme est clairement formulé dans un
livre écrit à la cour, Le Miroir du Roi : « La ma-
jesté royale », y est-il dit, « est la source, non

seulement de toute puissance politique, mais encore
de toute culture raffinée. » Chez les monarques du
xui» siècle, c'est un effort persévérant vers l’exer-
cice du pouvoir personnel ; c’est la même tendance
absolutiste chez le saint Louis IX, chez l’athée
Frédéric II, chez le faible Henry III. Tous, comme
les tyrans grecs, les princes de la Renaissance
et les rois absolus du temps de Louis XIV, ils cherchent à légitimer leur

pouvoir par la pratique du mécénat. Et c’est bien là la bonne tradition abso-

lutiste. Le mécénat fut même, pour Haakon le Vieux, une sorte de devoir
national. Une restauration de la paix et de la civilisation était, en effet,
nécessaire après les temps troublés de son grand-père, le roi Sverre, qui,
véritable génie révolutionnaire dans l’histoire de la Norvège, avait détruit
la puissance et la culture traditionnelles de l’aristocratie norvégienne.

Haakon était en rapports étroits avec saint Louis et Henry III d’Angle-
terre. Avec ce dernier, il y eut échange constant d’ambassades et de présents.
Des documents prouvent que l’orfèvre Walther de Croxton, qui, en 1280,

TETE DE LA STATUE
DE SAINT O L A F
BOIS, ÉCOLE DE BERGEN
MILIEU DU XIIIe SIÈCLE
(Église de Fresvik.)