Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 6.1922)

UN PROBLÈME D’URBANISME

LA RECONSTRUCTION DE SALONIQUE

Entre toutes les villes (l’Orient,
Salonique passait, avant la guerre,
pour l'une des plus belles et des plus
charmantes. Le voyageur se plaisait
à errer à la découverte parmi les rues
du quartier turc, certain que quelque
lointaine échappée sur la mer ou sur
l’Olympe, la rencontre de quelque
fontaine, de quelque petite place
ombragée d’un seul arbre, viendrait
récompenser sa flânerie ; le curieux,
au Bazar ou le long de la rue du
l’église sainte-sophie a salonique Vardar, écoutait cette prodigieuse

invitation au voyage que chantent,
au milieu de tant de pouillerie, des merveilles qui semblaient échappées des
Mille et une nuits : nulle part, il n’eût pu contempler des exemplaires si
variés d’humanité ; l’artiste connaissait et aimait les vieilles basiliques,
parure si riche qu’aucune cité, pas même Constantinople, qui n’a pas encore
échappé à l’Islam, pas même Ravenne, ne peuvent nous livrer autant de
secrets sur l’architecture et la décoration byzantines.

Comme tant d’autres villes, Salonique est aujourd’hui en partie détruite ;
mais ce n’est pas le bombardement ennemi qui l’a jetée bas, c’est l’incendie.
Le i8 août 1917, une catastrophe, l’une des plus formidables de ce genre,
allait, après plusieurs jours, transformer en un amas de ruines fumantes le