Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 6.1922)

L’OEUVRE ICONOGRAPHIQUE DE CANOVA

La biographie de Canova qui mourut, le
i3 octobre 1822, il vient d’y avoir un siècle,
pourrait porter comme sous-titre : Une

amitié dangereuse. En 1783, cet artiste vit
entrer dans son atelier, à Rome, le Français
Quatremère de Quincy avec qui il contracta
une amitié qui dura près de trente ans sans
refroidissement, bien que cette liaison cons-
tituât pour lui la plus accablante comme la
plus néfaste des servitudes. Canova, dès le
début de leur intimité, voua une confiance
absolue à Quatremère. Quant à celui-ci, si
l’on fait la part de son caractère « arriviste »,
pour employer une expression moderne, et
du but que poursuivait cet homme d’une
valeur médiocre en s’instituant le mentor
d’un artiste exceptionnellement doué, il se
conduisit, on doit le reconnaître, en ami dévoué à l’égard de Canova et, s’il
le morigéna dans le privé, il combattit pour lui en public.

L’instinct de Canova le sauva, heureusement, et atténua l’effet des préceptes
dangereux. Il resta à mi-route entre la nature et l’imitation de l’antique,
seule préconisée par Quatremère. Très souvent le sens naturaliste de
l’artiste vénitien l’emporta. Cette lutte entre ses aspirations propres et le faux
idéal auquel le condamnaient les conseils du pédagogue se marque nettement
dans les œuvres de genre iconographique qu’a laissées Canova. Elles se clas-
sent d’elles-mêmes en deux groupes: d’abord, les portraits idéalisés ou hé-
roïsés; ils représentent de hauts personnages que le sculpteur, jugeant la

Phot. Ziégler.
PORTRAIT DE CANOVA
PAR GÉRARD

(.Musée du Louvre.)

- 5e PÉRIODE.

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VI.