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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 6.1922

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Mandach, Conrad von: Le symbolisme dans les dessins de Jacopo Bellini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0054

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LE SYMBOLISME DANS LES DESSINS DE JACOPO BELL1NI lu

Renaissance s’affirme dans les arts plus tôt et avec plus de logique, sans
effacer toutefois la pensée du Moyen âge, qui survit particulièrement dans le
symbolisme. Ce qui caractérise les temps nouveaux, c’est le sentiment
individuel régissant la manière de comprendre et de représenter les figures
allégoriques.

Rien n’est plus instructif, à cet égard, que la correspondance d'Isabelle
d’Este, marquise de Mantoue. A propos de la Sainte Anne de Léonard de
Vinci, Fra Pietro da Nuvolaria lui écrivait de Florence, le 3 avril i5oi :
« Léonard... a imaginé un Christ enfant âgé d’une année à peine, qui
s’échappe des bras de sa mère pour saisir un agneau et l'étreindre. Celle-ci,
se levant presque du giron de sainte Anne, s’efforce de séparer le bambin de
Y agneau, animal qui ne doit pas être immolé et qui figure la Passion du Christ.
Sainte Anne semble prête à faire un mouvement pour retenir sa fille. Peut-
être est-ce une allusion à l'Eglise, qui ne voudrait pas empêcher la Passion du
Seigneur' ».

La portée de ce passage ne semble pas avoir été suffisamment mise en
évidence. Ne permet-il pas de supposer que les milieux ecclésiastiques italiens
prêtaient parfois un sens symbolique aux Madones dont nous admirons trop
exclusivement l’attrait esthétique?

Ainsi que l’a observé Gustave Gruyer, après d’autres auteurs, les fresques
du palais Schifanoia à Ferrare sont parsemées d’allégories. Le lapin, le loup,
le chien et le singe y prennent fréquemment une signification symbolique2.
Isabelle d’Este n’avait pas moins de deux devises mystérieuses et de quatre
emblèmes.

Dans les Heures de Boussu à la Bibliothèque de l’Arsenal, postérieures à
1/190, la légende de saint Antoine est encadrée de campanules, allusion à
son attribut de la cloche ; la figure de saint Jean ressort à côté de plumes de
paon, indice de son immortalité que lui prêtaient ses condisciples; la Flagel-
lation, le Couronnement d’épines, la Montée au Calvaire, la Crucifixion et la
Déposition apparaissent au milieu d’attributs symboliques d’une audace sur-
prenante. Suivant M. Henri Martin, l’auteur de ces miniatures s’est montré
« symboliste novateur3 ». Si les enlumineurs flamands osaient s’affranchir
de la tradition à la fin du xvc siècle, avec combien plus de raison un peintre
italien, vivant au milieu de ce même siècle dans un des centres les plus actifs

1. Eug. Müntz, Léonard de Vinci; Paris, 1899, p. 386; — Mrs Julia Carlrvright, Isa-
belle d'Esle, traduit par Mme E. Schlumberger; Paris, 1912, p. 180. Le religieux est nommé
da « Novellara » ; la traduction du passage citédiflère par la forme de la version d’Eugène
Müntz, mais elle lui reste identique pour le fond.

2. ü. Gruyer, L’Art ferrerais ; Paris, 1897, t. II, p. 579, 587.

3. Les Heures de Boussu et leurs bordures symboliques (Gazette des Beaux-Arts, 1910,
t. I, p. 115 et suiv.).

— 5e PÉRIODE.

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