NOTES SUR LA SCULPTURE ROMANE EN BOURGOGNE 69
fantastiques, telles que des animaux
à deux têtes, ou bien à deux corps
pour une seule tête, qu’on voyait dans
leurs cloîtres, h'Apologie qui contient
ces critiques date de 1123-1126. Il
n’est pas douteux que Pierre le Véné-
rable, saint homme fort modeste et
de grand bon sens, n’ait fait son profit
des reproches de son ami. Il comprit
qu’il valait mieux offrir aux yeux des
moines dans les églises, plutôt que
des figures fabuleuses et grotesques
qui ne faisaient que les distraire, des
images d’un autre ordre dont le sym-
bolisme éléverait leur âme et leur
esprit1. C'est pourquoi tout porte à
croire que c’est de son temps que
furent délicatement sculptées aux
Phot. du Dr Pouzet.
2HAPITEAU D’UNE COLONNE DU CHŒUR
DE L’ÉGLISE DE CLUNY
(xiic siècle)
chapiteaux des colonnes du chœur ces
représentations des tons de la Musique — on sait la passion qu’il avait pour
cet art — des Fleuves du Paradis et des Saisons.
Les premières années de son abba-
tial furent occupées par ses visites de
prieurés et par sa lutte contre Ponce,
qui, déposé, tenta de reprendre le pou-
voir et y réussit même un instant en
na5. Cette même année un accident
terrible eut lieu dans l’église abba-
tiale, les voûtes d’une partie de la nef
s’effondrèrent. Mais on se remit aussi-
tôt aux travaux et cinq ans plus tard,
en octobre n3o, le pape Innocent II
procédait aune seconde consécration. En
1132 un chapitre général de l’ordre
réunissait 1200 religieux ; Orderic Vital
Phot. du Dr Pouzet.
CHAPITEAU D’UNE COLONNE DU CHŒUR
de l’église de cluny
( X I Ie siècle)
1. Nous pensons même que les reproches de
saint Bernard eurent une répercussion considé-
rable sur la décoration sculpturale de ce temps,
et que rapidement les sculpteurs, toujours gui-
dés par les évêques cl les abbés, abandonnèrent
leurs thèmes favoris pour adopter de plus en
plus les scènes religieuses.
fantastiques, telles que des animaux
à deux têtes, ou bien à deux corps
pour une seule tête, qu’on voyait dans
leurs cloîtres, h'Apologie qui contient
ces critiques date de 1123-1126. Il
n’est pas douteux que Pierre le Véné-
rable, saint homme fort modeste et
de grand bon sens, n’ait fait son profit
des reproches de son ami. Il comprit
qu’il valait mieux offrir aux yeux des
moines dans les églises, plutôt que
des figures fabuleuses et grotesques
qui ne faisaient que les distraire, des
images d’un autre ordre dont le sym-
bolisme éléverait leur âme et leur
esprit1. C'est pourquoi tout porte à
croire que c’est de son temps que
furent délicatement sculptées aux
Phot. du Dr Pouzet.
2HAPITEAU D’UNE COLONNE DU CHŒUR
DE L’ÉGLISE DE CLUNY
(xiic siècle)
chapiteaux des colonnes du chœur ces
représentations des tons de la Musique — on sait la passion qu’il avait pour
cet art — des Fleuves du Paradis et des Saisons.
Les premières années de son abba-
tial furent occupées par ses visites de
prieurés et par sa lutte contre Ponce,
qui, déposé, tenta de reprendre le pou-
voir et y réussit même un instant en
na5. Cette même année un accident
terrible eut lieu dans l’église abba-
tiale, les voûtes d’une partie de la nef
s’effondrèrent. Mais on se remit aussi-
tôt aux travaux et cinq ans plus tard,
en octobre n3o, le pape Innocent II
procédait aune seconde consécration. En
1132 un chapitre général de l’ordre
réunissait 1200 religieux ; Orderic Vital
Phot. du Dr Pouzet.
CHAPITEAU D’UNE COLONNE DU CHŒUR
de l’église de cluny
( X I Ie siècle)
1. Nous pensons même que les reproches de
saint Bernard eurent une répercussion considé-
rable sur la décoration sculpturale de ce temps,
et que rapidement les sculpteurs, toujours gui-
dés par les évêques cl les abbés, abandonnèrent
leurs thèmes favoris pour adopter de plus en
plus les scènes religieuses.