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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
caces intentions de M. Georges Ghalandon, de M. G. Brauer, du comte Lair,
de M. Engel-Gros, de M. L. André, de M. Aug. Picard, de M. Fenaille et
de sir J. Duveen; et l’on peut dire que le département des objets d’art
s'enrichit plus en ces quelques années qu’en plusieurs décades précédentes.
C’est à passer la revue des belles œuvres d’art que nous devons à cette glo-
rieuse phalange des amis passionnés de notre musée que seront consacrées
ces pages, sans oublier quelques objets capitaux que la caisse des Musées
nationaux fit l'effort d'acquérir.
*
* *
M. Félix Doistau avait constitué une très belle collection dont les éléments
furent dispersés il y a une quinzaine d'années. Il avait déjà, à cette époque,
fait au Louvre une fort belle donation de quelques objets orientaux : deux
très beaux bras de croix espagnols en ivoire, un tapis persan, des cuivres
arabes1. Ayant réservé de sa collection les objets d’art du Moyen âge, il
décida que les plus importants, ivoires gothiques et émaux champlevés
limousins du xiiic siècle, viendraient s’ajouter aux objets de sa première dona-
tion. Parmi ces derniers se détachent, au premier rang, une splendide croix
et une plaque de reliure2. La croix porte le Christ en champlevé émaillé sur
un fonds doré, procédé qui fut abandonné dans les ateliers limousins dans
le second quart du xnT siècle pour faire place au procédé des figures réser-
vées et dorées sur fond émaillé ; mais ici le fond est non pas uni, mais
orné de rinceaux émaillés d’un très beau dessin qui semblent indiquer la
transition d’un procédé à l’autre. La plaque de reliure qui porte le Christ en
croix entre la Vierge et saint Jean présente le dernier procédé des figures
réservées, ciselées et dorées sur un fond émaillé, ici coupé par des bandes
horizontales et semé de rosettes ciselées.
Ces deux beaux objets d’orfèvrerie, qui sont entrés dans les séries de la
galerie d’Apollon, y avaient été précédés par le précieux reliquaire prove-
nant de l’église de Jaucourt (Aube)3, et suivis par la donation récente de
l’épitaphe du clerc Guy de Meyjos, que les héritiers de M. Engel-Gros ont
offerte l’an dernier au Louvre en mémoire de leur père1. C’est un objet
d’une très grande importance, puisque la France n’a conservé de ces plaques
1. V. notre article précédent.
2. Les Accroissements des Musées nationaux français, tome lit : Le Musée du Louvre en
1920 (Paris, Demotte, 1921), pl. 45, 46, 47, 48; notices par J.-J. Marquet de Vasselot
et G. Migeon.
3. V. Gazette des Beaux-Arts, 1900, t. II, p. 351.
4- E. Molinier, Histoire des arts industriels, t. Il : L’Orfèvrerie, repr. p. 193 ; —
M. Prinet (Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1921, p. 239) ; —
G. Migeon (Revue de l’art ancien et moderne, septembre 1921).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
caces intentions de M. Georges Ghalandon, de M. G. Brauer, du comte Lair,
de M. Engel-Gros, de M. L. André, de M. Aug. Picard, de M. Fenaille et
de sir J. Duveen; et l’on peut dire que le département des objets d’art
s'enrichit plus en ces quelques années qu’en plusieurs décades précédentes.
C’est à passer la revue des belles œuvres d’art que nous devons à cette glo-
rieuse phalange des amis passionnés de notre musée que seront consacrées
ces pages, sans oublier quelques objets capitaux que la caisse des Musées
nationaux fit l'effort d'acquérir.
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M. Félix Doistau avait constitué une très belle collection dont les éléments
furent dispersés il y a une quinzaine d'années. Il avait déjà, à cette époque,
fait au Louvre une fort belle donation de quelques objets orientaux : deux
très beaux bras de croix espagnols en ivoire, un tapis persan, des cuivres
arabes1. Ayant réservé de sa collection les objets d’art du Moyen âge, il
décida que les plus importants, ivoires gothiques et émaux champlevés
limousins du xiiic siècle, viendraient s’ajouter aux objets de sa première dona-
tion. Parmi ces derniers se détachent, au premier rang, une splendide croix
et une plaque de reliure2. La croix porte le Christ en champlevé émaillé sur
un fonds doré, procédé qui fut abandonné dans les ateliers limousins dans
le second quart du xnT siècle pour faire place au procédé des figures réser-
vées et dorées sur fond émaillé ; mais ici le fond est non pas uni, mais
orné de rinceaux émaillés d’un très beau dessin qui semblent indiquer la
transition d’un procédé à l’autre. La plaque de reliure qui porte le Christ en
croix entre la Vierge et saint Jean présente le dernier procédé des figures
réservées, ciselées et dorées sur un fond émaillé, ici coupé par des bandes
horizontales et semé de rosettes ciselées.
Ces deux beaux objets d’orfèvrerie, qui sont entrés dans les séries de la
galerie d’Apollon, y avaient été précédés par le précieux reliquaire prove-
nant de l’église de Jaucourt (Aube)3, et suivis par la donation récente de
l’épitaphe du clerc Guy de Meyjos, que les héritiers de M. Engel-Gros ont
offerte l’an dernier au Louvre en mémoire de leur père1. C’est un objet
d’une très grande importance, puisque la France n’a conservé de ces plaques
1. V. notre article précédent.
2. Les Accroissements des Musées nationaux français, tome lit : Le Musée du Louvre en
1920 (Paris, Demotte, 1921), pl. 45, 46, 47, 48; notices par J.-J. Marquet de Vasselot
et G. Migeon.
3. V. Gazette des Beaux-Arts, 1900, t. II, p. 351.
4- E. Molinier, Histoire des arts industriels, t. Il : L’Orfèvrerie, repr. p. 193 ; —
M. Prinet (Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1921, p. 239) ; —
G. Migeon (Revue de l’art ancien et moderne, septembre 1921).