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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 6.1922

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Nr. 2
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Henriet, Maurice: Un amateur d'art au XVIIIe siècle: l'académicien Watelet
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https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0195

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i78

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

destinent aux arts 1 ». Le poème est divisé en quatre clianls, qui traitent du
dessin, du coloris, de la composition pittoresque et de la composition
poétique.

Artistes éclairés, vous que la raison guide,

Dans le plan d’un tableau, qu’elle seule décide
Le lieu, l’instant, le jour et l’ordre du sujet ;

Qu’elle assigne une place au principal objet!

Après de justes réflexions sur les proportions, l’équilibre et le mouvement,
sur la grâce, qui naît de l'harmonieux accord des sentiments de l’âme avec
l’action du corps, le poète adresse ce couplet à la nature, à celte nature que
vient de découvrir le xvuT siècle :

Elle est riche, sans faste, aimable sans apprêts.

Telle à nos yeux charmés, loin du luxe des villes,

Brille d’un doux éclat, dans des déserts tranquilles,

Une jeune beauté qui, simple, ne sait pas
Que la grâce et l’amour accompagnent ses pas.

Elle s’ignore et plaît; son air naïf enchante,

Le négligé la pare et la rend plus touchante.

Watelet parcourt ensuite les divers genres de peinture et décrit le pastel,
dont ses contemporains nous ont laissé de si gracieux chefs-d’œuvre :

Là, c’est un moyen prompt, dont le facile usage
Des traits de la beauté rend la fidèle image.

Les crayons mis en poudre imitent ces couleurs
Qui dans un teint parfait offrent l’éclat des fleurs.

Sans pinceau, le doigt seul placeet fond chaque teinte :

Le duvet du papier en conserve l’empreinte ;

Un cristal la défend. Ainsi, de la beauté
Le pastel a l’éclat et la fragilité.

Comme dernier précepte, qui résume tous les autres, « c'est, dit Watelet,
l'âme de l’artiste qui doit peindre ».

Ce que les sens émus prêtent aux passions,

L’âme le rend aux sens par les expressions.

Lajoie et le chagrin, le plaisir et la peine,

Font mouvoir chaque nerf, coulent dans chaque veine.

Les désirs et l’amour, la haine et les fureurs,

Ontleurs traits, leurs regards, leurs gestes, leurs couleurs.

i. En 1761, une édition in-12 est augmentée de deux poèmes latins sur le même sujet
par Dufresnoy et par l’abbé de Marcy. — Une édition allemande a été publiée par J.-A.
Lekninger (Leipzig, iÿ63, in-8).
 
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