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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 6.1922

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Nr. 3
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Reinach, Salomon: „Sainte Geneviève sur Notre-Dame de Paris": miniature parisienne du XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0282

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SAINTE-GENEVIÈVE SUR NOTRE-DAME DE PARIS

203

Suivant une légende populaire, fondée sur un passage de la vie de la sainte1,
elle tient un cierge allumé qu’un diable violet, accourant derrière elle, cherche
à éteindre avec un soufflet, tandis qu’un ange blanc, à cheveux roux, porté
sur un nuage bleu, le rallume. Cet épisode a été plusieurs fois figuré par les
sculpteurs de la fin du Moyen âge, notamment à Saint-Denis, et aussi par
des peintres de vitraux1 2; je n’en connais pas d’autre exemple en minia-
ture.

Outre sa grande basilique avec abbaye, à l’endroit où est aujourd’hui le
Panthéon, sainte Geneviève possédait, tout près de Noti’e-Dame, une
modeste église, démolie en 17/17, qui s’appelait Sainte-Geneviève la Petite
et, depuis le xvie siècle, Sainte-Geneviève des Ardents, en mémoire de l’épi-
démie du mal des ardents, que le contact de la châsse de la sainte aurait fait
cesser en n3o. Celte châsse fut souvent transférée, en procession solen-
nelle, de la montagne Sainte-Geneviève à Notre-Dame, pour obtenir la fin
d’une épidémie, d’une famine, d’une inondation, d’une guerre étrangère ou
civile. On compte onze translations au xvc siècle, quarante-quatre au xvie,
sept au xvnc et seulement deux au xvme. Les années 143o à 144o, date à laquelle
le style de la peinture, les costumes et la paléographie obligent d’attribuer le
manuscrit, furent parmi les plus calamiteuses de l’histoire de Paris, occupé
par les Anglais de 1^20 à 1436- On peut donc supposer que le motif,
jusqu’à présent unique, qui nous occupe fait allusion à quelque événement
où la puissance tutélaire de la sain te s’était manifestée au profit des Parisiens.
S’agit-il de la famine de 1438, doublée d’une épidémie, qui fit périr, dit-on,
le tiers de la population? S’agit-il plutôt de la reprise de Paris sur les
Anglais en 1436, ou delà rentrée du roi dans sa capitale le 12 novembre 1437?
Parmi ces hypothèses et d’autres, également plausibles, il n’est pas encore
permis de choisir; mais l’attitude de la sainte, la place qu’elle occupe au-
dessus des tours de la cathédrale et le paysage qui domine cette scène ne
laissent aucun doute sur l’intention du peintre, qui a bien voulu représenter
sainte Geneviève patronne de Paris dans l’affliction et intercédant pour le
salut de sa chère ville.

Au-dessous de la miniature sont quatre lignes dont les deux premières,
contenant le nom de la sainte, sont écrites en surcharge sur un texte effacé.
Puis on lit ces vers :

O felix ancilla Dei, nos pondéré pressos

Exonéra et fessos mordaoibus exue culpis.

1. Voir Lesêtre, Sainte Geneviève, p. 70-71.

2. Cahier, Caractéristiques des Saints, p. 136, 197; Migne, Dictionnaire d’iconographie,
p. 241.
 
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