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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
traits sont d’un dessin assez faible, d’un coloris conventionnel; mais tous les
contemporains s’accordent pour en vanter l’extrême ressemblance. Le por-
trait de Pierre le Grand, « dessiné d’après nature en 1723, deux ans avant la
mort de Sa Majesté Impériale par M. Caravac, son peintre », a été gravé à
Paris en 1743 par P. Soubeyran « d’après l’original communiqué par Mon-
seigneur le Prince Canternir, ambassadeur de Russie à la Cour de France »
et une seconde fois, en 1784, par P.-G. Langlois.
Nous ne nous attarderons pas aux portraits posthumes de Pierre le Grand
qui ne rentrent pas dans le cadre de cette étude iconographique. Notons tou-
tefois que c’est d’après le portrait de Caravaque que Marie-Anne Collot mo-
dela, à la requête de son maître Falconet, mécontent de ses projrres essais, la
tête de la statue équestre de Pierre le Grand reproduite ici en lettre. Le
modèle de Mlle Collot, dessiné par le peintre russe Losenko, fut gravé à
Pétersbourg en 1772 par ce même Henriquez qui devait graver l’année
suivante le portrait de Rigaud. Cette tête colossale est le meilleur portrait
posthume de Pierre le Grand ; mais c’est une tête idéalisée, héroïsée pour les
besoins de la sculpture monumentale, et qui n’a pas, comme les portraits
de Nattier ou de Caravaque, la valeur d’un document.
Sauf le portrait d’Oudry qui n’a pas été retrouvé jusqu’à présent et que les
dessins que nous publions permettront peut-être d'identifier, presque tous
les portraits français de Pierre le Grand sont conservés en Russie. On a pu
revoir à la fameuse Exposition de portraits russes organisée à Pétersbourg
au Palais de Tauride en 1908 les portraits de Nattier1 et de Rigaud provenant
du Palais d’Hiver, le Largillière du corps des cadets de Pollava, le Pierre Ier
à Poltava de Martin le Jeune prêté par Tsarskoé Sélo. Quant au portrait
équestre de François Jouvenet, il est toujours au palais de Gatchina. Souhai-
tons que ce précieux ensemble, qui est une part infime, mais non négli-
geable, de l’énorme patrimoine artistique de la France en Russie, traverse
sans dommage le nouveau « temps des troubles » que la révolution bolche-
viste inflige à la Russie.
LOUIS BEAU
1. D’après Alexandre Benois, l’original du portrait de Catherine 1er par Nattier
serait non pas à la Galerie Romanov, niais dans la collection de la comtesse Chouvalov, à
Pétrograd.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
traits sont d’un dessin assez faible, d’un coloris conventionnel; mais tous les
contemporains s’accordent pour en vanter l’extrême ressemblance. Le por-
trait de Pierre le Grand, « dessiné d’après nature en 1723, deux ans avant la
mort de Sa Majesté Impériale par M. Caravac, son peintre », a été gravé à
Paris en 1743 par P. Soubeyran « d’après l’original communiqué par Mon-
seigneur le Prince Canternir, ambassadeur de Russie à la Cour de France »
et une seconde fois, en 1784, par P.-G. Langlois.
Nous ne nous attarderons pas aux portraits posthumes de Pierre le Grand
qui ne rentrent pas dans le cadre de cette étude iconographique. Notons tou-
tefois que c’est d’après le portrait de Caravaque que Marie-Anne Collot mo-
dela, à la requête de son maître Falconet, mécontent de ses projrres essais, la
tête de la statue équestre de Pierre le Grand reproduite ici en lettre. Le
modèle de Mlle Collot, dessiné par le peintre russe Losenko, fut gravé à
Pétersbourg en 1772 par ce même Henriquez qui devait graver l’année
suivante le portrait de Rigaud. Cette tête colossale est le meilleur portrait
posthume de Pierre le Grand ; mais c’est une tête idéalisée, héroïsée pour les
besoins de la sculpture monumentale, et qui n’a pas, comme les portraits
de Nattier ou de Caravaque, la valeur d’un document.
Sauf le portrait d’Oudry qui n’a pas été retrouvé jusqu’à présent et que les
dessins que nous publions permettront peut-être d'identifier, presque tous
les portraits français de Pierre le Grand sont conservés en Russie. On a pu
revoir à la fameuse Exposition de portraits russes organisée à Pétersbourg
au Palais de Tauride en 1908 les portraits de Nattier1 et de Rigaud provenant
du Palais d’Hiver, le Largillière du corps des cadets de Pollava, le Pierre Ier
à Poltava de Martin le Jeune prêté par Tsarskoé Sélo. Quant au portrait
équestre de François Jouvenet, il est toujours au palais de Gatchina. Souhai-
tons que ce précieux ensemble, qui est une part infime, mais non négli-
geable, de l’énorme patrimoine artistique de la France en Russie, traverse
sans dommage le nouveau « temps des troubles » que la révolution bolche-
viste inflige à la Russie.
LOUIS BEAU
1. D’après Alexandre Benois, l’original du portrait de Catherine 1er par Nattier
serait non pas à la Galerie Romanov, niais dans la collection de la comtesse Chouvalov, à
Pétrograd.