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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC.
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

N° 6. Belgique. — 51 Mars 1862. Quatrième Année.

On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessabo ,
éditeurs; à Bruxelles, chez Decq et Muqijardt ; à Gand ,
chez Hoste ; à Liège, chez De Soer ; Pour les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne: R. Wei-
gel; Leipzig. Pour la France : Ve Renouard, Paris.
Pour la Hollande : Martinus NïHOFF, à La Haye. Pour
l'Angleterre et l'Irlande : chez. Barthès et Lowell,

SOMMAIRE : Idéalisme el Béalisme par le DT Ernest
Fiirster. — Art monumental (fin). — Sur les écoles in-
dustrielles, lettre de M. Wnvqinire. — Entrefilet. —
Correspondances particulières ; Berlin. — Cologne. —
Conférences de M. Weale, à Gand. — Nouvelles d'atelier,
chronique. — Annonces.

IDÉALISME ET RÉALISME.

PAU LE DOCTEUR ERNST FÔRSTER, DE MUNICH.

La question tant de fois débattue, si c'est
l'Idéalisme ou le Réalisme qui doit régner ou
dominer dans l'art, a souvent divisé les dis-
ciples de celui-ci en deux camps ennemis. Si
nous ne combattons plus comme au temps
du Spagnoletto et du Guide, avec le poison
et le poignard, l'opposition entre nous est
"assez forte, assez accentuée pour qu'un tra-
vail en commun étant impossible à cause de
ces divisions qui se partagent la Bavière, on
ne puisse arriver à une décision claire de la
question artistique la plus élevée qu'il y ait.
La création artistique prenant naissance dans
la nature même de l'artiste, et celle-ci s'ex-
primant par une puissance individuelle, par
une manière distincte de comprendre, il est
évident qu'une influence extérieure ne peut
avoir qu'une action limitée ou nulle. Chacun
a le droit d'exprimer sa nature en accord
avec lui-même, et ne produira ses plus belles
créations qu'en étant en harmonie avec son
individualité. Néanmoins, le droit nous reste
de nous rendre compte, à nous-mêmes et
aux autres, des motifs qui nous déterminent,
en présence d'une opinion ennemie, à rester
attachés à la nôtre. Peut-être que cette re-
cherche rectifiera l'un ou l'autre jugement,
et que le lien qui unit ceux qui pensent de mê-

14 Greal Marlhorough Street, à Londres. ■— Prix d'à- I
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an , 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, 5 fl.— Angleterre
el Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dam l'année. — Annonces 20 c. la ligne.

— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom , imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

me, sera raffermi et plus fortement resserré.

Les disciples de l'Idéalisme ont été sou-
vent attaqués par cette assertion piquante :
« Qu'ils cultivent la peinture des pensées. »
Qu'il me soit permis de parler en abrégé des
droits de la pensée dans fart. Mais avant d'en-
tamer ce sujet, je me permettrai d'attirer
l'attention sur certains droits de l'art simulta-
nés à ceux de la pensée. Le sujet de l'art, no-
tamment de la sculpture, c'est la nature, et,
particulièrement, le corps humain (qui est
aussi l'image, la base de la figure des dieux
et des anges). Les attributs les plus généraux
de la nature sont son immuabilité et sa plé-
nitude. Tels qu'aujourd'hui nous voyons le
lever et le coucher du soleil, l'air, les phé-
nomènes terrestres, les montagnes, l'océan,
les arbres et tout ce qui s'y rattache, tels ils
étaient dans l'origine et depuis la création
du premier homme. Le corps humain n'a
reçu aucun membre nouveau, ni rien n'a
été changé dans l'ordre de ses diverses par-
ties. La perfection, dans sa vocation la plus
élevée, est soumise à la même loi que la ma-
tière qui est ici bas en tout semblable à elle
même. L'œuvre de l'homme, travaillant la
matière, rivalisant de zèle avec la nature,
restera toujours fort en dessous des œuvres
de la création, que l'on considère celle-ci
depuis la combinaison d'un cheveu ou d'un fil
de lin jusqu'à la splendeur rayonnante de l'œil
humain, depuis le parfum enivrant répandu
sur un paysage jusqu'au charme d'un beau
corps bien constitué ou jusqu'à la merveille
de sa formation et de sa préservation.

A cela se rattachent quelques lois inalté-
rables sur les formes, les proportions, la
pesanteur, le mouvement, la perspective la
coloration, la lumière, lois qui n'ont point

été imaginées et faites par l'homme, mais qui
sont liées originairement par un lien indis-
soluble à la création même. Ces lois peuvent
bien être momentanément méconnues, mais
elle ne peuvent être repoussées qu'au détri-
ment de celui qui voudrait les oublier ou seu-
lement les affaiblir. Admettant que la nature
et la ligure humaine sont les objets de l'art,
celui-ci doit se soumettre aux mêmes lois
qui régissent celles-là ; il ne peut créer des
formes à sa volonté, pas plus qu'innover un
autre ordre dans les proportions des mem-
bres, ni les modifier et les faire se mouvoir
en dehors du possible.

Il s'agit donc de reconnaître les formes de
la nature, de s'identifier avec elles, de péné-
trer ses lois, d'avoir et de développer la
puissance de créer soi-même en harmonie
avec les lois de la nature. La soumission à ce
devoir donne à l'art un droit : « le droit,
dans ses œuvres, d'avoir pour modèle la
création, la nature avec ses formes et ses
lois et de rester en harmonie avec elles. »

En même temps que ce but, ou plutôt avant
lui, un autre a été donné à l'art : ni la nature
ni le corps humain ne sont, pour eux-mêmes,
le but originel de l'art; ils le sont seulement
comme expression d'une idée. Le but principal
et primitif de l'art est d'amener une idée,
une conception, à une représentation qui
tombe sous les sens. Tout comme l'art des
sons, la musique, ne tend pas uniquement à
reproduire dans ses mélodies un son naturel
ou à suivre les lois musicales, mais à expri-
mer aussi des sentiments de l'âme, la douleur
ou la joie, le désir ou la jouissance, la colère
ou l'amour, ainsi la nature et la figure hu-
maine ne sont point le but final de l'activité
t artistique : elles le servent bien plus qu'elles
 
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