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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC.
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

IV 18.

Os s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessabo ,
éditeurs; à Bruxelles, chez Decq et Muqijardt; à Gand ,
chez Hoste ; à Liège, chez De Soer ; Pour les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne: U.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : Ve Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nïhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Bahthès et Lowell ,

SOMMAIRE : La Belgique intellectuelle et artistique
dans ces derniers temps. — Correspondance particulière :
Bruxelles. — Ollio Van Veen. — Les fresques d'Edouard
Armilage à Londres. — Le. Congrès de Bruges. — Nou-
velles d'atelier. — Annonces.

LA BELGIQUE

INTELLECTUELLE ET ARTISTIQUE

DANS CES DERNIERS TEMPS.

Il n'est pas encore fort éloigné le temps
où chez certaines nations, le nom seul de Bel-
ge équivalait à quelque chose de bon et
d'honnête, peut-être, mais en même temps
de lourd, d'obtus, de peu apte à tout ce qui
est du ressort de l'intelligence. Ces lourds Fla-
mands, (parmi lesquels, par parenthèse, se
trouvaient compris les Wallons), n'étaient
bons qu'à cultiver la terre, à l'arroser de
leurs sueurs pour que d'autres, sans doute,
vinssent jouir de la récolte. Ils faisaient aussi
de bons ouvriers, et de cette ruche bourdon-
nante d'industrieuses abeilles, plus d'un es-
saim élait réclamé pour aller au loin montrer
son savoir-faire; mais c'était tout. Tour à tour,
un froid silence, de dédaigneuses allusions,
l'ironie, quelquefois même l'outrage et la ca-
lomnie , toutes les armes enfin que le fort em-
ploie pour écraser le faible, ont été employées
pour prouver au monde civilisé que la Belgi-
que n'abritait que des bras et pas une tête.

Pendant ce temps, notre patrie ne perdait
pas un instant pour conquérir la place à la-
quelle elle sentait avoir droit. N'ignorant pas
que ce n'est pas du jour au lendemain que l'on
crée une littérature parfaite, une école artis-
tique accomplie, des savants consommés,

Belgique. — 30 Septembre 1862.

14 Grcat Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an , 8 l'r. — Etranger (port compris). —Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, 5 fl. — Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. •— Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 20 c. la ligne.

Quatrième Année.

— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom, imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription ,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction _

elle assit d'abord sur des bases libres et gé-
néreuses sa constitution politique, elle en-
couragea ensuite les moindres efforts de ses
enfants, n'importe en quelle branche, et
comprenant avec une rare sagacité que ce ne
sont pas les vaines déclamations qui mènent
au succès, mais bien le travail et l'honneur,
elle travailla, elle travailla sans cesse, sans
paix ni trêve; elle dédaigna le mépris et les
railleries, elle fonda des institutions huma-
nitaires, scientifiques, artistiques, les études
se propagèrent, les aptitudes se manifestè-
rent, les gouvernants leur tendirent une main
protectrice; le commerce s'étendit, l'indus-
trie prospéra, des lois sages et utiles furent
promulguées, la vie politique s'anima, la lit-
térature aborda des sphères plus élevées,
l'art, l'art surtout ouvrit de larges aîles, et
mieux que tout le reste peut-être, parce qu'il
parle aux yeux de la foule et qu'il se trans-
porte jusqu'aux régions les plus éloignées,
l'art divin alla dans les deux mondes répondre
au méprisant silence, à l'ironie, à l'outrage.

Peu à peu, la curiosité s'éveilla, une esti-
me involontaire saisit les coeurs équitables
et honnêtes; on regarda, on s'étonna, mais
on ne put prendre encore sur soi d'applaudir
ouvertement. Il vint une heure cependant où
la justice commença à se faire jour : après
vingt-cinq ans de paix, de travail et d'union,
la nation se recueillit et se sentit assez forte
pour élever la voix. Elle n'oublia point que
si elle avait marché si rapidement, que si
elle était arrivée si haut, elle le devait, non-
seulement à ses efforts personnels, mais aussi
à celui qui avait pris en main ses destinées.
Des fêtes splcndides furent organisées : les
arts, les sciences, les forces politiques, l'in-
dustrie, tout ce qui, en un mot, constitue

i

un pays, accourut autour d'un trône vénéré,
et là, devant l'Europe entière dont les repré-
sentants étaient venus rendre hommage à la
grandeur de ce moment, là fut renouvelé le
pacte signé vint-cinq ans auparavant, pacte
dont le résultat était la prospérité de toutes
les branches utiles et la splendeur de tous les
arts. D'autres étapes vinrent d'année en an-
née accroître l'estime des nations étrangères ;
mais il y avait encore quelques récalcitrants,
quelques aveugles volontaires auxquels il
fallait rendre la vue malgré eux.

Ce fut l'art qu'on chargea de cette dernière
victoire et ce fut à la ville d'Anvers que re-
vint l'honneur de l'initiative.

En 18G1, la cité de Rubens ouvrit ses an-
tiques portes aux artistes, aux littérateurs
du monde entier, et de véritables merveilles
s'accomplirent pendant ces journées dont
le souvenir vibre encore en nous et ne s'effa-
cera jamais du cœur de ceux qui y ont assis-
té. Le Congrès d'Anvers ouvrit une route
nouvelle à nos jeunes intelligences; son peu
de durée, le temps si court réservé aux ora-
teurs, empêcha sans doute des résultats
complets, mais de belles et généreuses idées
furent émises, de nobles paroles furent pro-
noncées, et l'honneur d'un fait intelligent
par excellence revint tout entier à la Belgi-
que.

Une fois l'élan donné, la Belgique ne s'ar-
rêtera plus; l'impulsion digne de tout éloge,
donnée à la littérature flamande, n'est pas
un des épisodes les moins significatifs de
notre vie intellectuelle. Laissons de côté les
exagérations de certains esprits, n'attribuons
qu'à un zèle outré ces velléités d'entrave au
libre choix d'une langue, condamnons tout
ce qui, dans ce mouvement, tend à désunir
 
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