Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 146 —

des frères, à établir des rivalités haineuses,
à faire oublier l'admirable devise adoptée
parla Belgique. Mais, une fois ces restric-
tions faites, encourageons ce réveil du vieux
flamand, n'oublions pas que nous devons à
la langue de nos pères plus d'un génie, et
rappelons-nous surtout quelle digue puissan-
te elle élève contre l'envahissement des
mœurs et de l'esprit gaulois.

Un acte important vient de s'accomplir à
Bruges ; le bon sens inné de nos populations,
le patriotisme éclairé de quelques hommes
supérieurs, ont su , malgré quelques sourdes
et vaines tentatives, conserver à cette belle
fête le caractère que seul elle devait avoir:
l'union de deux nations amies, qui n'ont pas
oublié les similitudes de leurs races et qui
viennent apporter leur contingent au progrès
général. Les congrès linguistiques où se réu-
nissent la Hollande et la Belgique, sont de la
plus haute importance pour la littérature
flamande; en effet, le cercle des lecteurs sera
doublé dès que les œuvres des deux peuples
seront parfaitement comprises de l'un comme
de l'autre. Une langue néerlandaise uniforme
pour les deux pays et parlée par six à sept
millions d'individus, peut prendre un rang
sérieux parmi les langues de l'Europe. A ces
différents points de vue, le Congrès de Bru-
ges a eu une très grande portée, espérons que
les idées pratiques émises par les hommes
éminents qui y assitaient, recevront leur ap-
plication et auront le résultat que l'on est en
droit d'en attendre (1)

A peine les savants flamands et néerlandais
sont-ils rentrés dans leurs foyers, que voici
une nouvelle fête de l'intelligence. Une idée
vraiment grande est née parmi nous; à peine
fut-elle mise au jour que les noms les plus
honorables vinrent se grouper autour d'elle.
L'Association internationale pour le progrès
des sciences sociales, est une de ces créations
pleines d'avenir et de puissance qui peuvent
faire faire à l'humanité un pas immense. On
demande peut- être en général trop d'un Con-
grès. Il est impossible que tout y soit par-
faitement dit et expliqué; les décisions nettes
y sont presque impossibles. Il sulïit que les
idées s'y fassent jour ; c'est la semence jetée
dans un champ fertile, ouvert à tous les la-
boureurs : chacun d'eux peut ensuite voir
lever le grain et aider à faire la récolte. Nous
ne nous occuperons pas aujourd'hui en détail
de ce Congrès ; nous réservons ce travail pour
l'un de nos prochains numéros. Qu'il nous
sullise de dire qu'un témoignage de plus a
été donné aux progrès constants de la B.el-

(i) Nous donnons plus loin une rapide analyse des
divers sujels qui ont occupé l'assemblée.

I gique et à la place glorieuse qu'elle occupe
aujourd'hui parmi les nations européennes.

Dans cet aperçu rapide sur la marche as-
cendante de l'intelligence dans notre patrie,
nous ne pouvons passer sous silence l'admi-
rable succès de son école artistique à Lon-
dres. De toutes parts abondent les éloges et
les marques d'admiration; bénissons la pos-
sibilité donnée à tous de montrer à l'Univers
le résultat des efforts de l'esprit et du génie.
Oui, nous sommes fiers de voir enfin ceux

■ dont le dédain nous humiliait naguère, s'é-

' crier dans leurs journaux : « les Belges nous
écrasent! » Cette justice un peu tardive, elle
est venue à la fin, et disons-le pour être justes
à notre tour, elle est venue franche et com-
plète. Nous oublions volontiers tant d'années
d'indifférence et de dénigrement pour tendre
une main amie au nord et au midi, à l'est et
à l'ouest. Sans autre secours que nous-mêmes,
sans autre encouragement (pie le sentiment
du devoir accompli, nous sommes arrivés
assez haut pour dédaigner de mesquines ran-
cunes et notre succès est assez grand pour
ne laisser de place en nos cœurs qu'à des sen-
timents généreux.

Que l'école artistique belge ne se rappelle
le passé que comme un enseignement pour
l'avenir. Ne nous enivrons point de cet encens
bien fait pour nous étourdir un peu après
d'aussi rudes combats; ne nous endormons
point sur nos lauriers et ne gâtons pas notre
victoire par l'orgueil et une trop haute esti-
me de nous-mêmes. Songeons (pie nous avons
encore beaucoup à acquérir. Aux dons natu-
rels que la Providence déverse si généreu-
sement à nos artistes, qu'ils sachent joindre
ceux qui naissent de la méditation et de
l'étude. Instruisons-nous dans le silence du
cabinet ou de l'atelier; ajoutons à cette éner-
gie virile, à cet admirable coloris, à toutes
ces qualités techniques, ajoutons les grâces
de l'esprit qui ne se développent que par une
instruction profonde et la chaleur du senti-
ment donnée seulement à ceux qui ont une foi

I entière dans les vertus divines et sociales. Ne
dépassons pas surtout les limites qui nous
sont assignées, et tout en marchant constam-
ment vers ce progrès qui atteste l'âme à
chaque pas (pie nous faisons, ne le cherchons
pas toujours dans des théories souvent inap-
plicables, plus éclatantes que vraies, plus
neuves que justes, plus brillantes quesolides.
Cette voie est dangereuse, elle en a perdu
beaucoup et des plus forts. Restons nous, dans
l'art surtout, dont l'originalité est la qualité
essentielle. L'étude de l'histoire saura déve-
lopper notre pensée, la nature est là pour
nous servir d'éternel modèle; ne cherchons
pas ailleurs. Pour résumer, nous pouvons
être fiers et heureux du résultat obtenu ; et

en présence des grands problèmes qui res-
tent à résoudre dans le domaine des arts,
des sciences, de toutes les branches de l'esprit
humain, nous pouvons retremper notre cou-
rage et marcher à l'avenir avec une nouvelle
ardeur, en disant sans orgueil comme sans
fausse modestie, que la Belgique intellectuelle
et artistique a bien mérité du monde.

CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE.

Bruxelles.

Préoccupationsdnmoment. —L'arlickde M. Proudhon.

— La réponse de Joseph Boniface. — Le banquet de V.
Hugo. — La retraite du Directeur-Général des Beaux-
Arts. — Le Congrès des sciences sociales. — Le groupe de
d'Egmonl el de Homes. — Le monument du comte Félix
de Mérodc. — La statue de il. Masui. — Le dernier ta-
bleau de M. Debiefve. ■—■ Vente possible de la galerie
d'Arenberg. — Acquisitions du musée de Bruxelles. —
Le Nederlandsciie Spiïctator et la commission du musée

— Le progrès au XIXe siècle, poëme de M. Emile L'Hoest.

De quoi vous entretiendrai-je dans cette
lettre? sera-ce de l'article et des lettres de
M. Proudhon et partant de la brochure de
Joseph Boniface? ces faits sont aujourd'hui
du domaine de l'histoire. Proudhon est parti
et la brochure de Boniface est épuisée. Vous
parlerai-je du banquet donné à Victor Hugo?
je n'y étais pas et vous connaissez comme
moi le discours coup-dc-foudre qu'il a pro-
noncé. Je ne me ferai point non plus l'écho
des bruits qui courent sur la retraite de M.
le Directeur-Cénéral des Beaux-Arts et qui
prennent de jour en jour une plus grande
consistance. Quant au Congrès, à l'heure où
paraîtront ces lignes, il aura tenu ses séan-
ces, et, sans vouloir rien préjuger, je crois
pouvoir affirmer que l'on n'y prendra aucune
décision par cela même que l'on ne peut en
prendre, le vote n'étant point admis d'après
le règlement; on se bornera donc à y dis-
cuter la question de l'art industriel, celle
de l'enseignement artistique de nos jours
comparé à celui d'autrefois; l'influence de
la presse sur la littérature et enfin une
question musicale : du genre de musique le
plus propre à exercer de l'influence sur les
niasses. Voilà je crois, à peu près, les ques-
tions qui touchent aux Beaux-Arts.

Je vais vous transmettre le peu de nouvel-
les artistiques que j'ai recueillies et vous don-
ner mon appréciation sur quelques œuvres
nouvelles que j'ai été à même de voir.

L'atelier de M. Fraikin est en ce moment
encombré. On y travaille à trois œuvres
monumentales, le groupe d'Egmont et de Hor-
nes pour la grande place, le monument du
comte de Mérode pour l'église Sle Cudule et
 
Annotationen