JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC.
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Paraissant deux fois par mois.
N° 22.
On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessaro,
éditeurs ; à Bruxelles, chez Decq et Muquaudt ; à Gand,
chez IIoste ; ii Liège, chez DsSoERet Decq ; les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne: R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : V°Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez ISarthès et Lowell ,
SOMMAIRE : De l'enseignement du dessin : lettre de
M. E. Wauquière. — Correspondances particulières :
Munich : La dernière fresque de Kaulbach à Berlin. —
Hambourg. — Deux mots sur l'organisation des cours
d'architecture dans les académies des Beaux-Arts. —
Bibliographie et Iconographie : 49. Picciola. 50. Récits
enfantins. — Nouvelles d'atelier. — Annonces.
ENSEIGNEMENT DU DESSIN.
Sous une forme vive, spirituelle et parfois
d'une causticité toute gauloise, M.Wauquière,
Directeur de l'académie des Beaux-Arts de
Mons, dans la lettre qu'il nous adresse et que
nous publions, traite sérieusement le con-
cours ouvert par le Gouvernement au sujet
de la meilleure méthode pour apprendre à des-
siner. A ce propos, notre honorable corres-
pondant exprime des craintes que nous ne
saurions partager et des idées dont quel-
ques-unes sont aussi les nôtres.
Expliquons-nous :
La centralisation dont M. Wauquière s'ef-
fraie, ne nous paraît pas devoir menacer le
domaine de l'art. Les esprits et les faits pro-
testent énergiquement contre cette opinion,
et il suffit de compter avec attention les pulsa-
tions de la vie artistique en province, pour
être rassuré sur ce point. S'il existait à cet
égard des intentions cachées, la répugnance
générale qu'éprouverait le pays à les ad-
mettre et à les seconder, en ferait prompte
justice. Donc, sous ce rapport, nous croyons
notre correspondant dans l'erreur. La liberté
nous est trop chère en Belgique pour crain-
dre jamais les pièges qu'on voudrait lui ten-
dre.
En ce qui concerne la méthode en elle-
même , nous laissons à M. Wauquière une
Belgique. — 30 Novembre 1862.
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an, 8 l'r. — Étranger (port compris). — Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, 5 11. —Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 20 c. la ligne.
opinion que son expérience personnelle a
fortifiée. Nous ne le suivrons point dans un
débat qui réclame de la part des délibérants
des connaissances théoriques et techniques
spéciales. C'est là, du reste, l'affaire du Con-
seil de perfectionnement des arts du dessin,
mis en cause par notre correspondant.
Comme lui nous aimons avant tout la liberté
dans l'enseignement des arts, et nous ne vou-
drions ni enrégimenter, ni discipliner les aca-
démies ; mais il est évident pour tous ceux
que la question intéresse, que la plupart de
nos académies ne sont pas à la hauteur, je ne
dirai pas des progrès sociaux, mais des néces-
sités sociales. Sans exiger de discipline ou
d'enrégimentation, on peut et on doit exiger
que l'enseignement de l'art, d'abord garanti
à tous, soit assez fort pour satisfaire à tous
les besoins en laissant complètement libre
l'initiative communale. Depuis trente ans nous
avons beaucoup appris en Belgique; il faut
appliquer cette expérience à fortifier notre ré-
régirne, à élargir notre horizon, à agrandir
notre pensée. Bien n'empêche l'exercice de la
religion de l'éclectisme qui convient le mieux
aux arts, etcelaavec des professeurs capables
et intelligents; au contraire, c'est cette reli-
gion que nous voudrions étendre, et, dans
l'état actuel des choses, c'est la routine qui
l'étouffé ou l'annihile; c'est l'habitude, la
tiédeur, et je ne sais quelle paresse d'oser,
qui pèse sur notre enseignement public. Voilà
où doit porter la réforme, et nous croyons
voir assez clair dans le fond de la pensée
de M. Wauquière pour être sûr qu'il nous
donne raison.
Il va sans dire que le jugement que nous
venons d'émettre ne s'applique pas à quel-
ques-unes de nos académies de province qui
Quatrième Année.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom, imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
constituent d'honorables exceptions. Honneur
à celles-là; c'est peut-être à leur exemple que
nous devons cette agitation de bon augure
qui se manifeste dans le monde enseignant.
Ceci dit, voici la lettre de M. Wauquière
que nous remercions d'une part pour son
dévouement à la cause artistique, d'autre
part pour le charme qu'il a su répandre
sur une matière naturellement assez ingrate.
Mons, le 10 Novembre 18G2.
A Monsieur le Directeur du Journal des Beaux-Arts
et de la Littérature.
Caveant Consules.
Monsieur,
II paraît que, jusqu'à ce jour, l'enseigne-
ment du dessin a tourné dans un cercle
vicieux et cela est bien déplorable; si déplo-
rable , que le Gouvernement vient de décider
qu'un concours aurait lieu et que l'auteur
de la meilleure méthode pour apprendre à
dessiner à main levée, sans règle ni compas,
ne gagnerait pas moins qu'un prix de 1,500 fr.
Vous voyez bien, Monsieur, que si l'art du
dessin n'est pas plus répandu en Belgique, ce
n'est pas faute d'encouragement; la méthode
seule a manqué et l'on fait tout ce qu'il est
possible de faire pour se la procurer; le mal
est connu et l'on s'empresse d'en chercher le
remède. On le trouvera, gardez-vous d'en
douter.
Il est des personnes qui prétendent même
que le système qui doit régénérer le goût des
arts dans nos populations est tout trouvé et
ET DE LA LITTÉRATURE.
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC.
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Paraissant deux fois par mois.
N° 22.
On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessaro,
éditeurs ; à Bruxelles, chez Decq et Muquaudt ; à Gand,
chez IIoste ; ii Liège, chez DsSoERet Decq ; les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne: R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : V°Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez ISarthès et Lowell ,
SOMMAIRE : De l'enseignement du dessin : lettre de
M. E. Wauquière. — Correspondances particulières :
Munich : La dernière fresque de Kaulbach à Berlin. —
Hambourg. — Deux mots sur l'organisation des cours
d'architecture dans les académies des Beaux-Arts. —
Bibliographie et Iconographie : 49. Picciola. 50. Récits
enfantins. — Nouvelles d'atelier. — Annonces.
ENSEIGNEMENT DU DESSIN.
Sous une forme vive, spirituelle et parfois
d'une causticité toute gauloise, M.Wauquière,
Directeur de l'académie des Beaux-Arts de
Mons, dans la lettre qu'il nous adresse et que
nous publions, traite sérieusement le con-
cours ouvert par le Gouvernement au sujet
de la meilleure méthode pour apprendre à des-
siner. A ce propos, notre honorable corres-
pondant exprime des craintes que nous ne
saurions partager et des idées dont quel-
ques-unes sont aussi les nôtres.
Expliquons-nous :
La centralisation dont M. Wauquière s'ef-
fraie, ne nous paraît pas devoir menacer le
domaine de l'art. Les esprits et les faits pro-
testent énergiquement contre cette opinion,
et il suffit de compter avec attention les pulsa-
tions de la vie artistique en province, pour
être rassuré sur ce point. S'il existait à cet
égard des intentions cachées, la répugnance
générale qu'éprouverait le pays à les ad-
mettre et à les seconder, en ferait prompte
justice. Donc, sous ce rapport, nous croyons
notre correspondant dans l'erreur. La liberté
nous est trop chère en Belgique pour crain-
dre jamais les pièges qu'on voudrait lui ten-
dre.
En ce qui concerne la méthode en elle-
même , nous laissons à M. Wauquière une
Belgique. — 30 Novembre 1862.
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an, 8 l'r. — Étranger (port compris). — Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, 5 11. —Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 20 c. la ligne.
opinion que son expérience personnelle a
fortifiée. Nous ne le suivrons point dans un
débat qui réclame de la part des délibérants
des connaissances théoriques et techniques
spéciales. C'est là, du reste, l'affaire du Con-
seil de perfectionnement des arts du dessin,
mis en cause par notre correspondant.
Comme lui nous aimons avant tout la liberté
dans l'enseignement des arts, et nous ne vou-
drions ni enrégimenter, ni discipliner les aca-
démies ; mais il est évident pour tous ceux
que la question intéresse, que la plupart de
nos académies ne sont pas à la hauteur, je ne
dirai pas des progrès sociaux, mais des néces-
sités sociales. Sans exiger de discipline ou
d'enrégimentation, on peut et on doit exiger
que l'enseignement de l'art, d'abord garanti
à tous, soit assez fort pour satisfaire à tous
les besoins en laissant complètement libre
l'initiative communale. Depuis trente ans nous
avons beaucoup appris en Belgique; il faut
appliquer cette expérience à fortifier notre ré-
régirne, à élargir notre horizon, à agrandir
notre pensée. Bien n'empêche l'exercice de la
religion de l'éclectisme qui convient le mieux
aux arts, etcelaavec des professeurs capables
et intelligents; au contraire, c'est cette reli-
gion que nous voudrions étendre, et, dans
l'état actuel des choses, c'est la routine qui
l'étouffé ou l'annihile; c'est l'habitude, la
tiédeur, et je ne sais quelle paresse d'oser,
qui pèse sur notre enseignement public. Voilà
où doit porter la réforme, et nous croyons
voir assez clair dans le fond de la pensée
de M. Wauquière pour être sûr qu'il nous
donne raison.
Il va sans dire que le jugement que nous
venons d'émettre ne s'applique pas à quel-
ques-unes de nos académies de province qui
Quatrième Année.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom, imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
constituent d'honorables exceptions. Honneur
à celles-là; c'est peut-être à leur exemple que
nous devons cette agitation de bon augure
qui se manifeste dans le monde enseignant.
Ceci dit, voici la lettre de M. Wauquière
que nous remercions d'une part pour son
dévouement à la cause artistique, d'autre
part pour le charme qu'il a su répandre
sur une matière naturellement assez ingrate.
Mons, le 10 Novembre 18G2.
A Monsieur le Directeur du Journal des Beaux-Arts
et de la Littérature.
Caveant Consules.
Monsieur,
II paraît que, jusqu'à ce jour, l'enseigne-
ment du dessin a tourné dans un cercle
vicieux et cela est bien déplorable; si déplo-
rable , que le Gouvernement vient de décider
qu'un concours aurait lieu et que l'auteur
de la meilleure méthode pour apprendre à
dessiner à main levée, sans règle ni compas,
ne gagnerait pas moins qu'un prix de 1,500 fr.
Vous voyez bien, Monsieur, que si l'art du
dessin n'est pas plus répandu en Belgique, ce
n'est pas faute d'encouragement; la méthode
seule a manqué et l'on fait tout ce qu'il est
possible de faire pour se la procurer; le mal
est connu et l'on s'empresse d'en chercher le
remède. On le trouvera, gardez-vous d'en
douter.
Il est des personnes qui prétendent même
que le système qui doit régénérer le goût des
arts dans nos populations est tout trouvé et