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— 65 —

ce que ce tableau exquis, un Crucifiement
avec beaucoup de figures, nous soit resté,
qu'il n'ait pas suivi le même chemin quêtant
de trésors d'art que Cologne possédait au-
trefois. Les amis modernes des Beaux-Arts
eux-mêmes, qui ne sont rien moins qu'en-
thousiastes des œuvres de l'ancienne école
allemande, sont d'accord pour constater que
ce tableau est une acquisition digne de notre
Musée.

M. Edmond Renard, jeune statuaire, élève
de M. Mohr, s'occupe d'une œuvre qui ne
manque pas de mérites. C'est un monument
funéraire de la famille Richartz que l'héritier
de feu M. Richartz, M. le professeur Firme-
nich-Richartz fait exécuter. L'artiste a choisi
le style grec et nous présente un sarcophage
dans ses plus belles proportions. La façade
principale sera ornée d'un bas-relief en mar-
bre blanc représentant le génie de la mort
qui emmène Psyché, et un groupe de trois
personnages, pleurant celui qui leur est en-
levé. On admire dans ces figures le beau
sentiment de l'expression et la beauté anti-
que des lignes. L'ensemble est bien senti,
exécuté avec beaucoup de talent et fait hon-
neur à l'artiste. Au milieu s'élève une croix
entourée d'un serpent et flanquée de deux
sphinx. Ce monument sera un nouvel orne-
ment pour notre champ du repos.

R.—d.

DALILAH

par gallait.

Une femme puissante, (nous allions pres-
que dire une mère) est assise sur un divan;
le bras droit soutient la tète, le bras gauche
passe devant la poitrine et s'appuie sur un
des coussins du divan. La moitié supérieure
du corps est nue, l'autre moitié se devine
sous une étoffe blanche et presque transpa-
rente. Derrière cette femme se voit le profil
d'une esclave, qui, d'une main, soulève un
rideau, et de l'autre touche du doigt la main
gauche de la femme assise, comme pour
éveiller son attention. Au fond, on voit un
homme herculéen emmené par des soldats.
Aux pieds de la femme assise se trouvent
un monceau de pièces d'or, et, au premier
plan, une étoile maculée de sang.

Ce tableau représente Dalilah.

Comme -peinture, c'est éblouissant et les
mots nous manquent pour en faire deviner
seulement les beautés. Comme expression,
c'est admirable.

Mais ce n'est point la Dalilah de la Bible.

Cette femme dont les allures de courtisane

sont rendues avec un art et un tact au dessus
de tout éloge, est visiblement possédée par
le sentiment du remords; on sent même que
de la crise dans laquelle elle se trouve à la
folie, il n'y a qu'un pas à faire, un sanglot à
jeter. Sa tête superbe d'égarement, ses doigts
fiévreusement crispés, les ondulations cata-
leptiques de son corps, tout indique une
agitation violente que le maître a magnifi-
quement comprise et plus magnifiquement
rendue. La poésie du remords est là tout
entière, dans sa terrible beauté, et l'on ne
sait ce qu'il faut le plus admirer ou du pen-
seur ou du peintre.

Mais, encore une fois, ce n'est pas la
Dalilah de la Bible.

L'épisode de Dalilah et de Samson, dans la
Bible, ne tend qu'à prouver une seule chose,
c'est que la force la plus grande à laquelle
l'homme puisse atteindre, est brisée comme
du verre et devient la faiblesse d'un enfant
dès qu'elle est aux prises avec les passions
et qu'elle se laisse entraîner par elles. Dalilah
est un instrument , physiquement beau,
moralement vulgaire, voilà tout; nous dirons
plus : cet instrument inspire le dégoût et la
répulsion, comme l'inspirent tous les lâches
et les traîtres, et il ne s'attache à son nom
qu'un souvenir d'infamie.

Nulle part il n'est fait mention des remords
de cette femme, nulle part il n'y est même
fait allusion. Rien ne doit et ne peut autori-
ser à croire qu'elle ait pu en avoir.

Elle fut employée par les Satrapes des Phi-
listins pour livrer Samson, rien de plus, rien
de moins. Certes, au point de ,vue dramati-
que, la Dalilah de M. Gallait serait préférable
à celle du livre des Juges; sa vile action au-
rait du moins pour l'effacer une larme de
repentir. Mais la Bible ne songe guère au
drame; c'est un récit simple, brutal et grand
comme la vérité. Que nous importe! diront
peut-être certaines gens, cette Dalilah nous
plait et nous l'acceptons. Soit, mais le respect
| qu'on doit à ce qui est, ne permet pas ces
capitulations de conscience et de goût, et,
lorsqu'une aussi haute individualité artistique
que M. Gallait représente Dalilah, nous som-
mes en droit d'exiger Dalilah.

Nous avons beau vouloir nous persuader
qu'il a peint la maîtresse momentanée de
Samson, notre raison se refuse à voir autre
chose dans cette belle peinture que ce que
l'on pourrait appeler les Remords d'une cour-
tisane. La Rible ne prête point à Dalilah l'im-
portance que lui accorde Gallait; celui-ci
donne à cette femme une valeur sentimentale
considérable, fausse en tous points et que
l'on n'a pas le droit de supposer. Pourquoi
substituer au personnage de la Bible un per-
sonnage de fantaisie? Pourquoi mépriser les

cheveux de Samson, les ciseaux traditionnels
qui manquent au tableau? H y a bien l'or
dont les Satrapes ont payé la trahison de
Dalilah, il y a bien le linge maculé de
sang qui rappelle que l'on a crevé les yeux
de l'Hercule juif. En définitive, Samson et
Dalilah, comme personnages bibliques, sont
totalement absents de cette toile et nous
avons peine à saisir l'idée qui a dominé le
peintre. M. Gallait, comme penseur, nous a
rendu très difficile envers lui et nous nous
demandons s'il y a, sous sa Dalilah, une
allégorie que nous ne saisissons pas. S'il
faut prendre son sujet au sérieux, c'est très
fâcheux; un artiste de sa trempe se compro-
met auprès des personnes de sens en dé-
figurant l'histoire ou la vérité, et il est per-
mis de penser que l'artiste n'a pas fait seu-
lement ce tableau pour les vieillards obscè-
nes et les jeunes hommes impudiques. En
résumé, il y a une idée profonde dans son
œuvre; tandis qu'il n'y a eu qu'un fait dans
l'action de Dalilah.

Nous sommes trop soucieux de l'honneur
de l'art belge pour laisser passer sans obser-
vation une œuvre qui, comme forme, est une
preuve magnifique de la puissance de notre
école, mais dont la donnée et son interpré-
tation sont de nature à appeler sur elle les
sévérités de la haute critique. l\ est regretta-
bleque ce soit M. Gallait qui donne, lui aussi,
un exemple du peu de soin que beaucoup de
nos artistes, même des meilleurs, mettent
à conserver à l'histoire ou à la philosophie
de l'histoire, le caractère immaculé qui est
son essence, sa force, sa lumière et son
éternelle leçon. Ces regrets sont d'autant
plus sincères que nous sommes plus fiers du
talent de celui qui les a provoqués.

Ad. S.

LE GROUPE
DES FRÈRES VAN EYCK

par LÉOPOLD WIENER.

L'auteur de ce groupe monumental n'était
connu jusqu'ici que comme graveur de mé-
dailles; toutefois quelques bustes en marbre
sont sortis de ses mains et ont paru aux der-
nières expositions en éveillant chez le spec-
tateur une attention sympathique. Nous étions
donc préoccupé de la question de savoir
comment M. Léopold Wiener se serait tiré
d'affaire en présence d'une donnée qui ajou-
tait aux difficultés naturelles du l'œuvre,
comme indication d'idée, celles non moins
grandes, quoique toutes physiques, d'une
 
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