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tent un grand nombre de belles façades de
l'époque de Louis XVI dues à Louis, à Ga-
briel et à d'autres bons architectes. Ces ri-
ches hôtels sont remarquables par le travail
de leurs balcons et de leurs rampes d'esca-
lier, par de beaux ventaux de portes cochè-
res, et par des frises et des clefs d'arcades
et de cintres de fenêtres largement sculptés
dans ce style qui fut le dernier soupir de
l'art français. Toute la splendeur moderne
de Bordeaux date de Louis XVI, auquel les
Bordelais reconnaissants avaient voulu élever
une statue. La statue a été faite, elle est
payée, mais voilà plus de trente ans qu'elle
reste emballée dans je ne sais quel magasin.
0 justice de la politique !

Mais l'artiste et l'antiquaire ont bientôt vu
ces quartiers modernes, et sentent le besoin
de se plonger dans la vieille partie de la
ville pour y visiter la cathédrale S. André et
le musée. J'ai cependant voulu parcourir
avant de quitter Bordeaux, les faubourgs qui
se bâtissent au delà des Chartrons , car je
ne pouvais partir sans voir le nouveau
jardin des plantes où l'on a reporté une
magnifique grille dorée, dite la Porte
Royale, chef-d'œuvre de serrurerie du siècle
dernier, l'église nouvellement bâtie par les
Carmes-Déchaussés, et l'immense collège
dont les Jésuites ont commencé la construc-
tion. — L'auteur de l'église des Carmes est
un membre de cet ordre monastique, le
frère Philibert; il aurait, suivant certains
critiques bienveillants, improvisé un style
nouveau, le style carmélite. La masse assez
monumentale de cette église, l'effet de son
intérieur, ses statues et ses sculptures faites
par des hommes de talent, ont procuré des
admirateurs à l'œuvre de frère Philibert,
qui, d'un autre côté, a essuyé de justes criti-
ques. M. le Comte Alexis de Chasteigner,
dans une étude insérée dans le Bulletin mo-
numental, a discuté les diverses parties de
celte église, composée en majeure partie
d'emprunts faits au style roman.

Le collège des Jésuites est aussi d'une ar-
chitecture mélangée : sa masse rappelle un
peu celle des grands hôtels de ville belges,
tels que celui de Louvain. Le collège que la
compagnie de Jésus vient de bâtir à Poitiers,
nous a paru une imitation plus pure des
constructions gothiques.

Je sortirais de mon rôle de correspondant
si je parlais ici de choses autres que de faits
nouveaux. Je m'abstiendrai donc de décrire
le musée de peinture, installé dans les salles
du rez-de-chaussée de l'ancien palais de l'ar-
chevêque, aujourd'hui l'hôtel de ville. Ce
musée n'est pas suffisant : les tableaux y sont
mal éclairés. On projette, dit-on, de bâtir
un édifice plus grandiose où on logerait,

non-seulement la peinture, mais aussi les
sculptures antiques aujourd'hui entassées dans
une cour humide, où la pluie et la gelée les
dégradent, ou accumulées dans quelques
salles basses de la bibliothèque où l'espace
et la lumière font défaut. Mais le conseil mu-
nicipal qui a dépensé 600,000 frs. pour
restaurer le grand théâtre, et qui engloutit
chaque année 80,000 1rs. dit-on, à subven-
tionner le même théâtre pour lui permettre
de lutter contre l'indifférence publique, a
trouvé, jusqu'ici, que c'est assez pour l'art
et qu'il vaut mieux faire des docks et autres
choses semblables que de bâtir un musée.
Espérons mieux.

Quoiqu'il en soit, on a réuni en 1859, sous
le titre de Musée d'armes et d'objets anciens,
deux parties autrefois séparées des collections
delà ville, et ce nouveau musée, placé dans
les salles qui précèdent le musée de tableaux,
a été classé avec beaucoup de zèle et d'in-
telligence par son conservateur M. J. A. Labet,
qui en a publié le catalogue. C'est le musée
du Sommerard de la capitale de la Guyenne,
et il est composé des mêmes éléments que
le Musée royal de la porte de Hal à Bruxelles.

Les anciens travaux en cours d'exécution à
Saint-André, à Saint-Seurin, à Saint-Michel et
dans les autres églises de Bordeaux, suffisant
pour remplir un article tout entier, jeter-
mine cette correspondance en empruntant
de nouveau à la brochure de M. Jules Solon,
du Vandalisme à Auch, quelques détails sur
les travaux d'architecture récemment exécu-
tés ou projetés dans le chef-lieu du déparle-
ment du Gers. J'y lis qu'on a décidé la con-
struction d'un nouveau Palais de Justice, re-
légué très-heureusement .sur une promenade
écartée, et, ce qui ne me surprend nullement,
l'on n'a pas même consulté le tribunal d'Auch,
auquel on destine ce palais... ou pour mieux
dire ce bâtiment neuf; une omnipotence ab-
solue ayant présidé à celte décision prise
sans contradiction, sans la moindre objec-
tion possible, car aucun texte de loi ou de
règlement ne prescrit de prendre l'avis du
corps judiciaire intéressé.

Le palais archiépiscopol d'Auch a été res-
tauré et agrandi en 1857. Il sera bientôt
remis en possession de ses anciennes dépen-
dances occupées par le Palais de Justice ac-
tuel, dont une partie doit être démolie. La
chambre civile du Tribunal est l'ancienne
chapelle de archevêques d'Auch. Elle est in-
tacte et a même conservé ses riches boiseries.
Le grand escalier d'honneur conduit à cette
chapelle qu'il était tout naturel de rendre à
sa primitive destination. Mais l'architecte a
trouvé cela trop simple : il a transformé en
chapelle une cuisine souterraine, décorée
dans ce goût merveilleux propre au XIXe

I

siècle où le grec, le gothique, le roman as-
sociés ensemble, forment le plus incohérent
mélange. Que deviendra la vieille chapelle
des archevêques qui se groupe heureusement
sur la pente du coteau à côté du chevet de
la cathédrale? M. Solon ne nous le dit pas.
Puisse-t-elle avoir un sort plus heureux que
l'église du Prieuré, un autre monument
d'Auch, qui, livré depuis longtemps à un
honteux abandon, paraît être menacé de
démolition par l'administration des ponts
et chaussées.

Raymond BORDEAUX.

•--ir-^frg».--

Dresde.

David Ryckaert. — L'exposition universelle de Londres
— Le Kunstgenoolschap de Gand et les artistes allemands,
à propos des ouvriers gantois sans ouvrage.

C'est avec un vif intérêt que j'ai trouvé
dans le N° 3 de votre estimable journal, les
renseignements sur quelques artistes, que
vous devez au savant M. Van Lerius. — Les
notes sur D. Ryckaert sont, en ce qui con-
cerne les dates, plus exactement détaillées,
mais ne diffèrent pas essentiellement de ce
qui a été admis jusqu'à ce jour; par contre,
il serait du plus haut intérêt de savoir, si
cet artiste est en effet nommé Daniel dans les
vieux documents consultés par Van Lerius,
ainsi que le porte votre article, tandis que
Houbraken, Sandrartet presque tous les au-
teurs contemporains, lui attribuentle prénom
de David. On ne lit sur les deux tableaux de
la galerie de Dresde qui portent sa marque
complète, que D. Ryckaert et la plupart de
ses œuvres sont marquées ainsi.

L'exposition de Londres nous a également
follement occupés ici, niais on ne saurait dire
que cet événement ait provoqué beaucoup
d'enthousiasme chez nos artistes, Quand l'es-
pace accordé s'est trouvé aussi limité qu'on
ne pouvait exposer que les œuvres des artis-
tes vivants, tandis qu'on avait dessein, pri-
mitivement, de constater, par une série d'œu-
vres des différentes époques, tout le déve-
loppement de l'art moderne en Allemagne,
cet arrangement, où l'art devait figurer en
quelque sorte à la queue d'une grande et pré-
dominante industrie, comme une espèce de
décoration du local, ne pouvait tenter ni nous,
ni l'étranger en général. On ne saurait natu-
rellement en vouloir aux Anglais, s'ils pro-
fitent de l'occasion qui se présente pour faire
valoir leur art national, mais afin d'arriver
à une concurrence des nations sous ce rap-
port, il faudrait cependant que les conditions
fussent mesurées d'une manière un peu plus
juste et équitable; surtout, pareeque n'étant
 
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