Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 78 —

cence , nous finies dresser procès-verbal par
le notaire de Sa Majesté à Paris, dans la
galerie même du musée; lequel reconnaissoit
les numéros à mesure que les enlèvements
se faisaient et qui lorsque les tableaux sor-
toient du musée et que l'administration venoit
les reconnoitre, lui donnoit communication
du procès-verbal. Tout s'est donc, Monsei-
gneur, fait en règle : et si jamais la calomnie
cherchoit à dénigrer une opération que le
droit des gens et la justice exigeoient depuis
si longtems, nous aurons de quoi répondre
à tout ce qu'elle pourrait inventer. L'ordre
du Prince de Waterloo portoit de tenir le
musée fermé, non obstant, l'administration
voulant entraver autant que possible les ou-
vriers qu'après beaucoup de peine nous étions
parvenus à nous procurer, ouvrit les portes
au public dès sept heures du matin et nous
eûmes le désagrément de devoir travailler
au milieu de la foule. Si j'ai pendant tout le
cours de ma mission éprouvé de l'inquiétude
pour sa bonne réussite à cause des obstacles
qui ne cessoient de se présenter, c'est prin-
cipalement dans cet instant, Monseigneur,
où la malveillance ou la trahison des ouvriers
gagnés, pouvoit détériorer quelques-uns de
nos chefs-d'œuvre et n'auroit pas manqué
ensuite d'en accuser, ou le peu de zèle des
délégués de Sa Majesté, ou leur peu de soin.
Car j'ose le dire, à Votre Excellence, jamais
je n'éprouvai d'autre crainte; quoique sou-
vent on avoit cherché à nous en inspirer.

Enfin, rendus à l'hôtel qu'occupait S. A.
R. le Prince d'Orange et où S. A. nous avoit
permis d'établir notre dépôt, nous ne pen-
sâmes plus qu'à l'opération aussi longue que
difficile (je veux dire à l'encaissement de nos
objets) fort aisée avec des tableaux de moindre
dimension, mais qui avec les nôtres par leur
grandeur, par la difficulté de remuer ces
énormes tableaux peints sur bois devenoit
dangereuse. Pendant plus d'un mois un grand
nombre d'ouvriers s'en occupa en notre
présence; et enfin nous vîmes arriver le
moment du départ. Il fallut faire construire
des chariots exprès, où les grandes caisses
fussent suspendues à un pied et demi de
terre, vu leur hauteur; malgré ces précautions
nous ne pûmes passer par aucune porte de
ville. Enfin, Monseigneur, le convoi escorté
du quatrième bataillon de milice nationale
et d'un piquet des hussards de Boreel se
mit en marche le 31 du mois passé et se porta
sur Roie; ne pouvant traverser Péronne à
cause des portes ni tourner la ville à cause
des marais qui l'environnent, nous fûmes for-
cés de prendre la route de Noyon que sept
à huit cents ouvriers fournis par les commu-
nes environnantes sur la réquisition de M.
le Colonel De Heekeren, commandant l'escor-

te, réparèrent. Nous finies le tour de Noyon
et halte à Guiscard : je me rendis à Ham
avant le convoi afin de faire dépaver et creu-
ser sous les portes de la ville; on fut forcé
d'excaver quatre pieds et demi de terre
en talus de deux côtés et à une heure le con-
voi passa et fut coucher aux portes de St.
Quentin : de cette ville à Cambrai il y a deux
lieues de chemin de terre que nous fimes
réparer ainsi que le glacis de Cambrai
et celui de Valencienncs. Au moment où le
convoi atteignit notre frontière, je fis arbo-
rer le drapeau orange sur le premier chariot
où se trouvaient la Descente de croix et
l'Erection de la croix chefs-d'œuvre de Ru-
bens ; il le fut aux cris de « Vive le Roi des
Pays-Bas » répétés par toute l'escorte, et le
20, sans avoir éprouvé le moindre dommage,
le convoi entra dans Bruxelles. Aussitôt,
Monseigneur, que M. Stier, mon collègue, sera
de retour de Paris, nous présenterons à votre
Excellence la liste originale des numéros
des tableaux, signée par M. De Non, et celle
des désignations dont ci-joint copie authenti-
que, signée par M. Lavallée, secrétaire, en
l'absence du Directeur.

Maintenant, rendu de nouveau à mes occu-
pations après quatre mois passés à exécuter
les ordres de Sa Majesté, je m'estimerai heu-
reux si elle est satisfaite et si elle croit,
Monseigneur, que j'ai pu lui rendre quelques

services ainsi qu'à la patrie.....

(La suite au prochain n").

----

Nous trouvons dans Y Annuaire des artistes
et des amateurs ('3e année) de M. P. Lacroix,
une excellente notice, de M. Otto Mundler,
le savant archéologue bavarois, sur J. D.
Passavant, l'historien regretté de Raphaël.
En attendant notre prochain article sur Van-
nuaire, nous nous permettons d'en extraire
la notice de M. Mundler, certains que nos
lecteurs nous en sauront gré.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR

J. D. PASSAVANT.

La critique d'art, fille cadette de ce mou-
vement des esprits qui, au commencement
du siècle, imprima en Allemagne une direc-
tion nouvelle à la production artistique, la
critique d'art vient de perdre un de ses plus
actifs et de ses plus illustres représentants.
J. D. Passavant, l'auteur de la « Vie de
Raphaël », s'est paisiblement éteint à Franc-

fort, le 12 août 1861, à l'âge de soixante-
quatorze ans. Ceux qui dans les derniers
temps ont encore pu le voir dans son cabinet
de la « Mainzerstrasse », au milieu de ses
livres, de ses manuscrits, de ses portefeuilles
de gravures, parlant avec animation de ses
travaux et de ses dernières recherches, écou-
tant, avec la joie dépeinte dans ses grands
yeux ouverts, dans ses traits réguliers enca-
drés de longs cheveux blancs, le récit de
quelque découverte artistique ou la descrip-
tion de quelque beau tableau, n'auraient
point cru l'aimable vieillard si près de sa
dernière heure. Et cependant, certaines dé-
faillances de mémoire, certains alourdisse-
ments de la langue, et, plus que tout,
lorsqu'ils se levait, sa démarche mal assurée,
frappaient ceux qui naguère l'avaient vu si
ingambe et si brillant de santé. L'ardeur toute
juvénile avec laquelle, dans les dernières
années de sa vie, il s'était chargé d'un travail
de longue haleine, l'attention soutenue et
sans relâche qu'il donnait aux détails minu-
tieux et infinis, aux recherches nombreuses
nécessitées par ces sortes d'ouvrages, dé-
passèrent ses forces et les usèrent. Mais ce
même besoin impérieux d'activité, qui dévore
certaines organisations, ces mêmes pulsations
fébriles qui usent l'enveloppe, — avant peut-
être qu'il n'en soit temps, — en revanche,
par des efforts suprêmes de la volonté, sou-
tiennent aussi les forces épuisées, au delà du
terme qui semblait leur être assigné; et,
sans pouvoir le garantir comme un fait, nous
sommes convaincu que Passavant est mort
en corrigeant une épreuve de son « Peintre-
Graveur ». Malheureusement ce travail reste
inachevé.

Né en 1787, à Francfort-sur-Mein, ville
éminemment commerciale (et qui n'en fut
pas moins le berceau de Elzheimer, de Lin-
gelbach et de Gœthe), issu d'ailleurs d'une
antique famille italienne (i Passavanti), dont
les différentes branches s'étaient depuis des
siècles fixées à Bâle et à Francfort, acqué-
rant, dans la banque et dans le commerce,
position, richesses, un nom universellement
respecté, le jeune Jean-David voyait sa route
tracée devant lui : ce fut un comptoir qui
s'ouvrit pour recevoir l'adolescent.

Voilà donc le futur biographe de Raphaël
penché sur les livres de commerce, faisant des
additions et des multiplications, s'initiant
dans les questions de revient et de bénéfice,
en un mot parcourant tous les stades de l'ap-
prentissage commercial. Il est douteux qu'il
prît jamais goût à aucun de ces exercices,
car il est impossible d'être plus éloigné de
toute idée de spéculation et de négoce que
n'a été M. Passavant pendant toute sa vie;
tout porte à croire, au contraire, qu'à mesure
 
Annotationen