Journal des beaux-arts et de la littérature (5.1863)

Nous sommes heureux de pouvoir constater que le
public anversois a témoigné une vive sympathie pour
cette charmante collection. (Avenir).

— La ville et l'ancien pays de Termonde ont aussi leur
Cercle Archéologique. Cette institution, fondée par MM.
Wytsman, De Vlaminck, Bouwens, Beeckman, Schoup-
pe, Blomme et Ducaju, est formée récemment et tout
annonce qu'elle remplira dignement la mission intelli-
gente et nationale qu'elle s'est i mposée.

— Nous croyons devoir reproduire, dans l'intérêt de
nos artistes, le règlement de l'exposition publique des
ouvrages des artistes vivants, qui s'ouvrira à Paris en
1863:

Chapitre lr. — Du dépôt des ouvrages. — Art lr. —
L'exposition des ouvrages des artistes vivants, qui aura
lieu au palais des Champs-Elysées du lr Mai au lr Juillet
1865, sera ouverte aux productions des artistes français
et étrangers.

Art. 2. — Sont admises à l'exposition les œuvres de :
1° peinture comprenant les dessins, aquarelles, pastels,
miniatures, émaux et porcelaines; 2° sculpture et gra-
vure en médailles; 5° gravure; 4° lithographie; S0
architecture; 6° les vitraux peints.

Les artistes ne pourront envoyer à cette exposition
que trois ouvrages de chacun des genres désignés ci-
dessus.

Art. 3. — Ne pourront être présentés : les copies,
sauf celles qui reproduiraient un ouvrage dans un genre
différent, sur émail, sur porcelaine ou par le dessin; les
ouvrages qui ont déjà figuré aux expositions précéden-
tes, à Paris; les tahleanx ou autres objets sans cadres;
les ouvrages d'un artiste décédé, à moins que le décès
ne soit postérieur à l'ouverture du salon dernier; les
ouvrages anonymes; les sculptures en terre non cuite.

Art. 4. — Chaque cadre ne pourra contenir plus d'un
sujet pour la présentation au jury, sauf à les réunir
ensuite, si l'ensemble de l'œuvre l'exige. Les peintres
miniaturistes pourront seuls grouper leurs ouvrages
dans un même cadre.

Art. 5. — Les ouvrages ayant des cadres de forme
ronde ou ovale ou à pans coupés, devront être présentés
ajustés sur des planches dorées de forme carrée.

Art. 6. — Les ouvrages devront être présentés en une
seule fois par chaque artiste.

Art. 7. — Les ouvrages envoyés à l'exposition devront
être expédiés francs de port au local où se fera l'exposi-
tion.

Art. 8. — Chaque artiste, en déposant ou en faisant
déposer ses œuvres, devra, en même temps, remettre ou
faire remettre une notice, signée de lui, contenant ses
noms et prénoms, le lieu de sa naissance, le nom de
ses maîtres, la mention des récompenses obtenues par
lui.

Ceux qui ne pourront accompagner leurs œuvres,
devront les faire remettre par une personne munie de
leur autorisation écrite.

Art. 9, — Chacun des cinq genres d'ouvrages dési-
nés à l'art. 2 devra être inscrit sur une notice séparée.

Art. 10. — Un appendice du catalogue sera consacré
aux ouvrages de peinture, et de sculpture exécutés depuis
l'exposition dernière dans les monuments publics, et
qui, par la place fixe qu'ils occupent dans la décoration
de ces monuments, ne pourront figurer au salon de
1865. Les artistes, en déposant au bureau du catalogue
l'indication de leurs travaux de cette nature, devront
remettre, à l'appui de leurs déclarations, les pièces
officielles qui attestent la commande et la date de la
livraison.

Art. 11, — Dès que les ouvrages auront été enregis-
trés, nul ne sera admis à les retoucher.

Art. 12. — Aucun ouvrage exposé ne pourra être
reproduit sans une autorisation de l'artiste.

Art. 15. m- Nul objet exposé ne pourra être retiré
avant la clôture sans une permission spéciale.

Art. 11. — Les ouvrages devront être déposés, du 20
Mars au lr Avril, à 6 heures du soir, passé cette époque,
aucune œuvre ne sera reçue, aucun sursis ne sera ac-
corde par l'administration.

Chapitre 11. — Du jury d'admission. — Art. lr. —
Le jury sera composé des quatre premières sections de
l'Académie des beaux-arts, auxquels seront adjoints MM.
les membres libres de cette Académie.

Art. 2. — Chaque œuvre, de quelque nature qu'elle
soit, sera jugée par tous les membres du jury.

Art.' 3. — Le directeur général des musées impériaux
sera président du jury.

Art. 4. — Les décisions seront prises à la majorité
absolue des membres présents; en cas départage, l'ad-
mission sera prononcée.

Art. o. — Seront reçues sans examen, les œuvres de
l'institut, celles des artistes décorés pour leurs ouvrages,
ou ayant obtenu une médaille de 1" ou de 2e classe aux
expositions annuelles.

Chapitre 111. — Du jury des récompenses. — Art. lr.
■— Le jury qui aura prononcé l'admission des œuvres
d'art sera le même qui désignera à S. E. le ministre
d'Etat les artistes qui se seront rendus dignes de rece-
voir des médailles ou des mentions honorables.

Art. 2. — Les médailles seront de trois classes : lre
classe, valeur 1,500 fr. ; 2% 500 fr. ; et 5°, 250 fr.

Art. 5. — Les propositions du jury ne pourront dé-
passer : pour la peinture : 5 médailles de lre classe; 6
médailles de 2e classe; 12 médailles de 3e classe. Pour
la sculpture : 2 médailles de lre classe ; 4 médailles de 2e
classe; 6 médailles de 3e classe. Pour la gravure et la
'lithographie : 1 médaille de l"> classe; 2 médailles de 2e
classe ; 4 médailles de 5e classe. Pour l'architecture : 1
médaille de lre classe, 2 médailles de 2e classe; 3 mé-
dailles de 5° classe.

Art. 4. — Une médaille d'honneur de la valeur de
4,000 francs pourra être accordée à l'artiste qui se sera
fait remarquer entre tous par un ouvrage d'un mérite
éclatant.

Art. B. — Les récompenses seront distribuées dans
une séance solennelle.

Le produit des entrées et des autres recettes de l'ex-
position sera employé à l'acquisition d'œuvres exposées.

Tous les jours de la semaine, le droit d'entrée à l'ex-
position sera de 1 fr. par personne.

Les dimanches, l'entrée sera gratuite.

— Nous trouvons dans la Revue Britannique 21°
livraison de 1862, une description assez étendue et d'un
style fort remarquable, des fresques de Kaulbach au
musée de Berlin, par M. François Lenormand. Nous
recommandons la lecture de cet article aux amateurs de
la peinture historique, en faisant toutefois observer que
nous ne saurions partager l'opinion sévère exprimée par
l'auteur sur la fameuse fresque représentant Les Grecs
au temps d'Homère. Si M. Lenormand décrit avec des
grâces toutes particulières de style, si sa pensée s'élève
parfois à des hauteurs philosophiques où on le suit avec
bonheur, il nous semble se montrer peu indulgent,
peut-être même injuste, en présence de cette puissance
de pensée qui caractérise l'art germanique et dont Kaul-
bach est si profondément et si particulièrement doué.
A part cette faiblesse, si on veut, chez l'écrivain français
jugeant le peintre allemand, l'article de la Revue Britan-
nique vaut la peine qu'on s'y arrête. Nous ferons aussi
observer que M. Lenormand ne donne point la descrip-
tion de la sixième fresque du musée de Berlin, dont il
ignorait encore le sujet. Nos lecteurs se rappelleront que
nous avons donné celte description due à un de nos col-
laborateurs les plus distingués, M. Ernest Fôrster, page
179 de notre Journal, année 1862.

— On a exécuté dernièrement à Anvers, au concert de
l'Association des artistes musiciens, la Symphonie natio-
nale de M. le Chcr Léon De Burbure. Celte œuvre ma-

gistrale, parfaitement rendue, a eu un éclatant succès.

— Voici quelques renseignements sur les travaux en
voie d'exécution chez plusieurs de nos artistes. A Liège,
M. Chauvin termine le très remarquable portrait de M.
Delfosse qui lui a été commandé par le conseil provin-
cial. Le peintre a choisi le moment où du haut delà tri-
bune, l'orateur laisse tomber cesparoles : La liberté pour
faire le tour du monde n'a plus besoin de passer par la
Belgique. Nous verronsceportrait, qu'on dit aussi remar-
quable de pensée que d'exécution, à la prochaine expo-
sition. Le même auteur vient également de terminer
l'esquisse d'une Conversion de St. Paul destinée a être
traitée en grand. A Anvers, nous devons citer plusieurs
tableaux de De Keyser, entre autres une Dibulade d'une
grâce et d'une distinction exquises; un sujet charmant
et vigoureusement enlevé par Van Lerius : La vocation
contrariée; le grand et beau tableau de Joseph Lies :
Les deux condamnés. De Guffens plusieurs beaux por-
traits et une reproduction de son œuvre brûlée à la
bourse d'Anvers : Les moines de St. Michel recevant les
doyens et les négociants des villes Hanséatiques; de Swerts
un grand sujet religieux et également la reproduction
d'une de ses meilleures œuvres perdues dans l'incendie
de la bourse: L'arrivée des Vénitiens, à Anvers; de Jacob
Jacobs de brillants souvenirs de voyage; de Lagye et
De Taeye, des travaux pour les peintures de l'université
de Gand. A ce propos, disons aussi que De Keyser et Leys
s'oceupeut activement de leurs projets de peintures
murales pour le musée et l'hôtel de ville. A Bruxelles,
M. Slingeneyer reprendra très incessamment ses ta-
bleaux destinés à la grande salle du palais ducal. Parmi
les statuaires, nous avons à mentionner M. Ch. Van
Oemberg, dans l'atelier duquel nous avons vu plusieurs
travaux importants, entre autres deux projets de statues
où nous avons remarqué de la grandeur et du sentiment.
L'une représente Gérard de St. Trond, l'autre, le sculp-
teur Duquesnoy; toutes deux sont dignes d'orner nos
places publiques où nous espérons bien les voir un jour.
N'oublions pas de citer du même auteur un excellent
buste de M. Fontainas et des sculptures d'ornementation
d'un très grand style. Ces travaux décèlent en M. Van
Oemberg un profond amour des études sérieuses et une
imagination féconde. A l'église du Sablon, les sculpteurs
avancent et l'achèvement du chœur ne se fera plus
longtemps attendre (i) — à Gand, M. Canneel travaille à
ses cartons pour les peintures de l'église Ste Anne,
peintures pour lesquelles il s'est préparé par un voyage
en Allemagne et en Italie. M. De Vigne-Quyo met la der-
nière main à une énergique statue de Van Artevelde —■
à Namur, M. Marinus prépare de vastes peintures déco-
ratives pour châteaux seigneuriaux.

— M. Clevenbergh, professeur à l'Académie d'Alost,
s'occupe en ce moment de la gravure et de l'impression
de différents calques originaux qu'il a pris en Italie sur
les peintures de Raphaël, d'Angelico, de ïiberius d'As-
sise , Pérugin, etc.

— A Gand, un brillant banquet a été offert, le 2b de
ce mois, par la société flamande : Dit laal is gansch het
volh, à MM. le Bon Jules De St. Génois et C. A. Vervier,
pour les récentes distinctions dont ils ont été l'objet.

— M. Simonis sera décidément nommé Directeur de
l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.

— Voici le résultat du concours ouvert pour deux
cantates en l'honneur de Jacques Van Artevelde, l'une
française, l'autre flamande, par la Société royale des
Beaux-Arts et Lettres de Gand. Dans la partie flamande

(i) Les dalles funéraires, couchées dans le chœur de
cette église, ne nous paraissent pas avoir élé suffisamment
préservées contre les accidents à résulter des travaux
qui s'}r exécutent.