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https://doi.org/10.11588/diglit.18489#0139
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE LACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Paraissant deux fois par mois.
N° 17.
On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessaro ,
éditeurs; à Bruxelles , chez Decq et Mcqijardt; àGand,
chez IIoste ; à Liège, chez DeSoer et Decq ; les outres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne : R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : VcRenouard,
Paris. Pour la Hollande : Mahtinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Barthès et Lovvell ,
SOMMAIRE : Exposition de Bruxelles (5e article). —
Alliance de l'archéologie et de l'architecture. — Les gra-
veurs belges. — Nouvelles d'atelier, chronique. — An-
nonces.
EXPOSITION DE BRUXELLES 1865.
(troisième article).
Kindermans. Peintre excellent qui n'est
point cette année à la hauteur de sa réputa-
tion. Son contingent, aujourd'hui, nous mon-
tre de belles qualités qui ne savent pas, di-
rait-on, prendre leur essor. C'est ainsi que sa
Composition décorative, belle de facture, n'in-
spire qu'un médiocre intérêt à cause de son
caractère conventionnel et de son goût su-
ranné. Le Cours de la Semoy a de la fraîcheur
et est traité par une main habile. Le paysage
des Ardennes, très mal placé, est insuffisant
pour un artiste de la valeur de M. Kinder-
mans. Si nous nous montrons un peu sévère à
son égard, c'est que nous avons pour cet artiste
d'un talent très pur, une grande estime et que
nous regretterions beaucoup de le voir dé-
choir du rang où il s'est si dignement placé.
Koller. Philippine Weser. Sujet obscur; en-
semble peu engageant; dessin serré et pein-
ture line; expression convenable; gagne
beaucoup à l'analyse. M. Koller fait des pro-
grès comme praticien, mais il n'a pas encore
trouvé la veine des succès populaires. Ne se-
rait-ce pas qu'il tombe uni peu dans l'image?
— Kruseman Van Elten. Paysages larges d'al-
lure, surtout dans le branchage et le feuillage
des arbres. Cet artiste n'exagère-t-il pas la
facilité avec laquelle il traite son genre favori?
Kuhnen. Les trois paysages de cet éminent
artiste ont un cachet tout spécial de natura-
lisme et de grandeur qui fait qu'on les re-
Belgique. — 15 Septembre 1863.
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an , 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, S fl. — Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. ■— Annonces 50 c. la ligne.
marque tout d'abord et qu'on peut difficile-
ment s'en détacher. Il y a de la passion dans
ces reproductions d'un rayon de soleil, d'un
nuage que le vent pousse, d'un arbre que la
brise remue, d'un brin d'herbe qui tremble
au bord du chemin. Rien n'est traité sans rai-
son d'être chez M. Kuhnen, il songe peu à
l'apprêt, à la convention, à l'effet; son œil dé-
coupe dans la nature un morceau qui lui plaît,
son âme le transporte sur la toile et son intel-
ligence lui donne la vie. C'est une nature d'élite
comme paysagiste; il a la philosophie et la
poésie des penseurs qui observent; de plus,
on sent qu'il a la conviction des beautés qu'il
interprête.
Lambinel. Blond et clair; encore un qui n'a
pas tenu ce qu'il promettait! — Lamorinière.
Très personnel, très naturel, très exact, mais
abusant de la photographie ou dissimulant
mal le secours qu'elle lui prête. Sa Vue prise
à Edeghem, dont l'exécution dénote un artiste
hors ligne, a quelque velléité de rappeler la
minutieuse prétention de nos paysagistes go-
thiques. La recherche du détail y est fatigante.
L'effet de crépuscule est une charmante rêverie
qui nous prouve qu'il ne faudrait pas grand'
chose pour détacher M. Lamorinière du genre
vrai quand même, dans lequel son succès sera
toujours contesté parce que ce genre n'est pas
celui qui plaît aux masses. Une expérience
d'une dixaine d'années doit ravoir prouvé à
M. Lamorinière comme aux autres. L'art sans
poésie c'est la nature sans soleil, — Lange,
paysagiste allemand, produit de grands effets,
très imposants et pour l'exécution desquels
il a déployé un talent, réel. — Lapito.... tou-
jours le même, arbres lourds sur fonds clairs,
— Langée. Peintre charmant qui doit empê-
cher M, Millet de dormir. Seulement, M.
Cinquième Année.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom , imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. )> — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
Laugée est peut-être un peu monochrome,
mais, en revanche, quelle linesse! quel senti-
ment! quelle vérité! M. Laugée aime la
demi-teinte, le clair-obscur, et sait par là
donner aux chairs de ses jeunes filles ou de
ses jeunes femmes un je ne sais quoi de vivant
et de palpitant qui vous émeut. Il a exposé
La bouillie qui nous a rappelé celle de Millet
de hideuse mémoire. Ah! que nous voudrions
voir ces deux tableaux l'un à côté de l'autre.
— Lauters. Peint à l'huile comme s'il dessi-
nait au pastel. C'est superbe de dessin, c'est
faux de couleur. —Lays. Fleurs traitées avec
un sentiment exquis de l'harmonie des teintes.
—Léman. Molière et Louis XIV elle Jeu du Roi,
œuvres épisodiques traitées spirituellement,
à coup sûr, historiquement, dit-on; certes,
il faut une grande confiance en soi-même pour
se tirer d'affaire dans ces représentations
fastueuses, et nous louons sincèrement M.
Léman de s'en acquitter avec autant de succès,
mais ces grandes comédies nous laissent
froid et le roi-soleil ne parvient pas à nous
éblouir. Molière lui-même nous émeut peu.
D'où vient cela? Ne serait-ce pas que les ta-
bleaux de M. Léman ont le grand tort d'être
tellement vrais qu'ils sont faux comme l'épo-
que qu'ils reproduisent? — Léon. Ce peintre
hollandais a exposé une scène hébraïque,
Avant la bénédiction, qui est d'une peinture
très magistrale,—Léonard, Bonnes intentions,
coloris peu consistant, dessin négligé. — Le
Pas. Site près de Pepinster; très fin, très cha-
toyant, couleur sobre, fond charmant et dé-
tails très heureux. Ce peintre dont la manière
se modifie, prend une allure plus énergique
et plus naturelle. — Le Poittevin. Peinture
solide mais comprise dans un système qui a
vieilli, — Ligny. Paysagiste dont on parle
ET DE LA LITTÉRATURE.
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE LACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Paraissant deux fois par mois.
N° 17.
On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessaro ,
éditeurs; à Bruxelles , chez Decq et Mcqijardt; àGand,
chez IIoste ; à Liège, chez DeSoer et Decq ; les outres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne : R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : VcRenouard,
Paris. Pour la Hollande : Mahtinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Barthès et Lovvell ,
SOMMAIRE : Exposition de Bruxelles (5e article). —
Alliance de l'archéologie et de l'architecture. — Les gra-
veurs belges. — Nouvelles d'atelier, chronique. — An-
nonces.
EXPOSITION DE BRUXELLES 1865.
(troisième article).
Kindermans. Peintre excellent qui n'est
point cette année à la hauteur de sa réputa-
tion. Son contingent, aujourd'hui, nous mon-
tre de belles qualités qui ne savent pas, di-
rait-on, prendre leur essor. C'est ainsi que sa
Composition décorative, belle de facture, n'in-
spire qu'un médiocre intérêt à cause de son
caractère conventionnel et de son goût su-
ranné. Le Cours de la Semoy a de la fraîcheur
et est traité par une main habile. Le paysage
des Ardennes, très mal placé, est insuffisant
pour un artiste de la valeur de M. Kinder-
mans. Si nous nous montrons un peu sévère à
son égard, c'est que nous avons pour cet artiste
d'un talent très pur, une grande estime et que
nous regretterions beaucoup de le voir dé-
choir du rang où il s'est si dignement placé.
Koller. Philippine Weser. Sujet obscur; en-
semble peu engageant; dessin serré et pein-
ture line; expression convenable; gagne
beaucoup à l'analyse. M. Koller fait des pro-
grès comme praticien, mais il n'a pas encore
trouvé la veine des succès populaires. Ne se-
rait-ce pas qu'il tombe uni peu dans l'image?
— Kruseman Van Elten. Paysages larges d'al-
lure, surtout dans le branchage et le feuillage
des arbres. Cet artiste n'exagère-t-il pas la
facilité avec laquelle il traite son genre favori?
Kuhnen. Les trois paysages de cet éminent
artiste ont un cachet tout spécial de natura-
lisme et de grandeur qui fait qu'on les re-
Belgique. — 15 Septembre 1863.
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an , 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne,
10 fr. — France, 11 fr. — Hollande, S fl. — Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. ■— Annonces 50 c. la ligne.
marque tout d'abord et qu'on peut difficile-
ment s'en détacher. Il y a de la passion dans
ces reproductions d'un rayon de soleil, d'un
nuage que le vent pousse, d'un arbre que la
brise remue, d'un brin d'herbe qui tremble
au bord du chemin. Rien n'est traité sans rai-
son d'être chez M. Kuhnen, il songe peu à
l'apprêt, à la convention, à l'effet; son œil dé-
coupe dans la nature un morceau qui lui plaît,
son âme le transporte sur la toile et son intel-
ligence lui donne la vie. C'est une nature d'élite
comme paysagiste; il a la philosophie et la
poésie des penseurs qui observent; de plus,
on sent qu'il a la conviction des beautés qu'il
interprête.
Lambinel. Blond et clair; encore un qui n'a
pas tenu ce qu'il promettait! — Lamorinière.
Très personnel, très naturel, très exact, mais
abusant de la photographie ou dissimulant
mal le secours qu'elle lui prête. Sa Vue prise
à Edeghem, dont l'exécution dénote un artiste
hors ligne, a quelque velléité de rappeler la
minutieuse prétention de nos paysagistes go-
thiques. La recherche du détail y est fatigante.
L'effet de crépuscule est une charmante rêverie
qui nous prouve qu'il ne faudrait pas grand'
chose pour détacher M. Lamorinière du genre
vrai quand même, dans lequel son succès sera
toujours contesté parce que ce genre n'est pas
celui qui plaît aux masses. Une expérience
d'une dixaine d'années doit ravoir prouvé à
M. Lamorinière comme aux autres. L'art sans
poésie c'est la nature sans soleil, — Lange,
paysagiste allemand, produit de grands effets,
très imposants et pour l'exécution desquels
il a déployé un talent, réel. — Lapito.... tou-
jours le même, arbres lourds sur fonds clairs,
— Langée. Peintre charmant qui doit empê-
cher M, Millet de dormir. Seulement, M.
Cinquième Année.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom , imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Arts. )> — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
Laugée est peut-être un peu monochrome,
mais, en revanche, quelle linesse! quel senti-
ment! quelle vérité! M. Laugée aime la
demi-teinte, le clair-obscur, et sait par là
donner aux chairs de ses jeunes filles ou de
ses jeunes femmes un je ne sais quoi de vivant
et de palpitant qui vous émeut. Il a exposé
La bouillie qui nous a rappelé celle de Millet
de hideuse mémoire. Ah! que nous voudrions
voir ces deux tableaux l'un à côté de l'autre.
— Lauters. Peint à l'huile comme s'il dessi-
nait au pastel. C'est superbe de dessin, c'est
faux de couleur. —Lays. Fleurs traitées avec
un sentiment exquis de l'harmonie des teintes.
—Léman. Molière et Louis XIV elle Jeu du Roi,
œuvres épisodiques traitées spirituellement,
à coup sûr, historiquement, dit-on; certes,
il faut une grande confiance en soi-même pour
se tirer d'affaire dans ces représentations
fastueuses, et nous louons sincèrement M.
Léman de s'en acquitter avec autant de succès,
mais ces grandes comédies nous laissent
froid et le roi-soleil ne parvient pas à nous
éblouir. Molière lui-même nous émeut peu.
D'où vient cela? Ne serait-ce pas que les ta-
bleaux de M. Léman ont le grand tort d'être
tellement vrais qu'ils sont faux comme l'épo-
que qu'ils reproduisent? — Léon. Ce peintre
hollandais a exposé une scène hébraïque,
Avant la bénédiction, qui est d'une peinture
très magistrale,—Léonard, Bonnes intentions,
coloris peu consistant, dessin négligé. — Le
Pas. Site près de Pepinster; très fin, très cha-
toyant, couleur sobre, fond charmant et dé-
tails très heureux. Ce peintre dont la manière
se modifie, prend une allure plus énergique
et plus naturelle. — Le Poittevin. Peinture
solide mais comprise dans un système qui a
vieilli, — Ligny. Paysagiste dont on parle