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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

]N0 21. Belgique. — 15 Novembue 1863. , Cinquième Année.

sommaire : A propos d'une brochure. — Correspon-
dances particulières : Bruxelles. ■—■ Autres correspondan-
ces. — Le concours de Home. —■ Un procès artistique au
XVIe siècle. — Nouvelles d'atelier. — Chronique.

A PROPOS D'UKE BROCHURE.

L'article XIV de notre libérale et sage Con-
stitution, donne à tout citoyen belge le droit
d'exprimer ses opinions en toute matière, et
afin qu'il ne puisse être apporté aucune
restriction à l'exercice de ce droit, l'art XVIII
vient proclamer encore la liberté absolue de
la presse. Certes ce sont là deux des plus
glorieuses prérogatives d'un peuple libre,
et l'individu qui chez nous, se croyant lésé
dans ses intérêts par l'Etat ou par le particu-
lier, garde le silence, non-seulement mécon-
naît ses intérêts personnels, mais peut, jus-
qu'à un certain point, être considéré comme
coupable aux yeux de la nation, car appe-
ler l'attention de qui de droit sur les abus,
c'est presque toujours provoquer une réforme
aux bénéfices de laquelle, tous, nous pou-
vons avoir part. Et, s'il est un cas où les ap-
pels à l'opinion publique auront surtout droit
à notre attention, ne sera-ce pas celui où se
faisant l'écho des réclamations d'une nom-
breuse et intéressante classe d'individus,
un écrivain viendra, devant nous, plaider leur
cause et revendiquer leurs droits qu'il croira
méconnus. C'est à ce titre que nous allons
consacrer quelques lignes à l'examen d'un t ra-
vail qui vient de voir le jour; il est intitulé :
La muse de l'antique cité de Piubens au public
artistique et traite de la manière dont le Gou-
vernement encourage les arts en général et
les artistes en particulier, surtout aux expo-
sitions de Bruxelles. La brochure compte
une quarantaine de pages et est signée : Du
Vallon, pseudonyme derrière lequel s'abrite,
croyons-nous, un artiste qui n'en est pas à
son début dans la littérature. Anversois d'é-
cole autant que de naissance, l'auteur n'a pas
circonscrit absolument la question aux chas-
tes limites du clocher et il faut lui savoir
gré de cette conduite, conforme d'ailleurs

à ses propres intérêts, car sa brochure en sera
plus répandue et tous les artistes seront
mieux à même de juger du plus ou moins de
fondement des griefs qu'il énumère. Ils sont
nombreux.

Résumons d'abord rapidement le travail de
M. Du Vallon. Il considère comme insuffisant
le nombre des médailles mises à la disposi-
tion du jury qu'il trouve trop exclusivement
composé d'artistes bruxellois à l'exclusion de
ses compatriotes, ce qui a pour résultat, à
ses yeux, de priver les artistes d'Anvers des
récompenses qui leur reviennent légitime-
ment. Afin d'éviter ces injustices, il propose
d'en faire disparaître la cause première et de
supprimer les médailles qu'il remplacerait
par un nombre indéfini de mentions hono-
rables. L'adoption de cette mesure serait
surtout utile en ce sens, que l'on éviterait de
décourager ceux qui s'étant posés en candidats
à la médaille, se verraient refuser cette dis-
tinction qui va gratifier un confrère plus heu-
reux, c'est-à-dire plus favorisé.

Ici commence un nouveau chapitre. L'au-
teur y prend l'artiste à ses débuts : il se fait
remarquer, il sepose en candidat à la médaille,
et, simple et peu au fait des intrigues d'anti-
chambre, il échoue et se résigne, espérant
qu'une autre fois, il trouvera un jury qui sera
enfin « impartial, juste et intègre à son
égard. » Il reparaît avec un nouveau coura-
ge, on n'a pas pu l'abattre! (sic), il est désigné
par l'opinion publique comme devant rece-
voir la médaille, et, cette fois encore, la voit
donner à un confrère mieux protégé et cepen-
dant « elle devait lui être acquise de droit, ce
fut-ce qu'en récompense de sa persistance. »
Ne la méritait-il pas déjà à une époque où,
son compétiteur ne songeait pas encore à
pouvoir entrer jamais en concurrence avec
lui? Enfin, trois nouvelles années s'écoulent
encore, l'artiste médaillé progresse, se mon-
tre digne de la croix et se pose en candidat
à la croix, d'après l'expression de M. Du
Vallon; son prédécesseur dans la carrière
qui, par son talent, devait pouvoir aspirer à
la même distinction, ne peut qu'aspirer de
nouveau à la médaille; mais de nouveaux
protégés ont surgi; ils l'emportent encore

sur lui et le voilà déçu dans ses espérances,
et cette fois à tout jamais. Ici commence le
chapitre III. L'artiste est découragé ou peu
s'en faut, — « il a trop travaillé, trop peu
courtisé » — il a travaillé six ou neuf ans
sans relâche pour la conquête de la médaille, et
aujourd'hui il regrette de n'avoir point fait
du réalisme qui l'aurait plus tôt mené à la
gloire ; il va trouver un marchand de tableaux
qui lui achète son œuvre après avoir exigé
qu'il la fasse figurer à une exposition quelcon-
que et ce, afin que lui, marchand, puisse la
céder avec un honnête bénéfice à la commis-
sion, qui croit traiter avec l'artiste lui-même.
Et cela arrive parfois au gouvernement qui,
dans l'intention d'encourager un artiste, grati-
fie un marchand !

Quant à la décoration, elle est presque
toujours obtenue par les artistes protégés à la
fois parles maîtres, la presse et les marchands
influents. Les plus méritants ne viennent
qu'en seconde ligne. Les ventes de tableaux
au gouvernement, les encouragements pécu-
niaires, surtout, seront pour ceux qui solli-
citeront le plus ; s'agit-il enfin de comman-
des? Là surtout l'intrigue l'emporte et le
gouvernement qui commande n'est pas tou-
jours sûr qu'en échange de ses deniers, on
lui donne une oeuvre originale. M. Du Vallon
voudrait voir exposer avec éclat les toiles
commandées par le gouvernement (et il a
raison), il voudrait aussi que des acquisitions
fussent faites pour les inusées, à Anvers et
à Gand autant qu'à Bruxelles, et croit enfin
que le gouvernement alloue à la peinture
murale des subsides trop élevés en propor-
tion de ceux qu'il accorde à la peinture d'his-
toire en tableaux. Ici l'auteur consacre un
nouveau chapitre à l'examen de la peinture
murale et à l'étude de son influence sur notre
école. Après quoi il termine en proposant
franchement ses réformes qui consisteraient:
1° à remplacer les médailles par des mentions
honorables; 2° à ce que tous les genres aient
une part égale aux récompenses; 5° il pro-
pose, afin d'empêcher les intrigues et l'esprit
de camaraderie d'influencer le jury, « qu'au
lieu d'être nommé par les artistes, il soit à
l'avenir composé, moitié de particuliers ama-
 
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