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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE 1*1. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

N° 11. Belgique. — 12 Juin 1863. Cinquième Année.

On s'abonne : à Anvers, chez Kornicker et Tessaro,
éditeurs; à Bruxelles , chez Decq et Moqiiardt; à Gand ,
chez Hoste ; à Liège, chez De Soer et Decq ; les autres vil-
les, cheztous les libraires. Pour l'Allemagne : R.YVeigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : VcRenouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus NïHOFF, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Bartuès et Lowell ,

14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an , 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne,
10 fr. — France, 11 i'r. — Hollande, 5 fl. •—Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. —Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 50 c. la ligne.

— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Eoom, imprimeur
à St. Nicolas, (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suseription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Joitr-
l des Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
tTages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

na

OIH

sommaire : Le rapport du jury pour le prix quin-
quennal de littérature française. ■— Correspondance par-
ticulière : Paris, l'exposition. ■— Entrefilet. — Prime
offerte aux sculpteurs de tous les pays. — Nouvelles d'ate-
lier. — Annonces.

LE RAPPORT DU JURY

POUR LE PRIX QUINQUENNAL DE LITTÉRATURE
FRANÇAISE.

Nous avons annoncé dans notre dernier
numéro que le jury chargé de décerner le prix
décennal de littérature française, pour la pé-
riode 18S3-62 (î), avait donné le prix de poé-
sie à M. Adolphe Mathieu et qu'il n'avait pas
décerné le prix de la prose. « Celte décision ,
ajoutions-nous, est reçue partout avec un
profond étonnement. »

Le rapport du jury qui a paru dans le
Moniteur du 4 Juin, n'a point fait cesser cet
étonnement. Pour notre part nous n'hésitons
Pas à déclarer que le pays n'accepte pas la
décision humiliante et implicite prise par le
jury et nous protestons énergiquement contre
la position faite à notre littérature nationale.

Faisons d'abord remarquer que le jury ne
décide pas en termes précis qu'il n'y a pas

(0 Ce jury se composait des membres suivants : Ed.

e'is, membre de l'académie royale de Belgique,

résident. — Considérant, professeur de belles-lettres
* 'école militaire. — Couvez, professeur de rhétorique
al athénée de Bruges. - Hallard, professeur de litté-
rature française à l'université de Louvain. — Fuerison,
Professeur de littérature française à l'université de Gand,

eçrélaire. — Stéchcr, professeur de littérature fran-
çaise à l'université de Liège. — Van Bemmel, profes-
seur de littérature française à l'université de Bruxelles,
Reporteur.

lieu de décerner le prix de la prose, il ne
souffle mot de ce jugement et môme, bien
plus, le silence qu'il garde à ce sujet amène,
contrairement à ses intentions, à des conclu-
sions diamétralement opposées à celles qu'il
a prises. Rien loin de chercher à constater
l'infériorité de notre situation littéraire sous
le rapport de la prose, il exalte cette situation
dans des termes dont nous allons avoir à nous
occuper. Etranges contradictions! le jury,
composé tout entier de prosateurs, couronne
la poésie et donne un brevet d'incapacité à
la prose dont il fait, du reste, un éloge pom-
peux ; d'une main il (latte, de l'autre il châtie;
il a ce caractère de ténébreuse affirmation et
de douteuse sollicitude si antipathique au ca-
ractère belge; on dirait qu'il a voulu, qu'on
nous passe la vulgarité de l'expression, mé-
nager la chèvre poétique et le chou prosaï-
que, sans obtenir aucun de ces deux résultats.

La Relgique depuis cinq ans, (pour rester
dans le véritable sens de l'institution des prix
quinquennaux) a produit de bons livres ou
n'en a pas produit. Toute la question est là, et
le jury désigné par la nation n'avait rien d'autre
à examiner. Il n'y a pas de milieu possible,
c'est oui ou non. Que fait le jury ? il dit oui et
non. Delà, toutes ses incertitudes, sa mollesse,
sa prudence, sa retraite. Il passe en revue les
prosateurs sérieux qui sont tous, selon lui, à
l'exception d'un seul, des hommes d'un grand
mérite ayant produit des travaux complets;
il passe au travers de la littérature dramati-
que et légère, en distribuant des sourires à
droite et à gauche, il n'accentue rien, il trou-
ve tout bon , et, lorsque par hasard il doit
d'une main verser une goutte de critique,
l'autre main la noie immédiatement dans un
flot de miel ; puis enfin il aboutit à cette con-

clusion aussi illogique qu'inattendue et que
l'on aurait le droit de qualifier plus sévère-
ment.

«... N'est-ce pas en ce moment surtout où
l'avenir semble s'ouvrir tranquille et radieux
pour notre littérature nationale, qu'il est de
notre devoir de payer un tribut de reconnais-
sance aux hommes qui nous ont précédés et
guidés dans la carrière, à ceux qui ne se sont
laissé ni arrêter ni décourager par les pré-
ventions et les injustices? »

On doit s'attendre à un résultat final que
les plus simples lois de la logique et de la
rhétorique réclament, et on voit déjà les hom-
mes qui nous ont précédés et guidés dans le
carrière recevoir le tribut de reconnaissance
auquelsils ont droit, on prévoit une dette ac-
quittée loyalement, point. M. Adolphe Ma-
thieu est seul jugé digne d'une couronne;
quant aux prosateurs... le devoir du jury ne
lui a rien soufflé au cœur!

Quelles amères oppositions! Quoi donc!
un tribut à ceux qui dans le passé ne se sont
pas laissé décourager par les préventions et
l'injustice, puis une conclusion tacite d'une
sévérité capable de décourager à jamais notre
phalange littéraire. Nous disons tacite car
nous croyons devoir faire remarquer une fois
de plus que le rapport n'a pas osé déclarer
franchement qu'aucune oeuvre n'était digne
du prix.

C'est profondément triste, c'est plus triste
encore lorsque l'on regarde les noms placés
au bas du rapport, ces noms aimés et consi-
dérés que voilà réunis dans une même œuvre,
pâle, décolorée, guindée, sans opinion à
force de prudence, sans caractère à force de
ménagements et que rien ne sauve, pas même
la logique.
 
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